Saturday, July 20, 2013

La salive ouvre de nouvelles pistes pour soigner le diabète et le cancer

A quoi sert la salive ?

Pour conserver des dents saines, la salive est un indispensable rempart naturel. Malheureusement, durant le sommeil nous ne produisons pratiquement plus de salive, et le nettoyage naturel des dents n’a plus lieu. Mais en dehors de cela, quel est exactement le rôle de la salive ?
Sa première fonction, c’est de faire une lubrification du bol alimentaire, de faciliter son ingestion et la mastication. D’opérer déjà, une pré digestion de certaines substances. Ensuite elle protège les dents parce qu’elle est chargée d’éléments minéraux.
Pour Hervé Caron, chirurgien dentiste à Paris, elle peut même guérir les caries. « On commence à s’apercevoir que la salive peut arriver à reminéraliser certaines caries débutantes. A partir du moment ou on a bien nettoyé et si on favorise une sécrétion salivaire abondante, certaines caries peuvent être arrêtées. »
Cependant la sécrétion salivaire peut être menacée par certains médicaments comme les antidépresseurs, par certaines atteintes des glandes salivaires, des traitements comme la radiothérapie à partir du moment où elle se fait au niveau de la sphère cervico-faciale.
Plus tard – et là c’est inéluctable… – le vieillissement rendra les glandes salivaires paresseuses. Apparaîtront alors des problèmes de sécheresse buccale, qui pourront être aggravés par le vieillissement naturel des dents. 
 Mais cependant la salive possède d'autres fonctions ...

La salive pour soigner le diabète

Une étude met en évidence le rôle d'une enzyme de la salive dans la régulation du taux de glucose dans le sang. Une découverte qui pourrait fournir des clés dans le traitement du diabète.
Nous pensions avoir percé tous les secrets de l'amylase. Cette enzyme salivaire est connue depuis deux siècles pour son rôle dans la digestion de l'amidon, un sucre complexe qui en tant que principal nutriment des féculents et céréales, constitue une des bases de l'alimentation occidentale.
Pourtant, les chercheurs de l'institut Monell à Philadelphie ont récemment mis en évidence le rôle jusque là insoupçonné de l'amylase dans la régulation du taux de glucose dans le sang (glycémie), via l'insuline. Cette hormone, produite par le pancréas, permet l'absorption du glucose par les cellules musculaires et graisseuses et maintient ainsi la glycémie en deçà d'un seuil dangereux pour l'organisme.
L'équipe, dont les résultats ont été publiés dans le Journal of Nutrition, a étudié la réaction de deux groupes d'adultes en bonne santé, ayant respectivement un fort et un faible taux d'amylase dans la salive, à l'ingestion d'une solution d'amidon. Les chercheurs ont observé chez les patients richement dotés en amylase une glycémie plus stable et plus basse que chez les autres, dans les deux heures suivant la prise d'amidon.

Facteur génétique

«Ce résultat peut surprendre, car l'amylase était connue jusque-là pour casser la chaîne d'amidon, afin de faciliter le passage de ces maillons de glucose dans le sang, constate le professeur Michel Krempf, diabétologue à Nantes. Pourtant, l'étude montre que durant les neuf premières minutes suivant l'ingestion de l'amidon, le groupe riche en amylase produit sensiblement plus d'insuline que le second. Ces résultats vont dans le sens d'un lien entre la production d'insuline au niveau du pancréas et le contact entre l'amidon et l'amylase au niveau de la bouche, dont le mécanisme reste à élucider».
Ce rétrocontrôle de l'amylase sur l'insuline n'est constaté que chez les individus ayant beaucoup d'amylase. Le taux de l'enzyme varie sensiblement d'une personne à l'autre, en fonction de facteurs génétiques. Abigail Mandel, principal auteur de l'étude, en déduit que «deux individus peuvent avoir des réponses glycémiques très différentes à une même ingestion d'amidon. Les personnes ayant un fort taux d'amylase sont plus aptes à manger de l'amidon.» A l'inverse, un régime riche en féculents et céréales ferait courir aux perdants de cette loterie génétique un risque plus grand de développer une résistance à l'insuline, conduisant à l'augmentation de la glycémie, qui au-delà de 1,1 gramme est le signe sans appel d'un diabète.
Doit-on dès lors s'interdire de saliver sur un plat de pâte si notre amylase s'avère peu active? «Pas dans l'immédiat, estime Léopold Tchiakpe, professeur de nutrition à Marseille. Ces résultats sont intéressants, mais l'extrapolation de cette étude théorique à la pathologie diabétique semble prématurée. De plus amples investigations, notamment du côté de patients pré-diabétiques et diabétiques, seront sans doute nécessaires pour confirmer ces travaux». Pour l'heure, l'équipe américaine entend se concentrer sur l'identification des mécanismes qui connectent amylase et insuline.

Par figaro iconMarie-Noëlle Delaby du Figaro





La salive de la tique pourrait guérir certains cancers

La tique ne transmet pas que des maladies infectieuses: sa salive contient aussi une protéine qui pourrait guérir les cancers de la peau, du foie et du pancréas, à en croire des chercheurs brésiliens.

En étudiant un spécimen sud-américain de ce parasite suceur de sang, l'Amblyomma cajennense, ils ont découvert que cette protéine détruit les cellules cancéreuses, tout en épargnant les cellules saines. 


«C'est une découverte majeure», estime la directrice de cette étude, Ana Marisa Chudzinski-Tavassi, chercheuse en biologie moléculaire à l'Institut Butantan de Sao Paulo. 


«La substance contenue dans la salive de cette tique... pourrait être le remède contre le cancer», a-t-elle déclaré à l'AFP.La chercheuse raconte avoir découvert par hasard les vertus de cette protéine, baptisée Facteur X actif, en testant les propriétés anti-coagulantes de la salive de la tique, qui permettent au parasite de se gaver du sang des animaux ou des êtres humains auxquels elle s'attaque.


La protéine présente des caractéristiques communes avec un anti-coagulant répandu baptisé TFPI, ou inhibiteur de type Kunitz, qui agit également sur la croissance des cellules. Des tests en laboratoire ont ensuite été menées pour voir si la protéine produisait des effets sur les cellules cancéreuse et leurs résultats ont dépassé toutes les attentes des chercheurs.
«A notre grande surprise, elle n'a pas tué les cellules saines, qui ont aussi été testées», se félicite Mme Chudzinski-Tavassi. 


«Mais elle a tué les cellules cancéreuses qui ont été analysées».
Dans son modeste laboratoire de l'institut, aux murs décrépis, la chercheuse recueille la salive des tiques en plaçant des pailles sous leurs têtes.
Les quelques gouttes ainsi collectées sont ensuite reproduites dans des cuves à levure pour procéder à des tests sur des rats de laboratoire cancéreux. 
Les résultats sont plus que prometteurs.«Si je traite quotidiennement une petite tumeur d'un animal pendant 14 jours, cette tumeurs ne se développe pas et même, elle diminue. La masse de la tumeur diminue. 


Et si vous la traitez pendant 42 jours, la tumeur disparaît complètement», explique la chercheuse.Pour produire un médicament, il faudra cependant des années de test cliniques et de gros investissements, deux choses que le Brésil ne peut pas fournir à l'heure actuelle.«Faire une découverte est une chose. 
La transformer en médicament en est une autre totalement différente», regrette Mme Chudzinski-Tavassi.

En attend, elle a déposé une demande de brevet pour la protéine de cette tique et sillonne le monde pour présenter sa découverte, qui a également fait l'objet de publications dans des revues médicales.

Marc Burleigh
Agence France-Presse
Sao Paulo

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