Friday, June 28, 2013

Histoire d'Andohalo






ANDOHALO figure parmi les lieux les plus importants de la haute ville mais également pour la cité des mille, depuis  les époques de la royauté jusqu’au commencement de la République malagasy.
Situation géographique :
Andohalo, situé dans le 2ème arrondissement dans la ville d’Antananarivo. Ce quartier, à environ 1300 mètres d’altitude, fut un grand quartier historique qui est aussi la plateforme intermédiaire entre la ville basse et la ville haute d’Antananarivo.
Toponymie :
Les noms des lieux et/ou des quartiers et de la ville de la capitale et ceux partout dans la grande île se rapportaient souvent aux contextes qui se trouvaient sur cette place.  Les Malagasy d’hier, en observant le milieu, lui donnèrent un nom suivant les composantes biologiques et écologique de ce milieu, ou par rapport aux faits et histoires qui s’y déroulaient.
Pour Andohalo ; on a trois (3) hypothèses  quant à l’origine de son appellation :
  • Andohalohasaha (tête de vallée) ;
  • Andohalomasina (au saint vallon);
  • Andohaloharano (là où coule la source)
En tous cas, les trois concordent avec le relief de la place.
Histoire :
Andohalo, fut autrefois avec Mahamasina l’une de deux places consacrées aux grandes manifestations publiques.
La place d’Andohalo que nous fréquentons aujourd’hui fut un site royal archaïque, du temps du Roi Andrianjaka (vers 1610). Vers la fin du XVIIe siècle-début du XVIIIe, du temps d’Andriamasinavalona, la place d’Andohalo fut le marché public mais aussi le lieu de communication entre les autorités et le peuple. Le marché s’y tenait quotidiennement.


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Il était un endroit de divertissement et de réunions.


Andohalo, entre la ville haute et la ville basse, la place  était un lieu de passage très fréquenté. Un marché s’y tenait quotidiennement et les flâneurs venaient nombreux sur ce forum échanger des nouvelles ou regarder passer les grands du royaume (rois-reines…) se rendant au palais.

En fait, la place d’Andohalo a été consacrée à diverses activités du temps de la Royauté. C’était le lieu où se sont déroulés les cérémonies de couronnement des souverains, les Kabary, les « fandroana » ou bain royal. Le couronnement du fils héritier d’Andrianampoinimerina (1787-1810), celui de Radama Ier ainsi que les reines Ranavalona Ière (1828-1861), Rasoherina (1863-1868), Ranavalona II (1868-1883) et Ranavalona III (1883-1896) se sont déroulés sur cette place d’Andohalo.
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Kabary de RANAVALONA III lors de son sacre le 3 septembre 1868


Au centre de la place se trouvait la pierre sacrée aujourd’hui disparue, sur laquelle on présentait le souverain. La montée sur la pierre symbolisait  que le souverain détenait  les pleins pouvoir et que c’était lui qui était l’héritier du trône. Nulle autre personne ne pouvait y monter.
[…Fomba fanao ny andriana miseho: eo Andohalo no toerana isehoan’ny andriana. Mitaingina ambony filanjana volamena izy; misatroka satro-boninahitra; mielo mena: famantarana azy ho mpanjaka ireo rehetra ireo. Mankeo amin’ny vatomasiana ny mpanjaka; famantarana fa izy no mandova ny fanjakana. Vatomasina: vato maha andriana.
Andohalomasina: 1- toerana fifanomezan-toky; ny mpanjaka mba hahay hitondra ny ambanilanitra (vahoaka); ny vahoaka kosa hanoa ny andriamanjaka.
2- famoahana ny didim-panjakana hitondrana sy hahasoa ny tany sy ny fanjakana. Rehefa mivoaka ny rova ny mpanjaka dia mandalo eo Andohalomasina; mitaingina ny vatomasina dia mihoby ny vahoaka sy manatoa ny andriana. Nony miverina hody any an-drova, ka tonga eo Andohalo izy, dia mitaingina ny vatomasina indray, vao miakatra any an-drova.]
Pendant l’occupation française de Madagascar, cette place qui avait connu tant de fastes royaux devint un jardin public et avait reçu le nom de square Jean LABORDE. Des arbres furent plantés, des pelouses aménagées. La musique du gouvernement général y donnait des concerts trois fois par semaine dans un kiosque à musique « style 1900 »


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Square Jean LABORDE


Aussi, la proclamation de la naissance de la première république de Madagascar a eu lieu sur cette place d’Andohalo, le 14 Octobre 1958. Vers le haut du square, a été élevé un monument commémoratif. Une stèle de granit portant la devise nationale « liberté ; patrie ; progrès ».



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  Stèle de commémoration de la naissance de la république malagasy




Les édifices civils et religieux qui entourent Andohalo :
Pendant une vingtaine d’années, Andohalo fut très animé par les fonctionnaires coloniaux et les militaires français. Les bureaux administratifs et de la garnison s’installaient dans des bâtiments cossus autour de la place. Andohalo devenait peu à peu le quartier paisible et résidentiel que nous connaissons aujourd’hui. On peut y trouver des écoles des églises… :
    • Le lycée d’Andohalo : Construit en 1909, il fut d’abord le collège CONDORCET (penseur français du 18ème siècle, siècle des Lumières), puis le lycée GALLIENI (pendant longtemps réservé aux garçons), pour être rebaptisé en malgache au nom du quartier : Andohalo. Pendant un certain temps, la noblesse et la bourgeoisie malgache d’Antananarivo, reprocheront au lycée, avec ses bâtiments imposants dominant la ville, d’être le symbole d’une politique de l’enseignement inspirée par les colons.


    • La première rue de la ville haute : Devant le Rova, la rue qui descend jusqu’à Andohalo est le premier tronçon de la première rue de la ville haute. Elle fut réalisée en 1888 probablement par l’ingénieur BOOTS, et suivait la ligne de crête de la colline. Autrefois, les déplacements s’effectuaient à travers des sentiers escarpés et étroits, creusés très souvent par l’eau de pluies, à pied, à cheval ou en « filanjana ».

    • La résidence de Jean LABORDE : De retour à la Place d’Andohalo, nous faisons connaissance avec quelques bâtiments intéressants, dont la Maison de Laborde. Lors de sa première construction, de la large véranda pavée de pierre, on dispose d’une vue étonnante sur la plaine nord –ouest du Betsimitatatra. Lors de l’exil de Jean LABORDE, ordonné par la reine, la maison fut brûlée, puis reconstruite à l’identique à son retour vers 1862. Depuis, elle a subi de nombreuses rénovations, dont la dernière, en 1985, a été effectuée par la coopération française qui l’occupe aujourd’hui.

    • Maison d’hôtes de Jean Laborde : Surmontée d’un campanile- belvédère, cette maison de pierre fut construite vers 1870. Jean Laborde, devenu Consul de France, n’était pas moins un Attendant protocolaire au service de la Reine et recevait les visiteurs officiels étrangers. Le nom de sa maison d’hôtes fut Maromiditra, qui signifiait « beaucoup de visiteurs ». Le bâtiment se trouve actuellement en face, un peu plus haut, de la Maison Jean Laborde, presque derrière l’enceinte de la Cathédrale.

    • Le bureau de Développement d’Antananarivo (BDA) : Au coin de la rue, à l’opposé de la Paroisse internationale francophone, le BDA a des nombreux documents sur l’Héritage architectural de la Haute Ville. A sa création en 1990, il s’appelait Département Municipal de l’Héritage Historique d’Antananarivo. Depuis, plusieurs coopérants français, architectes et urbanistes, y ont travaillé.


    • La Cathédrale de l’Immaculée Conception d’Andohalo : La Cathédrale catholique est édifiée à l’emplacement d’une première chapelle de bois et de chaume. Le Père Alphonse TAIX a conçu l’édifice dont la consécration eut lieu en 1890. Un malheureux incident lors de sa construction : un Frère ouvrier de nom de LABORDE fit une chute mortelle des trente mètres de la tour ouest. Le Pape Jean Paul II y a tenu une messe en 1989 et a annoncé la béatification de Victoire Rasoamanarivo, officialisée en Août 1993 par le Vatican. Les effigies des deux personnages se trouvent sur la devanture de la cathédrale. Devant la Cathédrale, le tombeau commémoratif du martyre de Victoire RASOAMANARIVO est sous un autel qui sert de lieu de recueillement pour les croyants.
Du parvis de la Cathédrale, un escalier, « tohatohabato RAZAFINDRAZAY », de 420 marches, permet de rejoindre Mahamasina, cent mètre plus bas. Le passage fut ouvert en 1881 pour faciliter l’accès aux ateliers des Pères (lycée Saint-Michel).

Le quartier d’Andohalo recèle une grande partie de l’Histoire  de la cité des mille depuis les temps royaux ; de la colonisation à la déclaration de la république malagasy qui avait vu le jour le 14 octobre 1958. La place Andohalo était à la fois un lieu d’échange (s) ; de communication mais également un lieu de détente et de rencontre. Et ces situations, avec les aménagements et les infrastructures qui s’y trouvent actuellement, sont toujours en perpétuelles continuation. Cependant, pour pérenniser celles-ci et pour revaloriser ce place symbolique avec des importances politiques ; économiques et sociaux, il faudrait accroitre et renforcer les activités locales tout en gardant les valeurs culturelles, Historiques ; sociales … de la place d’Andohalo.

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Source IMV
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