Monday, July 16, 2012

Madagascar:« Tavy » dans l’Atsimo Andrefana : 31.000ha de la forêt de Ranobe, partis en fumée en une décennie

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Lundi, 16 Juillet 2012 
La culture sur brûlis détruit des milliers d’hectares chaque année. Les conséquences ne sont pas moindres, car outre les sérieux dommages sur l’environnement, cette pratique agricole, menace également le niveau de vie de la population.
Au-delà des statistiques, c’est maintenant une menace sérieuse qui pèse sur la population de l’Atsimo Andrefana où en une décennie, de 2000 à 2011, rien que dans la grande forêt dans l’aire protégée de Ranobe-PK32, au nord de Toliara, 31.000 ha, l’équivalent de plus de 28.700 terrains de football, sont partis en fumée à cause du « hatsake », l’autre nom du « tavy » ou culture sur brûlis. Les adeptes du tavy sacrifient les forêts pour la culture, mais la période d’exploitation d’une terre ainsi brûlée, est fortement limitée. Elle ne permet non plus la régénération de la forêt. D’où les sérieuses répercussions sur l’ensemble des populations avoisinantes, car elles puisent dans la forêt des ressources essentielles tels le bois d’œuvre, la nourriture animale, les plantes médicinales, les fruits, le gibier, le miel, sans oublier le bois pour la fabrication de pirogues, les populations de villages entiers dans cette partie de l’île, vivant de la pêche. Cette activité se retrouve également menacée en raison de la destruction des forêts. « Lorsque ces forêts sont éliminées par le hatsake, la terre fertile est  emportée par l’eau de pluie vers les cours d’eau,  un endroit où elle ne sert à rien sauf à créer des dégâts », souligne Xavier Vincke, responsable projet Surveillance aérienne des aires protégées du WWF dans la région de Toliara. En effet, la boue déversée par les cours d’eau se dépose sur les récifs de corail, privés ainsi de lumière. Les espèces qui en dépendent s’en retrouvent en extinction, menaçant l’avenir des pêcheurs.
Photos aériennes. Ainsi, l’économie, la sécurité alimentaire, la vie sociale et culturelle de la population de cette région dépendent en grande partie des forêts. S’agissant d’une aire protégée, l’exploitation des ressources forestières y est autorisée, dès lors que l’engagement d’une gestion durable est respecté. Malheureusement, elles sont de plus en plus menacées. Afin d’essayer de limiter les dégâts, le WWF a mis en place, en partenariat avec Aviation sans Frontières de Belgique et le Système des Aires Protégées de Madagascar, un système de surveillance aérienne des aires protégées, permettant d’intervenir rapidement sur les sites d’agriculture sur brûlis. Par ailleurs, des photographies géantes ainsi prises ont été présentées à Toliara lors d’une exposition et ont permis de conscientiser la population sur l’imminence de la destruction des forêts de Ranobe-PK32. Celle-ci ont perdu plus du tiers de leur superficie, passée de 88.000ha à 57.000ha. Et les défricheurs continuent toujours de s’y installer. En 2010, plus de 300 nouveaux sites de cultures sur brûlis y ont été localisés. L’un d’entre eux faisait plus de 200ha…
Hanitra R.

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