Sunday, May 20, 2012

Combien d’eau y a-t-il sur Terre ?

L'infographie est parlante. Il faut imaginer qu'un puissant sorcier a, grâce à un maléfice habile, siphonné toute l'eau présente sur Terre et l'a réunie dans une sphère, un petit satellite liquide posé sur notre globe soudain asséché. D'un coup d'un seul, notre planète bleue est devenue brune et il y a comme une surprise à voir les océans, mers, lacs, calottes polaires, rivières et glaciers, qui recouvrent en temps normal plus de 70 % des 510 millions de km2 que compte la Terre, se résumer à un cochonnet de seulement 1 385 km de diamètre, soit à peu près la distance qui sépare Paris d'Alger à vol d'oiseau.
L'eau sur Terre est un peu comme une feuille de papier cadeau recouvrant une boule de bowling. Depuis l'espace on ne voit presque qu'elle, elle donne sa couleur à notre planète mais ne représente qu'une minuscule fraction (0,023 %) de sa masse. Combien y en a-t-il exactement ? Si l'on revient à notre image, cette bulle contient 1,386 milliard de km3 d'H20. Comment se répartit-elle ? Les plus gros fournisseurs, et de loin, sont évidemment les océans et les mers, avec 1,338 milliard de km3. Ils arrivent loin devant deux quasi ex-aequo (environ 24 millions de km3 chacun) : les calottes polaires (Groenland et Antarctique), glaciers et neiges éternelles d'un côté, l'eau contenue dans le sous-sol et dans la croûte terrestre de l'autre. Les miettes qui restent reviennent, dans l'ordre décroissant, aux glaces du pergélisol, aux lacs, à l'humidité des sols, à l'atmosphère, aux marais, aux cours d'eau et, enfin, à toute cette eau si importante pour nous, celle qui est prisonnière des organismes vivants, celle sans qui vous et moi ne serions que des momies. On estime que toute la vie terrestre regroupe un peu plus de 1 100 km3 de cette eau dite biologique.
A lire cette longue énumération, on s'est sans doute aperçu que l'eau douce ne représente qu'une part minoritaire du total : environ 35 millions de km3. C'est la perle à droite du cochonnet sur la carte ci-dessous. Mais, dans cette petite portion, la plus grande partie de l'eau est hors d'atteinte des êtres vivants, soit parce qu'elle est congelée dans les inlandsis, soit parce qu'elle est enfouie dans les entrailles de la Terre. Si l'on ne prend en considération que l'eau facile d'accès, celle que l'on trouve dans les lacs non salés, les marais, les fleuves et les rivières, il ne reste plus grand chose. Avez-vous repéré le petit point bleu sur cette deuxième infographie, sous la perle dont je viens de parler ?
 
Cette tête d'épingle a moins de 60 km de diamètre. Elle contient toute l'eau douce aisément disponible pour la vie terrestre. C'est dans cette minuscule réserve que 7 milliards d'hommes puisent pour boire, irriguer leurs cultures, abreuver leurs animaux d'élevage, faire tourner leurs usines, alimenter leurs centrales électriques, etc. Et, si on met Homo sapiens de côté, quantité d'autres organismes vivants en dépendent aussi. C'est en voyant ce genre d'image que l'on s'aperçoit mieux, qu'entre la sécheresse et nous il n'y a presque rien. Que l'eau est plus rare qu'il n'y paraît. Parce que la Terre est une brune qui se teint en bleu.

La vulnérabilité de la corne de l'Afrique.

Réchauffement climatique et conséquence d'un courant marin sont les deux principales raisons avancées par les scientifiques pour expliquer le phénomène.

Une sécheresse frappe 12 millions de personnes dans la Corne de l'Afrique, la pire depuis 60 ans selon les Nations unies. En Somalie deux régions du sud ont été déclarées en état de famine. Les scientifiques ne savent pas encore exactement quelles sont les causes exactes de cette sécheresse, mais avancent deux éléments d'explication.
El Niño assèche la corne de l'Afrique depuis 10 ans
La Corne de l'Afrique est une zone aride et sèche naturellement. La température ne descend pas en dessous de 23 degrés la nuit et peut monter au delà de 40 degrés. D'avril à août, les terres sont habituellement irriguées par la saison des pluies. «Depuis 10 ans, explique Pascal Scaviner, responsable de la prospective à Météo Consult, ces pluies sont de moins en moins importantes, le sol retient donc moins l'humidité et les nappes phréatiques se remplissent moins chaque année».
Pascal Scaviner estime que cet assèchement est en partie du à El Niño, un courant chaud venu de l'océan Indien. El Niño possède une double influence sur la Corne de l'Afrique. Dans un premier temps, il réchauffe l'océan Indien, et «plus l'océan est chaud, moins il y a d'évaporation, poursuit le météorologue. Moins d'évaporation signifie moins de pluie.»
Dans un second temps, El Niño réchauffe anormalement l'océan Pacifique d'avril à juin. «Le climat est un jeu de pousse-pousse, explique Hervé le Treut, climatologue au CNRS. Ce courant d'air chaud bouleverse le mouvement naturel des masses d'air. Tout bouleversement des masses d'air est un risque de dérèglement pour les zones sensibles comme la Corne de l'Afrique». Ici, ce dérèglement se traduit par une absence de précipitation.
•Le réchauffement climatique se fait sentir
Pour Hervé le Treut, le réchauffement climatique peut contribuer a modifier le climat dans cette région. «Depuis 20 ans, la température des océans augmente, et les océans ont une forte influence sur les climats tropicaux», explique le chercheur. «Nous savons que, de manière générale, si nous produisons des gaz à effet de serre les risques de sécheresse augmentent dans les zones semi-arides comme la corne de l'Afrique», poursuit-il. Pour les scientifiques, la Corne de l'Afrique est un terrain d'observation complexe : très peu de données sont collectées par des laboratoires locaux. Une chose est sûre cependant : «Si nous ne pouvons pas savoir à 100% si la sécheresse est due au réchauffement climatique, nous savons que ce type de sécheresse est un exemple de situations qui deviendront plus fréquentes si le réchauffement se poursuit.»
•La pluie va-t-elle revenir ?
«La tendance est favorable à l'arrivée des pluies, note le prévisionniste de Meteo Consult. C'est normalement la saison». Ces pluies, orageuses pour la plupart , devraient surtout concerner l'Éthiopie et le Kenya. En Somalie, de très faibles pluies sont attendues au sud du pays.

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