Monday, March 12, 2012

Océan Indien: Les Seychelles ne sont plus le paradis des tortues et perroquets



Orages de plus en plus violents, longues saisons sèches : les Seychelles n’ont plus rien de paradisiaque pour plusieurs espèces rares, comme la tortue géante, menacées par le dérèglement climatique, mettent en garde les experts.

"Les saisons tendent à se confondre. Il y a davantage de pluie, mais de façon plus intense, et de plus longues saison sèches. Le climat bouleverse les modes d’alimentation et de reproduction" de nombreux animaux, s’inquiète Rolph Payet, spécialiste seychellois des questions climatiques.

Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a accordé cette année 8,7 millions de dollars (6,6 M EUR) pour aider les Seychelles à s’adapter aux changements climatiques.

Une partie de l’enveloppe doit permettre à la population seychelloise — 85.000 habitants répartis sur cet archipel de 115 îles — de mieux faire face aux sécheresses récurrentes. Mais le reste doit permettre d’aider, aussi, les animaux.

"Il y a ici toute une série d’animaux en danger, depuis des espèces rares de tortues qui viennent pondre sur nos plages, jusqu’aux crapauds des montagnes et à certains oiseaux comme le perroquet noir, une espèce endémique aux Seychelles", relève M. Payet.

Sur l’atoll d’Aldabra, un site classé par l’Unesco situé à plus de 1.100 km de la principale île des Seychelles, Mahé, plus de 100.000 tortues géantes Aldabra profitent, immobiles, du soleil.

La tortue Aldabra, une des plus grosses au monde, est menacée d’extinction selon l’Union internationale pour la conservation de la nature, un risque accru par les dérèglements climatiques.

"Le changement climatique provoque une multiplication des orages, des marées plus fortes, autant de phénomènes qui érodent nos côtes. Le réchauffement de la mer détruit également les barrières de corail, qui assurent de la nourriture aux poissons mais qui protègent également les côtes des vagues", relève M. Payet. L’atoll d’Aldabra ne s’élève que de quelques mètres au dessus du niveau des eaux turquoises de l’Océan indien, au risque qu’il soit un jour submergé, et avec lui les tortues qui y trouvent aujourd’hui refuge.

"Il n’y a pas que les tortues Aldabra qui soient en péril", ajoute David Rowat, de l’association de protection de la vie marine des Seychelles, qui mène un programme de marquage et de suivi d’une autre espèce de tortues, les Hawksbill, sur les plages de Mahé. "On chasse depuis toujours les tortues Hawksbill pour faire des bijoux à partir de leur carapace. Elles ne sont pas nombreuses, mais leur population ici est la cinquième plus importante au monde, et nous devons les protéger", plaide M. Rowat.

Or le changement climatique ajoute un nouveau danger pour cette tortue, qui a la particularité de ne donner naissance en grande majorité qu’à des femelles si les oeufs sont trop exposés au soleil, menaçant ainsi la reproduction de l’espèce.

"Le réchauffement entraîne également une fréquence accrue d’orages violents. Les tortues pondent dans le sable, mais un orage particulièrement puissant peut emporter tout un pan de sable, et avec lui une portée entière de tortues", relève M. Rowat. "Nous plaçons les oeufs que nous trouvons au dessus du niveau de la marée haute, mais cela ne suffit pas forcèment à les protéger en cas de brusque montée des eaux", ajoute-t-il.

Les subventions onusiennes devraient permettre des solutions à plus long terme. "Parmi les pistes auxquelles nous pensons, figurent l’érection de poteaux de bois pour protéger la côte, la plantation d’arbres pour lutter contre l’érosion, la réimplantation de corail, ou la transplantation d’un corail plus résistant", énumère M. Payet.

La Fondation des îles des Seychelles veille pour sa part à la protection d’espèces rares dans la Vallée de Mai, un parc national sur l’île Praslin qui abrite entre autres l’oiseau Bulbul, le renard volant à tête grise, une espèce rare de chauve-souris, ou encore le gecko des Seychelles. Au dessus des palmiers volent des perroquets noirs. "On ne les trouvent que sur l’île de Praslin. C’est un oiseau splendide, mais il est également menacé car le bouleversement des saisons peut amener à une raréfaction de sa nourriture", relève M. Payet.

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