Friday, February 24, 2012

Pauvreté en Afrique: Madagascar enregistre le taux le plus élevé


Décidément, les Malagasy sont dans un gouffre sans fond en matière de pauvreté. Avec 77% de ménages pauvres, ils enregistrent le taux le plus élevé en Afrique selon les Indicateurs mondiaux de développement (IMD 2011). Ce niveau élevé de la pauvreté débouche sur un problème d’équité sociale assorti d’une grande différence entre les régions et entre milieu rural et milieu urbain. Il faut aussi voir que ce problème se traduit par une grande différence entre les revenus des pauvres et des riches.

Il n’y a qu’à voir déambuler dans la capitale les Hummer et autres 4x4 rutilants dont le prix approche les 200 millions Ar ou 1 milliard de Fmg. Et quand ces voitures sont bloquées dans la circulation à Analakely, les innombrables mains tendues des gamins mendiants n’osent pas s’aventurer jusqu’aux vitres de ces véhicules trop rutilants pour leurs guenilles. La crise aggrave l’appauvrissement des Malagasy déjà entretenu par les régimes successifs. Même sous le régime soi-disant florissant de Ravalomanana, le taux de pauvreté était toujours proche des 70%, soit plus précisément 68,7% en 2005 d’après l’Enquête périodique auprès des ménages (EPM). La mauvaise gouvernance du pays en est la principale raison, une mauvaise gouvernance que les bailleurs de fonds feignent de ne pas voir en temps de paix.
Ces derniers s’empressent seulement à critiquer le mode de conduite des affaires nationales des dirigeantes lorsque rien ne va plus. C’était le cas en 2008 quand ils ont coupé les vivres au gouvernement en décidant la suspension de l’aide budgétaire en décembre 2008, soit à la veille de la démission de Ravalomanana et de la crise qui s’ensuit.

Quant aux gouvernants, le système politique mis en place depuis l’indépendance favorise la mauvaise gouvernance. Ce système comprend notamment la concentration du pouvoir entre les mains du président de la république, le système néo-patrimonial basé sur des réseaux d’élites familiales organisés autour de la collecte et du partage des rentes. Il n’y a qu’à voir ce qui se passe à la Banque centrale : les employés y sont issus d’une dizaine de familles de la capitale. Les trafics de bois de rose aussi engraissent des gens dont la plupart tournent dans la sphère de la classe dirigeante… Dernièrement aussi, l’on sait qu’au lieu de payer les arriérés de la Jirama vis-à-vis de ses fournisseurs privés d’électricité, l’Etat a décidé de louer un groupe mobile. En fait, ce groupe a été acheminé au pays sous l’influence d’un multimilliardaire également proche du pouvoir.

Y a-t-il des commissions occultes derrière cette location ? La question mérite d’être posée car aucune clause du contrat de location n’a été rendue publique jusqu’ici. Il faut pourtant savoir que depuis 2009, les contribuables malagasy sont les seuls à subvenir aux besoins de l’Etat et ont le droit de savoir comment l’Etat dépense leur argent. Bref, si Marc Ravalomanana a excellé dans la confusion des affaires du pays avec les siennes, le même problème tend à revenir sous le régime actuel. Mais cette fois-ci, les élites du monde économique évoluant autour de la présidence jouent le rôle le plus important.

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