Tuesday, February 14, 2012

Biens mal acquis : perquisition chez le fils du président de Guinée équatoriale

Le fils du président, Theodorin Obiang Nguema, avec l'équipe nationale de Guinée équatoriale.


Une perquisition a été menée, mardi 14 février, dans l'appartement du fils du président de Guinée équatoriale, Teodoro Obiang Nguema, dans les quartiers chics de Paris, rebondissement spectaculaire de l'affaire dite des biens mal acquis par des chefs d'Etat africains.

Teodoro Obiang était apparemment absent de cet immense appartement situé sur la très chic avenue Foch, dans le 16e arrondissement de Paris. En juillet 2011, Libération avait décrit une propriété de 2 185 m2 s'étendant sur six étages et des dizaines de pièces.

Conduite par les deux juges d'instruction chargés du dossier et les policiers de l'Office central pour la répression de la grande délinquance financière (OCRGDF), la perquisition s'est déroulée malgré des oppositions sur place, certains occupants invoquant l'immunité diplomatique.

"ATTEINTE AUX PRINCIPES DIPLOMATIQUES"

"Cet immeuble appartient à l'Etat équato-guinéen et non à la présidence", a protesté sur place l'avocat de la Guinée équatoriale, Me Olivier Pardo, précisant que ce changement de propriété était intervenu en octobre. "Je suis venu protester de la façon la plus vive car nous considérons qu'il s'agit du territoire de la Guinée équatoriale par le principe de souveraineté. C'est une mission diplomatique. Nous contestons absolument les opérations qui sont en train de s'y dérouler", a-t-il dit aux journalistes en dénonçant une "atteinte grave aux principes diplomatiques internationaux".

"C'est un endroit inviolable et en dépit de cela des opérations de perquisition sont en train de s'y dérouler", a insisté l'avocat, selon qui cet immeuble héberge "la représentante de la Guinée équatoriale auprès de l'Unesco". Elle a "quitté les lieux contrainte et forcée" et a adressé une protestation auprès du ministère des affaires étrangères et de la présidence française. "Cet appartement relève du droit commun", a réagi de son côté le ministère français des affaires étrangères.

"C'EST UN ENDROIT INVIOLABLE"

En septembre, dans la cadre de l'affaire des "biens mal acquis", la police parisienne avait déjà saisi onze véhicules de luxe (Rolls Royce, Maserati, Porsche, Ferrari, Bugatti) appartenant à la famille du président équato-guinéen, avenue Foch. Les vidéos de cette saisie ont été largement diffusées sur Internet.

Les juges Roger Le Loire et René Grouman enquêtent depuis décembre 2010 sur les conditions dans lesquelles les chefs d'Etat africains Denis Sassou Nguesso (Congo), Teodoro Obiang Nguema, et le défunt chef d'Etat gabonais Omar Bongo Ondimba, ont acquis un important patrimoine immobilier et mobilier en France. Ils veulent déterminer si ces acquisitions relèvent du recel et du blanchiment de détournement de fonds publics étrangers.

La Guinée équatoriale figure régulièrement en tête des classements des pays les plus corrompus de la planète, réalisés par Transparency International et l'ONU.

No comments: