Sunday, February 12, 2012

11 février 1975 - Affaire Ratsimandrava - Le secret des Dieux ?




« Mon cadavre les emmerdera ». Cette expression du Général Ratsimandrava (il portait le grade de Colonel au moment de son assassinat) a été connue du public pour avoir été citée par un des auditionnés lors du procès relatif à ce triste événement, le premier et le dernier du genre à avoir été retransmis sur les chaînes nationales. Cet éphémère Chef du Gouvernement aurait fait cette réplique face aux mises en garde émises par son entourage sur l’existence d’un complot visant à attenter à sa vie et ce, quelques jours avant la date fatidique du 11 février 1975.
A travers cette réflexion, il semblerait que ce haut gradé de la Gendarmerie affichait un certain scepticisme quant à la réalité d’un tel acte terroriste et qu’il était loin de se douter que ses adversaires seraient déterminés à arriver à cet extrême. La suite, malheureusement, allait lui donner tort. Car il faut dire qu’il y avait tout de même matière à s’inquiéter.
A Antanimora depuis quelques temps, le camp du Gmp (Groupe mobile de la Police) était entre les mains de militaires mutins, apparemment issus de différentes armes.
Presque une semaine après avoir prononcé l’autre phrase devenue célèbre « tsy hiamboho adidy aho mon Général » (je ne fuirai pas mon devoir, traduction libre), le Colonel Ratsimandrava n’avait rien changé de ses habitudes de ministre de l’Intérieur, poste qu’il occupa dans le Gouvernement Ramanantsoa lorsque celui-ci lui passa le flambeau le 5 février 1975. Ainsi, il faut savoir qu’il continua à occuper son bureau au sein de l’immeuble Patte d’éléphant d’Anosy et qu’il est resté fidèle à sa voiture de fonction en tant qu’Officier de Gendarmerie, une berline Peugeot 404 de couleur noire.
Commando suicide
La soirée de ce 11 février 1975, celui qui était surnommé « monsieur Ala-olana » - une émission radiophonique qui l’a rendu populaire durant sa fonction ministérielle - quitta ses quartiers pour prendre la direction d’Anjohy, à la Haute ville, où il avait son domicile. Toujours d’après les propos entendus au cours du procès Ratsimandrava, aussi extraordinaire que cela puisse paraître, le parcours du Chef de l’Etat aurait été dépourvu de tout balisage. De même, l’on a su que le cortège du Colonel empruntait invariablement le même itinéraire, apparemment le plus court. Il
faut reconnaître cependant que le choix était restreint pour se limiter à deux, dont l’un oblige pratiquement à contourner la colline où était juchée la résidence du Colonel.
Dans ces conditions, c’était un jeu d’enfant - c’est juste une expression - pour les initiateurs de l’attentat de choisir l’endroit idéal de l’embuscade et perpétrer leur acte. C’est dans un virage serré en pleine côte, où le cortège est obligatoirement ralenti, que le commando suicide du nom de Zimbo se posta pour cribler de balles la Peugeot du Chef du Gouvernement et c’est sans la moindre difficulté que les projectiles traversèrent la carrosserie du véhicule pour atteindre mortellement leur cible assise à l’arrière. Etait-ce une surprise s’il est apparu que le raid était parti du camp en mutinerie d’Antanimora ?
Le cadavre de Richard Ratsimandrava a-t-il, par la suite, vraiment « emmerdé » ses adversaires, comme il l’avait prédit ?
Nul ne le sait car, jusqu’à ce jour, le commun des citoyens ne peut mettre, avec certitude, un nom sur le commanditaire de cet acte. Pourtant, « le coupable n’est pas dans cette salle », avait déclaré un intervenant lors du mémorable procès Ratsimandrava. Ce qui ne peut vouloir dire que l’auteur de cette phrase, lâchée devant les juges, est dans le secret des Dieux. Mais ce secret, pour l’heure, est bien gardé.
Hery Mampionona
Un autre nom à ne pas oublier
Ce 11 février, cela fera 37ans jour pour jour que le Colonel Richard Ratsimandrava a été assassiné.
A cette date, l’on se souvient de son nom et de son histoire malheureuse. Le véhicule qui le transportait a reçu une rafale de tirs et le Colonel a succombé. Mais il n’y a pas que lui qui a été victime dans l’affaire.
Cette fois, un autre nom de victime de l’affaire Ratsimandrava ne doit être ni oublié ni négligé. Il s’agit du Commissaire Ranaivoson, un homme de principe, lui aussi a été assassiné, au lendemain de la mort du Colonel Richard Ratsimandrava. Comme il dirigeait l’enquête sur le meurtre de celui-ci, il avait déclaré à l’époque qu’il ferait tout son possible pour trouver l’auteur de cet acte criminel. Cette déclaration lui a couté la vie car il a été assassiné dans son bureau à Ankorahotra. Après cette tragédie, les membres de sa famille ont reçu eux aussi, des menaces de toutes sortes, c’est la raison pour laquelle, la famille n’a pas pu porter l’affaire en justice. La famille a porté ses espoirs donc sur l’enquête faite par l’Etat mais classée sans suite.
« L’histoire reste, on ne peut l’oublier mais on doit tirer des leçons du passé, que l’épisode Ratsimandrava ne se reproduise plus. Qu’on n’assassine plus quelqu’un ni pour un faim politique ni pour une raison personnelle », tel est le message de la famille Ranaivoson, en ce jour de commémoration.
Le Commissaire Ranaivoson a été un homme intègre et déterminé, assoiffé de vérité. Il voulait éclaircir l’affaire Ratsimandrava, ces motivations l’ont conduit à la mort. Au nom de ses qualités, la Famille Ranaivoson lui rend hommage. Elle a décidé de célébrer avant 2015, le quarantième anniversaire de cet homme fort, Ainsi, elle demande à l’Etat de lui accorder un endroit pour ériger une stèle de commémoration au nom du Commissaire Ranaivoson.

Arrêt de l’enquête
C'est au cours d’une cérémonie de dépôt de gerbe organisée samedi dernier devant la stèle commémorative qui se trouve sur le lieu du meurtre, le Secrétaire d’Etat à la Gendarmerie, le Général Randrianazary a annoncé l’arrêt définitif de l’enquête. Et lui de soutenir toutefois qu’une cérémonie de commémoration sera organisée tous les ans puisque l’histoire ne s’oublie pas. La question est de savoir comment les proches de la victime vont percevoir cette décision des autorités transitoires.

1 comment:

Faites la Nature votre Fidèle Alliée! said...

Même s'ils closent l'enquête, ils n'arrêteront jamais que la Vérité éclatera un jour tant que Madagascar existe à travers son Histoire, satria n'i marigny tsy mbà Ravana d'où RATSIMANDRAVA!... Bien que n'i tsara ravana à la place n'i ratsy iraka, fa n'i Andriana no ManitrandRagasy.