Friday, December 16, 2011

Les tour-opérateurs français ont souffert en 2011 et jugent 2012 incertain

Le printemps arabe et la crise asiatique post-tsunami ont fait souffrir les tour-opérateurs français, qui s'en tirent en 2011 grâce à des reports de destinations et une bonne tenue du long-courrier mais s'inquiètent pour 2012.

"On a pris de plein fouet le printemps arabe et l'incidence sur l'Asie (...) Mais on a aussi prouvé qu'on était capables de retrouver des destinations de compensation", a déclaré le président de l'Association des tours-opérateurs Ceto, René-Marc Chikli, en tirant mardi le bilan annuel du secteur à Saint-Cyr-sur-Mer (Var).

Entre novembre 2010 et fin octobre 2011, les 77 membres du Ceto ont fait voyager 7,76 millions de clients (+1,9%) pour un volume d'affaires de 5,71 milliards d'euros (+3,6%). Et la recette unitaire moyenne a augmenté de 1,7% à 736 euros.

"Pas de catastrophe" globale, donc, a souligné le patron du Ceto, qui regroupe des voyagistes comme Nouvelles Frontières, Marmara ou Voyageurs du Monde. "Mais ce ne sera pas forcément une bonne année" en terme de résultats financiers, a-t-il dit.

Les chiffres masquent en réalité une situation très contrastée selon les acteurs et les pays concernés, ainsi que certains effets mécaniques.

"Le chiffre d'affaires du Ceto augmente parce que les taxes et le carburant augmentent, mais on a dû rogner sur les marges pour maintenir le nombre de clients. L'année 2011 a été mauvaise en termes de rentabilité", a déclaré Patrice Caradec, PDG de Transat France.

Le volume d'affaires des voyages à forfait progresse ainsi de 1,7% à 4,54 milliards d'euros à cause d'une hausse de la recette unitaire moyenne (+3,2% à 950 euros), mais le trafic est en recul de 1,5%, avec une perte de 73.000 clients sur un an, à 4,77 millions.

A cause du printemps arabe, les destinations moyen courrier "reculent énormément" en clients (-6,3% à 2,82 millions) et en volume d'affaires (-6,4% à 2,19 milliards d'euros).

Sur un an, l'Afrique du Nord a perdu un tiers de sa clientèle en voyages à forfait (-33,6%) et un tiers de ses recettes (-34,8%). Le marché de la Tunisie et de l'Egypte s'est effondré: ces deux pays ont perdu respectivement 45,2% et 43,7% de leur clientèle. Le Maroc a aussi souffert (-16%), tout comme le Moyen-Orient (-14,1%), avec -51,7% en Jordanie.

L'Europe du Sud et de l'Ouest en a profité (+24,5% de clients et +26,4% de volume d'affaires). Les gagnants sont la Sardaigne, l'Espagne continentale "qui prend un grand élan", les Canaries et les Baléares, et la Grèce.

"Le long courrier s'est lui globalement bien porté" en 2011, a relevé M. Chikli, avec les Caraïbes et l'Amérique du Sud notamment. Le Brésil ou le Cap Vert ont aussi le vent en poupe, tout comme l'île Maurice.

Mais la situation est moins rose pour la zone Japon-Chine-Indonésie, à cause du tsunami japonais et de ses suites, a souligné le patron du tour-opérateur Asia, Jean-Paul Chantraine.

Autre point d'inquiétude pour le Ceto: les voyages à forfait continuent de perdre inexorablement du terrain au profit des vols secs.

Pour 2012, "c'est l'incertitude totale", a concédé M. Chikli - en particulier pour la Tunisie et l'Egypte.

Les réservations de séjours, en croissance au début de l'automne, ont nettement fléchi sur novembre (-17,5% pour les voyages à forfait). Sur septembre-novembre, elles sont "largement en retard" pour les destinations moyen courrier (-11,5%), et le long courrier a flanché ces dernières semaines (-6,1%), s'est inquiété M. Chikli.

Les professionnels évoquent un climat anxiogène lié à la crise financière qui perturbe le consommateur et s'attendent pour 2012 à "l'attentisme qui accompagne toujours une année électorale".

"Il faudra rétablir le climat de confiance en Tunisie, destination phare, et c'est loin d'être fait (...) Le seul point positif, c'est qu'a priori, les Français disent vouloir toujours voyager", assure René-Marc Chikli.

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