Thursday, December 22, 2011

INSULAIRE – Vers une seconde guerre des Malouines ?



Branle-bas le combat à la "une" des quotidiens britanniques. Près de trente ans après la fin de la guerre des Malouines, le conflit séculaire semble relancé entre l'Argentine et le Royaum-Uni. Mardi, les pays de l'union économique du Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay, Paraguay) ont décidé d'interdire aux navires portant pavillon des îles Malouines de mouiller dans leurs ports. Pour justifier sa décision, le Mercosur a qualifié le drapeau des Malouines d'"illégal", note ainsi The Wall Street Journal.

"L'impact immédiat de cette décision n'est pas encore mesurable" au niveau économique, note The Guardian, citant le ministère des affaires étrangères britannique. Dans les faits, les conséquences directes devraient être assez limitées, car selon la BBC, "seuls vingt-cing bateaux, principalement de pêche" devraient être gênés par la mesure. Mais l'annonce est très symbolique pour ce territoire contrôlé depuis 1833 par le Royaume-Uni sous le nom de Falklands, mais réclamé depuis toujours par l'Argentine, dont les côtes sont situées à 500 kilomètres des îles.

Derrière cette passe d'armes commerciale se joue aussi un débat plus vaste sur l'exploitation des ressources de l'archipel. La présidente argentine, Cristina Fernández de Kirchner, en saluant la décision du Mercosur, a ainsi critiqué les explorations de gisements de pétrole et de gaz réalisées par les entreprises britanniques dans la région. "Les Malouines ne sont pas seulement une affaire argentine, c'est une affaire qui concerne le monde entier, car les Britanniques y prennent nos ressources halieutiques et pétrolières"a-t-elle martelé.

"Si nous étions la Palestine, l'Union européenne serait outrée"

Le président de la Chambre de commerce des Malouines, Roger Spink, a ainsi déclaré mercredi sur la BBC que les habitants avaient de plus en plus le sentiment que leurs îles faisaient l'objet d'un blocus. "Si nous étions la Palestine, l'Union européenne serait outrée", a-t-il jugé.

Côté britannique aussi, les réactions ont parfois été violentes. Selon The Telegraph, l'ancien ministre britannique de la sécurité et vétéran de la guerre des Malouines, lord Alan West, a ainsi demandé à ce que le Royaume-Uni "envoie sur place un sous-marin nucléaire pour montrer la détermination des Anglais pour défendre les Malouines". Le journal publie même un comparatif des forces militaires des deux pays, en cas d'embrasement de la zone. "Pourrions-nous gagner une autre guerre ?", s'interroge ainsi le journaliste politique Tim Shipman. Relayées par The Australian, les déclarations du porte-parole du Commonwealth ont le mérite d'être claires : "Personne ne doit douter de notre détermination à protéger le droit des habitants des Malouines à choisir seuls leur appartenance."

Le temps de la médiation ?

Mais tous les médias britanniques n'ont pas une ligne éditoriale si belliqueuse et cvertains s'interrogent sur l'avenir des Malouines. "Fermer les yeux sur les demandes de souveraineté de l'Argentine sur le territoire ne les fera pas disparaître", insiste ainsi l'éditorial de The Independent, qui affirme qu'il "est temps de désamorcer la situation". "Jusqu'à présent, la Grande-Bretagne a refusé toutes les demandes de réouverture des négociations et insiste sur le droit des îliens à décider de leur futur. Des droits qui doivent en effet être respectés. Mais ce seront également ces mêmes îliens qui subiront la brutalité des marchandages diplomatiques", rappelle le journal. "L'an passé Hillary Clinton avait proposé d'agir en médiatrice entre la Grande-Bretagne et l'Argentine. Nous devrions accepter."

Un autre facteur de tension risque en outre de s'ajouter au conflit commercial, renchérit le Sun. Alors qu'un millier de soldats britanniques sont déployés sur le territoire, le prince William doit lui-même y effectuer une mission de six mois, à partir de février, dans le cadre de sa formation de pilote de sauvetage au sein de la Royal Air Force (RAF). Une mission qui pourrait être perçue comme une provocation par l'Argentine.

Le poète argentin Jorge Luis Borges comparait la guerre des Malouines à "deux chauves se battant pour un peigne." La repousse des cheveux ne semble décidément pas d'actualité…

No comments: