Saturday, December 10, 2011

Des violences éclatent en RDC après la réélection contestée de Kabila

Des coups de feu ont retenti dans plusieurs villes, notamment dans la capitale Kinshasa.


Des heurts entre militants de l'opposition et forces de sécurité ont éclaté samedi 10 décembre en République démocratique du Congo (RDC), faisant au moins un mort, au lendemain de l'annonce officielle de la réélection du président Joseph Kabila. Des coups de feu ont retenti dans plusieurs villes, notamment dans la capitale Kinshasa, fief des partisans de l'opposant historique Etienne Tshisekedi, qui a rejeté vendredi les résultats officiels provisoires du scrutin et s'est proclamé chef de l'Etat.

Des accrochages entre manifestants et forces de sécurité ont eu lieu dans le reste du pays, faisant au moins un mort à Kananga, chef-lieu de la province du Kasaï oriental, selon les Nations unies. Confirmant les informations faisant état de heurts, le directeur général de la police nationale, le général Charles Bisengimana, a assuré que les forces de sécurité "maîtrisaient la situation". "Des gens tentent de piller des boutiques et de bloquer des routes et nous les dispersons", a-t-il dit.

Selon une source proche des Nations unies, plusieurs civils semblent être en possession d'armes et échangent des coups de feu dans plusieurs quartiers de Kinshasa. Dans la province du Kasaï (Centre-Sud), fief de partisans de Tshisekedi, des affrontements se sont également produits entre des manifestants armés de pierres et les forces de sécurité, selon un responsable.

L'annonce des résultats a eu des répercussions jusqu'en Belgique, l'ancienne puissance coloniale, où une manifestation de partisans de Tshisekedi a dégénéré vendredi soir à Bruxelles. Près de 200 personnes ont été arrêtés, selon la police.

"VERITABLE PROVOCATION"

Selon la Commission électorale indépendante (CENI), le président sortant a remporté près de 49 % des voix et Etienne Tshisekedi plus de 32 % des suffrages. Les résultats doivent maintenant être ratifiés par la Cour suprême. L'opposant a qualifié les résultats de "véritable provocation" et a fait savoir qu'il se considérait comme le président élu de la RDC.

Le gouvernement congolais a qualifié samedi d'"infraction à la loi" et d'"atteinte à la Constitution" l'autoproclamation d'Etienne Tshisekedi. "Le procureur général de la République a autorité" pour le poursuivre en justice, a-t-on précisé.

Selon la mission d'observation du Centre Carter, les résultats publiés sur le site de la CENI mettent en doute la fiabilité du scrutin. "On ne peut pas de manière naturelle obtenir de tels résultats. Il n'y a pas autant que personnes bien portantes motivées pour aller voter l'unisson", indique David Pottie, responsable de la mission Carter.

Dans la région de Monono, dans la province méridionale du Katanga, la participation atteint ainsi 100,14 % et Kabila récolte 99,98 % des voix. Un responsable de la CENI a annoncé que la commission allait enquêter sur certains résultats, ajoutant néanmoins qu'il fallait s'attendre à un large soutien en faveur du chef de l'Etat sortant.

Le scrutin, le premier organisé par les autorités congolaises depuis la guerre civile de 1998-2003 qui a fait plus de cinq millions de morts, devait permettre de ramener la stabilité dans le pays. Selon l'ONG Human Rights Watch, au moins 18 personnes ont été tuées dans les violences électorales.

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