Tuesday, December 20, 2011

Confédération des grands corps de l’État Grève générale à partir du jeudi 22 décembre




A partir de demain…: La pagaille et l’anarchie ...
Le conflit qui oppose les magistrats aux policiers prend une autre dimension à partir de demain. L’affaire se complique, en effet, avec l’entrée en grève des « grands corps de l’Etat ». Sous couvert de revaloriser leurs catégories, les grands corps, en fait, se solidarisent avec les magistrats et appuient les revendications de ceux-ci. En tout cas, on ne peut reprocher aux grands corps de se joindre au mouvement des magistrats. D’abord car ces derniers sont partie prenante dans la confédération des grands corps de l’Etat, ensuite car les grands corps ont déjà agité le spectre de la grève de solidarité comme pour inciter le régime à trancher dans les meilleurs délais.

Aucune décision n’ayant été prise, le blocage de la machine administrative va donc s’ajouter à la paralysie de l’appareil judiciaire. Les grands corps rassemblent, en effet, 17 catégories de fonctionnaires dont les enseignants-chercheurs, les magistrats, les administrateurs-civils, les inspecteurs d’Etat, les médecins diplômés d’Etat, les inspecteurs des Impôts, les agents diplomatiques et consulaires, etc. Presque tous les départements de la Fonction publique seront affectés par le mouvement et seront immobilisés. Quand les chefs font défection ou sont absents, les subordonnés cessent le travail et filent à l’anglaise…

Une sorte d’atmosphère de fin du monde donc à partir de demain. Visiblement, le régime de transition est balloté par les événements et n’a plus de prise sur le déroulement de fait. Il aurait dû réagir avec fermeté dès le premier jour et adopter une décision énergique, par exemple en écartant le ministre de la Sécurité intérieure dont la défaillance fut manifeste dans les événements de Toliara. Au lieu de cela, il a beaucoup hésité et tergiversé, tâtonnant par-ci et par-là au lieu d’aller dans le vif du sujet (lire page 5).

C’était laisser la gangrène s’étendre et contaminer d’autres organes de la Fonction publique. Le régime aujourd’hui est débordé et devient le jouet des événements. A partir de demain, le public aura une forte impression de chaos : la Police agresse et tue un magistrat, la Gendarmerie frappe à mort un simple citoyen aux portes de la capitale, les bandits et criminels en garde à vue sont lâchés dans la nature, les mouvances d’opposition quittent le gouvernement et le Parlement et y suspendent leurs activités, les ressources naturelles sont toujours pillées, la couronne de Ranavalona n’a pas encore été retrouvée, le prix du riz grimpe à l’approche des fêtes, etc.

En tout cas, c’est déjà le désarroi chez une population qui a l’impression de ne pas être gouvernée. Elle jugera avec sévérité ce régime mou et sans consistance qui, au lieu de faire montre de poigne, a laissé la situation pourrir. Les désagréments causés par le mouvement vont, en effet, s’ajouter aux mille difficultés d’une vie en temps de crise. Quid effectivement de ce régime incapable d’assumer ses fonctions régaliennes et qui laisse le désordre s’installer ?

Quid aussi d’Andry Rajoelina qui n’est pas à la hauteur de ses fonctions de chef d’Etat et qui ne remplit pas sa mission essentielle qui est la suivante : assurer le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ? On assiste, en tout cas, à un net effritement de l’autorité de l’Etat et donc à la montée du chaos et de la confusion. La population peut à juste titre s’interroger sur ce régime incapable de protéger les personnes et les biens, de maintenir l’ordre public, de rendre la justice, de faire fonctionner les services publics, etc.

En 2009, beaucoup ont rejoint la « révolution orange » et la Place du 13-Mai dans l’espoir d’une gouvernance plus cohérente et de lendemains qui chantent. La plupart déchantent aujourd’hui face à un régime fantomatique et donc souvent inexistant. Dans certains pays d’Afrique, une gouvernance aussi décousue a incité des officiers de l’armée, soucieux d’ordre et de discipline, à passer à l’action…

Mais journée test, aussi demain, pour les grands corps qui lancent pour la première fois un mot d’ordre de grève. La grande question : chaque corps sera-t-il suivi par ses… membres ?

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