Tuesday, November 29, 2011

Richard Branson s'offre les lémuriens de Madagascar




L’intrépide patron de Virgin Richard Branson a un plan pour protéger les lémuriens. Le milliardaire britannique va introduire ces petits primates dans l’une de ses îles privées caribéennes, Moskito (0,5 km²), située très loin de leur habitat originel, Madagascar (587.000 km²).

La Grande Île qui baigne à l’ouest de l’océan Indien est célèbre notamment pour ses populations de lémuriens que l’on ne retrouve nulle part ailleurs. Ils vivent dans la forêt primaire, dont l’étendue ne cesse de diminuer avec l’érosion. Interrogé le 15 avril 2011 par la BBC News, Richard Branson souligne un autre type de pression actuelle sur les lémuriens:

«Nous avons apporté notre aide pour tenter de protéger les lémuriens et malheureusement à Madagascar, à cause du renversement du gouvernement (du président Marc Ravalomanana, le 17 mars 2009, ndlr) l’espace des lémuriens se réduit de plus en plus.»

Un constat vérifié par de nombreuses organisations écologiques et de médias malgaches, qui ont alerté l’opinion sur l’ampleur du trafic illégal de bois précieux à Madagascar. Ce dernier a explosé dans un pays en crise où le régime de transition d'Andry Rajoelina, non reconnu par la communauté internationale, est soumis à un gel des aides budgétaires extérieures.

Dans la forêt protégée du parc national de Masoala, au nord-est de Madagascar, les lémuriens ont subi le double impact mortel de la déforestation mais aussi de l’appétit des braconniers ou des populations.

Peut-on introduire une espèce animale hors de son écosystème naturel sans risque?

Richard Branson a obtenu le feu vert des autorités des Iles Vierges Britanniques (BVI), dont fait partie Moskito. Une trentaine de makis catta, en provenance de différents zoos de Suède, d’Afrique du Sud et du Canada, vont débarquer sur la minuscule île privée dans les deux à trois semaines. Des makis vari roux, mais aussi des sifakas pourraient les rejoindre ultérieurement. Ces lémuriens figurent parmi la Liste rouge des espèces en danger établie par l’International Union for the Conservation of Nature (IUCN).

Le projet d’implantation de lémuriens de Branson suscite une levée de boucliers de scientifiques et écologistes. Ils craignent un impact désastreux sur l’écosystème de Mosquito.

«Ils mangent absolument tout —les lézards, les fruits, les racines, les insectes et les œufs d’oiseaux», note le biologiste James Lazell, président de Conservation Agency.

Selon cet expert, qui a travaillé pendant 31 ans sur la protection de la nature dans les BVI, les lémuriens risqueraient d’éradiquer le gecko nain, espèce endémique menacée. Spécialiste des primates à Madagascar pour l'IUCN, Christophe Schwitzer estime que pour éviter tout risque, les lémuriens devraient être placés dans un endroit confiné. Branson affiche de son côté une batterie de contre-arguments:

«Les lémuriens seront vaccinés, donc la maladie ne posera pas problème et nous les élèverons avec l’aide de vétérinaires en cas de besoin.»

Quant aux geckos, ils seraient près d’un millier sur Moskito et ne risqueraient pas de s’éteindre. Lara Mostert, une des responsables du Monkeyland Primate Sanctuary en Afrique du Sud et conseillère de Branson, assure que les lémuriens seront bien mieux traités à Moskito que dans les zoos d’où ils seront acheminés.

Selon le The Telegraph, les écologistes qui dénoncent aujourd'hui le projet sont ceux qui avaient applaudi Richard Branson en 2007 lorsque'il avait acheté pour 10 millions de livres (11,4 millions d'euros) l'île de Moskito, pour en faire un site touristique écologique de luxe.

Les habitants des Îles Vierges Britanniques critiquent le gouvernement local qui a cédé à Richard Branson en dépit des objections des experts consultés. Une opposante politique locale, Lorie Rymer, fait circuler une pétition contre le projet sur les lémuriens de Sir Richard.

Lu sur BBC News, The Telegraph

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