Thursday, November 10, 2011

Les gouvernements européens à l'épreuve de la crise de la dette

Après Papandréou et Berlusconi à qui le tour ?

Les sommets de crise à répétition et les déclarations rassurantes des dirigeants de la zone euro et du G20 n'auront rien changé. Au fil des semaines, la crise de la dette s'est muée en une vaste crise politique qui met à mal les gouvernements européens. Cette semaine, le premier ministre grec, Georges Papandréou, et le président du conseil italien, Silvio Berlusconi, en ont fait les frais.

Contraints d'annoncer leur démission, les deux dirigeants ont finalement succombé à la pression des marchés financiers. Mais leur départ pourrait faire tache d'huile. Dans la plupart des pays de la zone euro, les gouvernements ont subi des changements majeurs ou doivent encore livrer bataille pour conserver leur mandat.

L'Irlande, premier pays à montrer son mécontentement dans les urnes


Le gouvernement irlandais a été le premier à essuyer les conséquences de la crise financière de la zone euro. Fin 2010, face aux résultats économiques catastrophiques du pays, Dublin consent à demander l'aide de l'Europe et du FMI. Le premier ministre, Brian Cowen, du parti centriste Fianna Fáil, doit dissoudre la chambre basse du Parlement. En proie à une fronde dans son propre parti, il subit un revers cuisant aux législatives, le 25 février, et doit laisser son siège à Enda Kenny, du parti de centre droit Fine Gael.

Au Portugal, un nouveau premier ministre pour administrer la rigueur


Soumis à une forte pression de l'Union européenne après le versement d'un prêt de 78 milliards d'euros sur trois ans, le Portugal a été contraint d'adopter un exigeant programme de rigueur. Dans les urnes, la sanction des Portugais ne s'est pas fait attendre : le socialiste, José Socrates, élu en 2005, a perdu les élections législatives de juin face à Pedro Passos Coelho, du Parti social-démocrate.

Le nouveau premier ministre s'est engagé dès sa nomination à appliquer un programme encore plus strict. Il a promis d'aller au-delà des exigences de l'UE et du FMI en matière de privatisations mais aussi de réformes du marché du travail et des services publics.

En Grèce, implosion de la scène politique


Pris en tenaille entre la colère populaire, la défiance de sa majorité et les exigences de l'Union européenne, le premier ministre socialiste, Georges Papandréou, a finalement été contraint de démissionner le 6 novembre. Après deux années d'incessantes batailles pour tenter de sortir le pays de la crise, le dirigeant européen a tenté le tout pour le tout en annonçant le 31 octobre la tenue d'un référendum. Une mesure qui a provoqué la panique de la zone euro et des marchés financiers, et l'aura précipité vers une fin qui paraissait inéluctable.

Après de longues et confuses tractations, l'ancien vice-président de la Banque centrale européenne, Lucas Papadémos, est devenu le nouveau premier ministre de la Grèce. Il devra former un gouvernement de coalition intérimaire. Des élections anticipées se dérouleront le 19 février. Entre temps, le nouveau premier ministre aura la lourde tâche de déterminer l'avenir européen de la Grèce.

L'Union européenne a ainsi demandé que le nouveau premier ministre s'engage par écrit à mettre en œuvre le plan de sauvetage européen. Cette lettre est la condition posée au déblocage de la prochaine tranche de prêts de 8 milliards d'euros tirée du premier plan de sauvetage à la Grèce, vitale pour le pays qui risque sinon de se retrouver en cessation de paiement.

En Italie, l'ultime défaite du Cavaliere


Alors que l'Italie et sa dette colossale cristallisent depuis plusieurs semaines les craintes de la zone euro, l'Union européenne a exigé de Rome le renforcement et l'accélération des mesures de rigueur. Le président du Conseil, Silvio Berlusconi – qui a pourtant démontré des capacités de survie incroyables face aux affaires en tout genre qui ont égréné son mandat – n'aura pas pu résister à cette nouvelle pression. Lors d'un vote décisif à la chambre des députés le 8 novembre, le Cavaliere a perdu sa majorité.

Après cet échec, le président italien, Giorgio Napolitano, a annoncé la démission prochaine de Silvio Berlusconi, après l'adoption des mesures promises à l'Union européenne. Deux scénarios se dessinent pour la nouvelle ère politique qui s'ouvre en Italie. Un nouveau gouvernement de coalition pourrait être prochainement formé, ou, à défaut, le Parlement pourrait être dissous pour permettre l'organisation d'élections législatives anticipées.

Le président de la République, chargé de désigner le nouveau premier ministre, semble privilégier la formation d'un gouvernement d'union. Quatre hommes sont cités pour succéder au chef du gouvernement italien. Berlusconi a pour sa part apporté le 10 octobre son soutien à Mario Monti, économiste et commissaire européen pendant dix ans.

Paradoxalement, la crise de la dette avait jusque-là permis au Cavaliere de se maintenir à la tête du gouvernement. L'importance de l'enjeu avait en effet permis l'émergence d'une certaine solidarité de la coalition de centre-droit, permettant d'éviter un éclatement que beaucoup d'analystes prévoyaient plus tôt.

En Espagne, la gauche sur la sellette


Le gouvernement espagnol sera-t-il le prochain à subir les conséquences d'une économie morose ? Fin septembre, le premier ministre espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, a été contraint de convoquer des élections législatives anticipées le 20 novembre. Une précipitation du calendrier électoral qui s'explique par la fragilité du gouvernement actuel et la pression de la majorité des membres de son parti.

Les socialistes, au pouvoir depuis 2004, sont tenus responsables de la dégradation de la note souveraine du pays par les agences de notation Fitch, Standard & Poor's et Moody's. Malgré les réformes budgétaires engagées par le gouvernement, les électeurs semblent désormais se tourner vers la droite pour trouver une issue à la crise.

Le Parti populaire profite en effet de cette crise politique et, selon les sondages, pourrait obtenir la majorité absolue (51,4 % des intentions de vote selon un sondage d'El Mundo du 8 novembre) au scrutin de fin novembre. Son dirigeant, Mariano Rajoy, culmine dans les sondages, et est pressenti pour reprendre le poste. Le 22 mai, son parti a largement remporté les scrutins régionaux et municipaux, infligeant une sévère défaite électorale aux socialistes.

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