Monday, October 17, 2011

Moody's s'attaque à la note Aaa de la France

La marge de manœuvre budgétaire du gouvernement a rétréci, constate Moody's.


L'agence d'évaluation financière Moody's Investors Service a donné, lundi 17 octobre, un premier coup de canif à la sacro-sainte note Aaa de la France. "Au cours des trois prochains mois, Moody's va surveiller et évaluer cette perspective stable [de la note du pays], au regard des progrès effectués par le gouvernement pour mettre en œuvre" les mesures annoncées de réduction du déficit budgétaire, souligne l'agence de notation dans un communiqué.

La France bénéficie actuellement de la meilleure note possible de la part de Moody's (soit Aaa), comme de la part de ses grandes concurrentes Standard & Poor's et Fitch Ratings. Cette note élevée lui permet d'emprunter sur les marchés dans des conditions très favorables pour financer ses déficits budgétaires.

Si la perspective de cette note devait être revue à la "négative", cela impliquerait que Moody's serait susceptible de l'abaisser à moyen terme (le plus souvent à une échéance de trois à douze mois). Et la France deviendrait ainsi le nouveau grand pays, après les Etats-Unis, à perdre le précieux talisman financier.

L'agence prend bien soin de préciser que cet examen entre dans le cadre de son étude annuelle sur les comptes de la France et qu'il ne s'agit pas encore — à ce stade — d'une décision sur la note du pays. Mais elle est la première des trois grandes agences de notation à jeter ainsi une ombre sur le Aaa français. La semaine dernière, Moody's avait encore confirmé la solidité de la note française, après l'annonce du plan de restructuration de la banque Dexia. Outre la capacité du gouvernement français à tenir ses engagements budgétaires, Moody's indique qu'elle prendra en compte dans sa réflexion "tout nouveau développement négatif de l'économie ou des marchés financiers".

Dans son communiqué, Moody's relève que la solidité financière du gouvernement français, certes encore très élevée, "s'est affaiblie, comme c'est aussi le cas pour d'autres pays de la zone euro, car la crise économique et financière dans le monde a conduit à une détérioration de ses ratios d'endettement, qui sont désormais parmi les plus faibles des pays notés Aaa".

CONSERVER LA CONFIANCE DES INVESTISSEURS

Pour Moody's, il est donc "crucial" pour la France de conserver "la confiance des investisseurs sur sa capacité et sa volonté de s'attaquer à des défis imprévus". Or, "la France pourrait faire face à un certain nombre de défis dans les mois à venir — comme, par exemple, la nécessité d'apporter un soutien additionnel à d'autres pays européens ou à son propre système bancaire, ce qui pourrait accroître de manière significative les engagements que doit supporter le budget du pays", note Moody's. "La détérioration des ratios d'endettement et la possibilité de voir apparaître de nouvelles dettes potentielles exercent une pression sur la perspective stable de la note Aaa du pays", souligne l'agence.

Pour Moody's, le gouvernement français a désormais moins de marge de manœuvre (...) qu'en 2008" lors de la crise des 'subprimes'". "La poursuite de l'engagement à mettre en œuvre les mesures de réforme économique et budgétaire, ainsi que des progrès visibles dans les objectifs visés" en matière de réduction de la dette "seront importants pour maintenir la perspective stable" de la note du pays, prévient l'agence.

"UNE PRÉVISION DE CROISSANCE DE 1,75 % "

François Fillon a pour sa part affirmé, lundi soir, qu'il faudrait prendre "des mesures nouvelles" d'austérité si la France n'enregistrait pas une "croissance minimale de 1,5 %" en 2012, ajoutant ne "pas avoir d'inquiétude" si l'Europe se montre capable d'agir "comme en 2008". Le budget 2012, qui doit être débattu à partir de mardi à l'Assemblée, est "bâti sur une prévision de 1,75 % de croissance mais il fonctionne avec une croissance minimale de 1,5 %", a indiqué M. Fillon, qui était l'invité du journal de 20 heures sur France 2.

No comments: