Tuesday, September 27, 2011

Paris appelle au calme en Guinée

Le président Alpha Condé, à Pékin, le 16 septembre 2011.


La France a appelé mardi 27 septembre "au calme et à la retenue de tous", après que les forces de l'ordre guinéennes eurent empêché la tenue d'un rassemblement d'opposants à Conakry, la capitale du pays, faisant un mort et au moins quatre blessés. Les opposants entendaient protester contre les conditions d'organisation des prochaines législatives.

"La France est très préoccupée par les appels à la haine et à la violence", a annoncé le ministère des affaires étrangères, qui a envoyé des "recommandations" de prudence aux 2 300 résidents français du pays.

Dans la journée, les forces de sécurité guinéennes ont tiré des grenades lacrymogènes et chargé à la matraque des manifestants qui jetaient des pierres dans un faubourg de Conakry. Un homme de 35 ans a été tué par balle dans le quartier de Bambeto, un des fiefs de l'opposition, a appris l'AFP auprès de la famille de la victime. Au moins quatre personnes ont été admises à l'hôpital principal de la ville.

La tension monte dans ce pays d'Afrique de l'Ouest, déshérité malgré ses gisements de bauxite, à l'approche d'élections législatives fixées "unilatéralement", selon l'opposition, au 29 décembre. L'opposition redoute à l'avance qu'elles soient truquées au bénéfice du président Alpha Condé, un opposant guinéen historique, porté à la présidence en 2010 lors de la première élection démocratique du pays.

"MOUVEMENT DE PANIQUE"

Plusieurs dizaines de véhicules des forces de police et de gendarmerie ont bouclé tous les accès au stade du 28 septembre, où devaient se tenir les manifestations. Ils se sont également déployés en masse dans plusieurs quartiers de la capitale pour empêcher les gens de converger vers le stade. "Il y avait des jeunes gens perchés sur les collines qui lançaient des cailloux. Les forces de l'ordre ont riposté en tirant des gaz lacrymogènes, ce qui a provoqué un mouvement de panique général", a raconté à l'agence Reuters Souleymane Bah, un habitant de la banlieue de Bambeto.

Le chef de l'opposition, l'ancien premier ministre Cellou Dalein Diallo, avait appelé ses partisans à descendre dans la rue pour protester contre les préparatifs du scrutin. Diallo, adversaire malheureux du chef de l'Etat durant la présidentielle de 2010, accuse le pouvoir de chercher à trafiquer les urnes pour remporter une majorité. Il reproche notamment à Alpha Condé d'avoir nommé un de ses proches alliés à la tête de la commission électorale. Le ministère des affaires étrangères français a souhaité que les élections se tiennent "dans les meilleurs délais", mais également "dans de bonnes conditions".

Les généraux guinéens ont pour leur part ordonné à leurs hommes d'être invisibles mardi dans les rues de Conakry, où seules la garde nationale et la police maintenaient l'ordre mardi.
Le numéro deux des Nouvelles Forces Démocratiques (NFD), parti membre du collectif qui a demandé une marche pacifique de l’opposition ce jour, Etienne Soropogui a été interpellé par la gendarmerie et conduit à l’escadron mobile de Matam.

Etienne Soropogui, contacté au téléphone par Guinéenews© décrit les circonstances de son arrestation : « J’ai été interpellé ce matin à Dixinn quand je quittais à pied chez Mouctar (Diallo président de NFD ndlr) pour aller chez Cellou Dalein. J’étais avec Faya Millimono, Fodé Oussou et Mouctar. Les gendarmes nous ont dispersés en jetant des gaz lacrymogènes.

Ils ont réussi à me prendre sur les instructions du chef d’état major Baldé. Pendant l’arrestation, ils m’ont roué de coups avec le pied et les matraques. »

Les autres compagnons de Soropogui auraient réussi à s’échapper et leurs téléphones restent injoignables pour l’instant.


Historique.
La Guinée est proclamée colonie française en 1891, indépendamment du Sénégal, auquel elle était précédemment rattachée. Cette nouvelle appellation remplace celle qu'elle portait, jusque-là: les Rivières du Sud. Samory Touré, relayé ensuite par les peuples de la forêt, mène une guerre organisée contre l'occupation française sur la côte et dans les massifs montagneux du sud-est avant d'être vaincu en 1898. La guerre qui oppose les Français au Fouta-Djallon, à Porédaka, s'achève par la victoire des premiers. L'Almamy Bocar Biro Barry est assassiné près des bords du Bafing, à Kollen. Il a choisi cette option pour ne pas être soumis ou réduit en vassal de la puissance colonisatrice. Ses guerriers s'éparpillent ou préfèrent se donner la mort à ses côtés. Les régions du Haut-Niger sont annexées l'année suivante. En 1901, la Guinée devient une partie intégrante de l'Afrique-Occidentale française (AOF), administrée par un gouvernorat général.En 1904, dans le cadre de l'Entente cordiale entre la France et l'Angleterre, les îles de Los deviennent françaises en échange de l'abandon de droits sur le séchage de la morue à Terre-neuve.

Lors du référendum de septembre 1958, la Guinée est le seul pays d'Afrique francophone à rejeter la proposition du général de Gaulle concernant l'intégration des colonies de l'AOF au sein d'une Communauté française, ce qui entraîne une rupture immédiate des relations politiques et économiques avec la France6.

L’indépendance fut proclamée le 2 octobre 1958. La France n’y mit aucun obstacle mais retira dans le mois qui suivit son armée, ses fonctionnaires et ses crédits. De Gaulle ignora la demande d’association à la Communauté que lui adressa Sékou Touré après la proclamation de l’indépendance. La Guinée, en perdant les cadres qui faisaient fonctionner son administration et son économie, fut déstabilisée. Le départ des fonctionnaires civils et militaires se fit rapidement sentir au plan économique.

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