Monday, September 19, 2011

Paris accusé d'avoir livré un véhicule permettant à Kadhafi de fuir


Une société française a fourni en 2008 au régime libyen, avec l'accord de l'Elysée, un 4X4 furtif ultra-sécurisé pour assurer la protection des déplacements de Mouammar Kadhafi, aujourd'hui en fuite, a affirmé dimanche le site Mediapart. Ce 4X4 a été équipé par la société française Amesys (ex-i2e), filiale de Bull, et fourni à Tripoli par l'intermédiaire franco-libanais Ziad Takkieddine, mis en examen mercredi dans le volet financier de l'affaire Karachi, selon Mediapart.

«La vente de ce matériel a bénéficié, dès 2007, de l'appui du ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, et de son directeur de cabinet d'alors, Claude Guéant. L'engin a finalement été livré à partir de 2008, avec le feu vert, cette fois, de l'Elysée», écrit Mediapart. Sollicité par l'AFP, l'Elysée a indiqué qu'il ne souhaitait pas faire de commentaire.
«Livré aux Libyens, pour la somme de 4 millions d'euros»

Le site détaille, documents à l'appui, les spécifications techniques de ce véhicule «livré aux Libyens, pour la somme de 4 millions d'euros». «Il s'agit d'un 4x4 ML blindé de chez Mercedes équipé d'une cage de Faraday - qui protège les occupants des champs électriques extérieurs - et d'un dispositif électronique de brouillage capable de neutraliser toutes les fréquences radios dans un rayon de cent mètres autour du véhicule», indique Mediapart.

La vente de cette voiture a été, selon le site, un des volets d'un contrat de sécurisation du régime libyen baptisé «Homeland Security Program», comprenant aussi des équipements de cryptage des communications du régime et d'espionnage d'internet, signé en 2007 pour 26,5 millions d'euros et conclu par Bull-Amesys «grâce aux bons soins de M. Takieddine».
Une plainte déposée apr Amesys

L'ONG Sherpa a déposé la semaine passée une plainte visant Amesys, qu'elle soupçonne d'avoir vendu à la Libye en 2007 un système de surveillance à distance destiné à «traquer les forces rebelles», avait indiqué jeudi dernier une source judiciaire. D'après cette plainte, consultée par l'AFP, la société Amesys, qui dément les faits, a bien vendu en 2007 à la Libye un système de surveillance d'interception électronique permettant à un gouvernement de contrôler toutes les communications (internet, téléphone), constituant potentiellement une atteinte au respect de la vie privée.

Selon Sherpa, «de telles ventes ne pouvaient avoir lieu sans l'autorisation expresse du gouvernement français». Or «aucune autorisation du gouvernement n'aurait été délivrée à la société Amesys afin de lui permettre de vendre ce matériel de surveillance», selon la plainte.

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