Friday, July 22, 2011

Mort d’un suspecté d’attentat « à la fronde » - Brutalité policière ?

Écrit par Hery Mampionona
Vendredi, 22 Juillet 2011 00:30
C’est la dépouille mortelle de Marc Hajamananirainy, dit « Bota », et taximan de son état, porté disparu depuis lundi dernier au soir, qui a été récupérée hier par sa famille à la morgue de l’Hôpital Joseph Ravoahangy Andrianavalona (Hjra) à Ampefiloha. Au vu des traces que le corps présentait, notamment à la tête, le moins qu’on puisse dire est qu’il n’est pas mort de mort naturelle, loin s’en faut. Les investigations menées auprès de cet hôpital ont permis de mettre en lumière que c’est la Police qui a présenté le susnommé aux services de l’établissement. Ce qui est d’ailleurs confirmé par les autorités policières qui avancent un attentat « à la fronde » (sic) sur le cortège présidentiel pour justifier leur action. Les membres de la famille présents à l’hôpital hier ont déclaré ne pas savoir exactement les circonstances de la mort de leur parent, encore moins les causes exactes des éventuelles démêlées de ce dernier avec la police. « On nous a dit que c’était la Bc2 qui était en charge de ce dossier et on y a d’ailleurs récupéré les papiers de Bota. Par contre, là - bas, on nous a renvoyé à la Fip, sans aucune autre explication ».
Contacté par nos soins, un responsable de cette unité de la Police nationale nous a donné sa version des faits. Ainsi, selon la Fip, le décédé aurait été repéré par les éléments postés, le lundi 19 juillet, en balisage sur le parcours présidentiel. Interpellé, il aurait pris la fuite et c’est au cours de la poursuite qu’il serait tombé et que sa tête aurait percuté violemment le sol. Au cours de la fouille au corps qui a été opérée, une fronde avec des projectiles métalliques auraient été retrouvés sur le suspect. Celui - ci a été ensuite enquêté dans les locaux de la Fip. Vers 5h30, se plaignant de douleurs à la tête, il aurait été emmené à l’Hjra où, toujours d’après notre interlocuteur, il était arrivé encore bien vivant.

Attaquer à la fronde une voiture… blindée ?


Les registres de l’hôpital qui nous ont été présentés hier semblent néanmoins contredire cette dernière version. En effet, la main - courante du Service des urgences que nous avons pu consulter ont révélé l’enregistrement de l’arrivée du nommé « Marc » à 5h50, suivi de la seule mention « morgue ». Cela semble vouloir dire qu’aucun soin ne lui a été prodigué puisqu’il était déjà passé de vie à trépas. D’ailleurs, le transfert de son corps à la morgue a été effectué immédiatement après.
Les autorités policières affirment que le suspect serait « une personne douteuse » et que des « recoupements sont en cours » pour confirmer cette thèse. Ce qui n’est absolument pas de l’avis des proches et connaissances de la victime qui la présentent comme un père de famille qui n’a d’autres soucis que de subvenir aux besoins de sa maisonnée et qui, par ailleurs est loin d’être un simple d’esprit. Dans tous les cas, son profil est loin d’un activiste politique, de surcroît d’une idiotie extrême, au point de s’en prendre à la voiture blindée du Président de la République avec une fronde, fut - elle dotée de projectiles métalliques. Un véhicule qui, quelques mois plus tôt, n’avait point cillé lors d’un attentat à l’explosif. Quoi qu’il en soit, au vu des éléments que nous avons pu recueillir, à tout un chacun de se faire une idée sur cette énième affaire mettant en cause les Forces de l’ordre. La thèse d’un attentat « à la fronde » contre la voiture blindée du Président est - elle à prendre au sérieux ? Encore une fois, la victime se serait - elle trouvée au mauvais endroit et au mauvais moment ? Au vu des traces laissées sur le corps, la mort est - elle réellement due à une chute sur l’asphalte ? A quel moment exactement se situe le décès ? Comme toujours, l’enquête le dira, répondra - t - on. Si jamais elle est menée à terme.
Et publiée, bien évidemment… Notons que le taximan vient tout juste d’être père d’une fillette d’à peine trois mois.

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