Tuesday, June 28, 2011

De la viande artificielle pour réduire nos émissions ?




Produire de la viande non plus en élevant des animaux mais en cultivant des cellules musculaires de poulet, de bœuf ou de porc en laboratoire, comme on le fait déjà pour fabriquer de la bière ou des yaourts. Voilà une dizaine d'années que les scientifiques planchent sur des expériences de viande artificielle. Le projet fait en effet miroiter la perspective de pouvoir nourrir une population grandissante qui consomme toujours davantage de protéines. Mais surtout, cette production permettrait de réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre qu'implique l'élevage. Ce sont les conclusions d'une nouvelle étude sur le sujet, menée par les universités d'Oxford et d'Amsterdam.



Selon le rapport, que cite le Guardian, la viande in vitro réduirait de 96 % les émissions de gaz à effet de serre entraînées par l'élevage. Sa production exigerait par ailleurs entre 7 et 45 % moins d'énergie que celle de la viande produite de manière conventionnelle. Enfin, la viande en boîte n'aurait besoin que d'1 % des terres et de 4 % de l'eau actuellement dévolues au bétail, soit une manière efficace de lutter contre la déforestation, l’accaparement des terres et la hausse rapide du prix des céréales.

Car aujourd’hui, 70 % des terres agricoles sont consacrées à l'élevage du bétail et la culture de sa nourriture. Or, la consommation de viande ne cesse d'augmenter. En vingt-cinq ans, elle est ainsi passée de 30 kg à 41,2 kg par habitant, selon la FAO. Et l'agence onusienne pour l'agriculture et l'alimentation prévoit encore une augmentation de la production mondiale annuelle de 228 millions à 463 millions de tonnes d'ici à 2050, tirée par la consommation des pays émergents comme la Chine et l'Inde.

"Les impacts environnementaux de la viande artificielle pourraient être nettement inférieurs à ceux de la viande produite de manière classique, estime Hanna Tuomisto, chercheuse à l'université d'Oxford, qui a dirigé l'étude. Nous ne disons pas que nous devrions ou voudrions remplacer la viande conventionnelle par celle cultivée en laboratoire. Cependant, notre recherche montre que la viande artificielle pourrait être une partie de la solution pour nourrir une population croissante tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre et en économisant de l'énergie et l'eau. Bref, la viande cultivée est potentiellement bien plus efficace et écologiquement viable pour remplir nos assiettes."

Selon Hanna Tuomisto, la culture de cellules musculaires est bien avancée et manquerait seulement de financements plus conséquents. Dans ce cas, les premières viandes artificielles pourraient être introduites sur le marché d'ici cinq ans, sous la forme de carpaccios. Il faudrait toutefois encore cinq années supplémentaires avant de voir de "vrais" morceaux de steaks produits in vitro trôner dans nos assiettes.

Certains scientifiques restent toutefois sceptiques. Selon eux, arriver à une production massive de viande par ce procédé entraînerait des coûts exorbitants et nécessiterait d'énormes quantités d'hormones pour favoriser la croissance et d'antibiotiques pour éviter les contaminations. La solution la plus viable, aujourd'hui, reste donc de réduire sa consommation de viande.

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