Wednesday, June 01, 2011

China town: le baromètre économique d'Antananarivo en berne

Bon nombre de nouveaux venus ont abandonné leurs affaires après six mois à un an d’activité au maximum.

A première vue, on dirait que les affaires marchent bien chez « China Town » compte tenu de l’affluence des gens qui y font du shopping. Pourtant nombreux sont les opérateurs, nationaux et étrangers, qui n’arrivent plus à survivre, et ce, depuis l’avènement de la crise qui perdure encore dans le pays. Ils sont ainsi obligés de fermer leurs boutiques. Même des commerçants chinois, ayant pourtant un bon emplacement dans ce bâtiment commercial, ont plié bagages, a-t-on appris de source locale. Le problème de rentabilité des ventes constitue la principale raison.

Un an d’activité. En fait, au début, de nouveaux opérateurs se lancent dans le secteur du commerce en saisissant les opportunités qui s’ouvrent à eux. Mais ils abandonnent leurs affaires après six mois à un an d’activité au maximum. En 2010, presque la moitié des nouveaux venus ont fermé leurs boutiques avant Noël tandis qu’une vingtaine d’autres opérateurs ont dû mettre la clé de leurs magasins sous la porte depuis le début de cette année, a-t-on évoqué. Il y a également des commerçants qui ont cédé une partie de leurs boutiques aux intéressés, voire même partager un même stand avec leurs pairs. Notons qu’un commerçant peut détenir en même temps trois à quatre boutiques selon ses moyens au sein d’un même bâtiment.

Charges non couvertes. « En fait, nous nous sentons au bout du gouffre car nos recettes de vente ne nous permettent pas du tout de couvrir nos charges fixes », a exposé un opérateur victime. Il s’agit, entre autres, du loyer de la boutique s’élevant au minimum à 200 000 Ariary/mois, des salaires des employés et de la facture de la Jirama. La faiblesse du pouvoir d’achat des Malgaches fortement réduit leur possibilité d’achat d’autant plus que ce sont des articles d’habillement, des accessoires de mode et des articles de décoration qui sont mis à leur disposition. Ce n’est pas une priorité face aux produits de première nécessité. Force est également de constater que nombre des gens qui passent chez « China Town » ne font que la lèche-vitrine, selon les commerçants.

Activités diversifiées. Par contre, seuls les opérateurs qui travaillent avec professionnalisme ont pu résister à la crise jusqu’à maintenant. « Comme stratégie, la majorité d’entre nous ont diversifié nos activités en mobilisant notre épargne constituée il y des années comme fonds de démarrage », témoigne un commerçant. Certains ont ainsi ouvert un petit restaurant ou une gargote tandis que d’autres se mettent dans le commerce des voitures d’occasion ou deviennent des démarcheurs, tout en maintenant leurs boutiques chez « China Town ».

Le pire à craindre. En dépit de tout cela, ils redoutent encore le pire pour l’avenir de leur secteur, même après la crise. « En effet, nos principaux clients sont constitués notamment par des gens résidant dans les régions, qui à leur tour, revendent les articles aux paysans. Si l’Etat n’investit pas ainsi davantage dans le développement rural, ce sera la catastrophe économique étant donné qu’il y a une interdépendance du secteur agricole avec le nôtre », explique un opérateur. Mais avec le peu de moyens que l’Administration déclare disposer, l’amenant au contraire à mener une politique d’austérité, ces professionnels restent dans le doute.

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