Sunday, May 29, 2011

Radama renoue avec les anglais à Tamatave...

L'an 1823, le roi Radama Ier, à la tête de 2 000 soldats Voromahery (faucons) part pour Toamasina afin de rencontrer les Anglais, mais aussi pour tester les eaux de Raosabe et Rasoamasay, deux lagunes des Pangalana situées au sud de Toamasina, reliées entre elles et formant ainsi un véritable lac. Elles se déversent dans la mer, près d'Andevoranto. Selon la légende, les noms de ces eaux proviennent de ceux de deux épouses d'un bigame, hostiles l'une à l'autre et qui se sont données la mort. Rasoabe est la femme principale (vadibe) et Rasoamasay, la seconde (vady masay). Ce qui explique, raconte-t-on, la différence de niveau des deux lagunes.

Une autre légende soutient que, lorsqu'on traverse le lac, il faut garder un silence total, sinon les eaux s'agitent et tourbillonnent, faisant chavirer toutes les embarcations. Radama Ier est déterminé à vérifier la véracité de cette croyance et ce, en dépit des avertissements apeurés de son entourage. Il remplit deux cantines de riz cuit, monte dans une pirogue et commence à faire du tapage, tirant, bavardant, criant, bref « sans aucun respect pour le silence de rigueur ». Mais les eaux restent étales et Radama- avec ses hommes- débarque sain et sauf sur l'autre rive où l'acclame un chef de clan d'Ivondro:

« Bienvenu à toi Radama, le béni de Zanahary, car même Soabe et Soamasay reconnaissent ta souveraineté ».

D'Ivondro, Radama et ses hommes se dirigent vers Toamasina, longeant le bord de l'océan Indien en faisant tirer des coups de fusils et de canons. Quand il arrive aux portes de la ville, de leurs sept navires les Anglais lui répondent, de même avant de débarquer. C'est l'ancien roi des Betsimisaraka, Jean René, devenu le vassal du souverain merina en 1817, qui organise la rencontre entre les deux parties.

C'est près de Toamasina, à Manareza qu'il rencontre aussi pour la première fois, les « ambaniravinkazo » (sous-les-feuilles en opposition aux « ambaniandro », sous-le-soleil qui désignent les Merina), les habitants de la côte Est de Mahavelona à Mananjary, qui viennent lui prêter serment d'allégeance. Les kabary que s'échangent à cette occasion le souverain et les différents peuplades, seront considérés comme un pacte passé entre eux et nul ne peut plus y revenir. L'expression « ambadiky Manareza » est né, dit-on, de cet événement historique.

Pour marquer sa reconnaissance, Radama leur offre un grand festin et avant son départ, au bout de sept jours, le « Roi de Madagascar » leur laisse un grand troupeau bovin. Il installe son cousin Ratefy comme gouverneur commandant des troupes à Toamasina.

Le roi est ses hommes se dirigent ensuite vers Mahavelona où il détruit une stèle érigée par les Français et qui renferme une lettre officielle déclarant que « cette terre leur appartient ». Puis il fait jeter le tout à la mer et confirme devant les Betsimisaraka et les Anglais que quiconque se souvient de cette parenthèse française est considérée comme traître, car « tout a été dit à Manareza ».

De Mahavelona avec 200 hommes, il embarque le 20 juin 1823 sur un navire de guerre anglais, l' « Ariane » commandé par Captain Moorson pour Antogila-Bay. Son itinéraire le mène successivement à Maroantsetra où il installe Rafaralahy et à Iharambazaha où il place Razatovo.

Pour rentrer dans sa capitale, le souverain merina passe par le pays sihanaka. Arrivé au sud d'Amborovy, à Ivohilaza, il campe pour pouvoir se lancer à l'assaut d'Anosin'Alaotra, appelé aussi Anosimboahangy et devenu Îlot Radama. L'attaque commence par la traversée en « zozoro » (radeaux de roseaux) du lac.

Mais durant cette équipée, relate le périodique « Teny Soa... » des dizaines d'années plus tard, l'embarcation d'Andrianavalona et d'Andriantsalama s'écarte un peu des autres car les deux hommes sont terrifiés. Constatant cette légère défaillance, dit-on, Radama se met en colère et rappelle le pacte passé entre les officiers, les soldats et lui-même à Sahafa comme quoi quiconque tournera le dos à l'ennemi, périra par le feu. D'autres versions sont données sur cette défaillance. Quand Anosimboahangy tombe, Andrianavalona est mis à mort puis brûlé à Ambohidava, tandis qu'Andriantsalama est installé à Ambatondrazaka, la dernière étape de cette expédition.

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