Tuesday, May 24, 2011

Les ados règlent leurs comptes sur Facebook





Peu surveillé et peu connu des parents, Facebook est le lieu d’expression privilégié des ados. Mais parfois, ils dérapent .

Faute de contrôle, les adolescents ont conquis la sphère numérique, Facebook en tête, au point qu’ils règlent désormais leur compte par “mur” interposé. Des dérives plus graves ont également émaillé la vie scolaire réunionnaise depuis le début de l’année.

La menace est silencieuse. “Des dérives sur Facebook ? Non, nous n’avons eu aucune histoire de ce genre, mais je touche du bois”, affirme Christophe Courrejou, principal adjoint du collège du 14e Kilomètre, au Tampon. “Un professeur s’est retrouvé en photo sur le profil d’un élève. Ce n’était rien de grave. Nous avons demandé de supprimer ce fichier”, dédramatise le principal d’un autre collège réunionnais. Malgré ces paroles rassurantes et confirmées par de nombreux autres collèges et lycées, Facebook est bien devenu la cour de récréation préférée des collégiens et lycéens. C’est là “qu’on raconte notre vie de tous les jours, assure Bilal, un collégien dionysien. On dit ce qu’on fait, nos sorties, nos activités...” C’est là aussi que les élèves règlent leurs comptes. “Si on n’aime pas quelqu’un ou si un autre a commencé, alors on n’hésite pas. On va sur le mur de l’élève et on l’insulte”, témoigne Karim, scolarisé en 3e dans un collège de Saint-Denis. “Les insultes sur le mur des autres sont plus fréquentes que celles mises dans les statuts. Soit c’est “affectif”, soit il s’agit bien d’un règlement de comptes sous forme virtuelle”, précise Olivier, scolarisé en terminale dans un lycée de l’Ouest. “Ça arrive aussi qu’un élève annonce l’heure et le lieu d’une bagarre pour qu’il y ait du monde qui regarde”, ajoute Farid, également en 3e. Ces combats peuvent ainsi être filmés avec un téléphone portable et mis en ligne sur Facebook ou Youtube (voir encadré).

Harcèlement et vidéos d’insultes

Récemment, un fait divers a secoué la vie scolaire. Des parents ont trouvé sur Internet une vidéo où leur enfant se faisait insulter en direct par plusieurs de ses camarades. Celle-ci était en ligne depuis deux mois. Selon nos informations, ils ont porté plainte et des collégiens ont été entendus. Quelques semaines plus tôt, une autre affaire de harcèlement est remontée jusqu’au rectorat. Un groupe Facebook avait spécialement été créé pour critiquer un élève de classe. “Il ne s’agissait pas de propos mal interprétés comme c’est parfois le cas, mais bien de harcèlement, explique Éric Couleau, proviseur de vie scolaire au rectorat qui ne souhaite pas dévoiler l’établissement concerné par cette histoire. Un travail de fond a été mené. Les parents ont été convoqués pour que l’on explique ce qui s’était passé. Nous avons fini par savoir quel élève avait fédéré le groupe”. Peu conscients des limites à respecter, les collégiens sont très actifs sur Facebook. “Ces problèmes commencent à émerger, assure Éric Couleau. Il s’agit le plus souvent de harcèlement entre élèves. Il suffit que l’un d’entre-eux soit un peu différent pour qu’il soit pris à partie. Ces rapports de domination ne sont pas nouveaux. Mais Internet et Facebook leur donnent une nouvelle dimension”. Peu armés pour lutter contre ce type de violence, les établissements scolaires tentent de réagir. “Nous essayons de faire de la prévention. Pour l’instant, ce phénomène n’est pas extrêmement préoccupant. Mais encore faut-il que l’on ait accès à ce que les élèvent se disent. Aujourd’hui, 90 % du contenu nous échappe”, confie Éric Couleau. Les élèves ont conscience d’être sur un espace de liberté non-contrôlé. “On s’en fout, on se lâche sur Facebook”, ose l’un d’entre-eux. Pour protéger au maximum leurs échanges, ils créent des groupes dont le nom n’a aucun rapport avec leur établissement. “Mais on sait qu’il ne faut pas faire certaines choses, comme mettre des photos de filles dénudées. Sinon, il peut y avoir une plainte contre nous”, affirme un collégien plus impressionné par les sanctions que les blessures psychologiques infligées à la victime

No comments: