Monday, May 30, 2011

“Le tabac tue en silence”


Le tabac est moins bruyant mais il remplit nos hôpitaux et il tue en silence.

Quelles complications peut engendrer le tabagisme ?

Le tabac est responsable de 90 % des cancers du poumon. En France, il est en passe de devenir la première cause de mortalité par cancer, devant le cancer du sein. Il peut provoquer bien d’autres pathologies pulmonaires (bronchite chronique, asthme, emphysème…) limitant terriblement la qualité de vie à cause d’une immobilisation sous oxygène. Il ne faut pas oublier les pathologies cardiovasculaires (infarctus, hypertension artérielle) ou encore les complications neurologiques (AVC, hémorragie méningée…).

Une consommation minime de la cigarette a-t-elle malgré tout des répercussions sur la santé ?

Contrairement à l’alcool, où l’on peut avoir un usage modéré, le tabac est nocif dès la première bouffée. Il n’y a pas de consommation de tabac sans danger. Dès la consommation d’une cigarette, il y a activation de mécanismes toxiques, telle l’hypercoagulation sanguine.

Certains médecins remettent en cause le tabagisme passif. Qu’en pensez-vous ?

Les avis sont divergents mais il y a des cancers du poumon qui sont clairement liés au tabagisme passif. Il ne faut pas non plus être dans un discours hygiéniste excessif mais il y a beaucoup d’enfants qui majorent un asthme à cause d’un environnement tabagique. On sait aussi que c’est un facteur qui peut favoriser la mort subite du nourrisson. Le tabagisme a un pouvoir de diffusion terrible. Par exemple, si une mère fume dans la pièce située à côté de celle où se trouve son bébé, même avec la porte fermée le tabac se diffuse sous la porte et pourra rendre l’enfant malade.

Le tabac doit-il être proscrit durant la grossesse et l’allaitement ?

Déjà, avant la grossesse, il faut savoir que le tabac diminue la fertilité des femmes. Pour les femmes enceintes, on ne sera peut-être pas dans la même notion d’abstinence qu’impose l’alcool mais il y a de réelles conséquences car les toxiques du tabac passent dans la circulation materno-fœtale. Et ce à partir d’une cigarette. Le tabac augmente aussi le risque de faire une grosse extra-utérine et il peut y avoir des conséquences sur le développement du fœtus (bébé plus petit, prématuré…).

À partir de combien de cigarettes consommées est-on considéré comme dépendant ?

La majorité des fumeurs sont dépendants. Pour l’évaluer, nous leur faisons passer le test de Fagerström (1). On estime qu’une personne qui n’arrive pas à s’abstenir de fumer plus d’une journée ou quelques jours à la suite est dépendante. La dépendance, c’est la perte de la liberté de s’abstenir.

Quelles solutions proposez-vous pour un sevrage ?

Pour arrêter de fumer, il faut déjà en avoir envie. Si l’on fume moins de dix cigarettes, on conseille des pastilles nicotiniques. Pour les gens qui fument plus de 10 cigarettes par jour, on considère que les substituts nicotiniques ou les médicaments ont un intérêt. Nous sommes l’un des rares départements en France à bénéficier de subventions du conseil général pour distribuer des patchs gratuitement, dans le cadre d’un soin encadré. L’État offre un forfait de 50 euros par an pour rembourser les traitements contre le tabac et de 150 euros pour les femmes enceintes et les CMU. Mais ce n’est pas assez. Cela couvre seulement deux semaines de traitement. On rembourse les traitements pour l’alcool et l’héroïne mais pas le tabac qui est l’addiction responsable de plus de morts. C’est une politique injuste.

Les deux médicaments utilisés pour le sevrage tabagique (Champix et Zyban) font partie des 77 produits mis sous surveillance par les autorités sanitaires. Cela change-t-il vos prescriptions ?

Ils sont sur la liste car ils risqueraient de provoquer un état dépressif. Mais on ne sait pas réellement si c’est l’arrêt du tabac qui provoque cet état - étant donné que parmi les 4000 substances que contient une cigarette, certains ont un rôle d’antidépresseur - ou bien le médicament. On les prescrit toujours mais on reste prudent. On évite par exemple de le recommander à quelqu’un qui a connu une dépression ou qui montre des troubles cardiaques sérieux.

Êtes-vous favorable à l’interdiction de la vente de cigarettes, comme cela a été soulevé récemment par Jacques Attali ?

La population n’est pas encore prête mais dans une dizaine d’années, on verra certainement des pays faire ce choix d’interdire le tabac. Même si cela rapporte des taxes à l’État, le coût du tabagisme est énorme (maladies, arrêts de travail, incendie…). Pour certains économistes, cela coûterait plus cher que cela ne rapporte. Il est temps que les mentalités changent par rapport au tabac. Le tabagisme est la première cause de mortalité évitable. Pourtant, le gouvernement n’est pas à la pointe de la lutte contre le tabac. Les politiques français considèrent que fumer est un vice plutôt qu’une dépendance. C’est un discours injuste



Dans la ville d'Antananarivo 350 000 paquets sont consommés quotidiennement . Ce chiffre peut doubler pendant les périodes de fête.

« Les Tananariviens figurent parmi les plus grands consommateurs de tabac à Madagascar », a déclaré le Dr Andry Raharison, membre de la Société malgache de lutte contre le tabagisme (SMLT) au Falda à Antanimena, hier. « Nous savons tous que le tabac contribue énormément aux recettes fiscales. Cette situation nous empêche de mener à bien notre lutte », s'est-il plaint.

Le médecin antitabagiste affirme que beaucoup d'adolescents deviennent fumeurs avant d'atteindre l'âge de 12 ans. Ces derniers constituent les principales victimes du fléau.

« Beaucoup de jeunes âgés de 15 à 20 ans ayant pris des éléments hallucinogènes, et atteints de maladies mentales viennent nous consulter », déclare le Dr Andry Raharison. « D'habitude, les maladies provoquées par le tabagisme n'apparaissent que cinq ans après la prise de la première tige », précise-t-il.

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