Wednesday, April 20, 2011

Air Madagascar : il fallait s'y attendre


La Commission Européenne bloque deux Boeing 767 de Air Madagascar. La compagnie est toutefois toujours autorisée à exercer dans l'Union Européenne.
Le verdict est tombé. Après avis « unanime» du comité de la sécurité aérienne réuni du 5 au 7 avril, des restrictions d'exploitation ont été imposées aux deux aéronefs de type Boeing 767 de la compagnie aérienne, Air Madagascar. Selon la Commission européenne, leur interdiction d'exploitation dans l'Union Européenne résulte « de manquements non résolus quant à leur exploitation et leur surveillance ». Cette décision a été publiée hier sur le site de la Commission, et reprise par les grands journaux européens, à l'occasion de la 17e mise à jour des transporteurs aériens faisant l'objet d’une interdiction d’exploitation dans l'Union européenne .
Air Madagascar revèle qu'aucune notification officielle ne lui a encore été remise. Malgré le pessimisme manifesté par le président de la Haute Autorité de la Transition Andry Rajoelina, la décision était attendue ce jour. « De toute façon peu importe leur verdict, nous honorerons nos engagements vis à vis de nos partenaires et de nos clients », communique la compagnie aérienne. Le ministre du Transport, Benjamina Ramanantsoa Ramarcel, a révélé en direct, de la chaîne nationale que des solutions sont déjà recherchées.
« Il est envisageable d'effectuer une convention provisoire avec les autres compagnies afin de garder la part de marché de la compagnie aérienne malgache », rapporte t-il. Une source auprès du ministère du Transport a aussi fait savoir que les deux Boeings pourraient joindre d'autres destinations. « Les appareils fonctionnent encore, mais ils ne suivent pas les normes européennes. Ils pourraient être orientés vers d'autres régions telles que Guanzhou », confie t-elle.
Pas de compromis
Siim Kallas, vice-président de la Commission chargé des transports, a tout de même fait savoir que « la Commission est disposée à coopérer avec les autorités des pays rencontrant des problèmes de sécurité, afin d'y remédier le plus rapidement et le plus efficacement possible ». Mais comme la sécurité demeure la priorité, « la Commission ne peut accepter aucun compromis dans le domaine ». En effet, selon toujours le ministre, la compagnie a rencontré des problèmes de maintenance depuis quelques temps. « Air Madagascar détient une réserve de maintenance de 15 millions de dollars. Des réparations ont déjà été effectuées, mais les contrôles ont encore révélé des dysfonctionnements », raconte t-il.
Comment faire ?

Après la disqualification de ses deux avions de type Boeing 767-300 par la Commission européenne, la compagnie Air Madagascar garde ses vols en Europe. Pour ce faire, « elle a instamment réagi pour conclure un contrat d’affrêtement, avec équipage, d’un Boeing 767–300 de Alitalia pour honorer les vols réguliers de Air Madagascar vers l’Europe », communique le ministère du Transport. Selon le communiqué, cet appareil « bénéficie de la certification officielle émanant de l’Autorité européenne en charge de l’Aviation civile ».
La compagnie est également en train « de finaliser
un contrat d’affrêtement d’un Airbus 330 auprès de la Compagnie Atlas Jet, lequel va servir le même itinéraire ».
Ces solutions seront effectives jusqu'à nouvel ordre. En effet, les parties concernées ne comptent pas rester les bras croisés pendant les mois à venir. « Nous louons un Boeing à Gecas (la maison mère se trouve aux États-Unis) et l'autre à Muzum (une compagnie en Europe). Nous allons leur demander de changer les avions », révèle Jean Razafy Robert, conseiller technique auprès du ministère du Transport.
Autres destinations
Le Boeing appartenant à Gecas est en service depuis 20 ans et celui de Muzum,
19 ans. Le premier opère à Madagascar depuis sept ans et l'autre, quatre ans. Leur contrat de bail devrait durer jusqu'en 2016. Mais l'Aviation civile de Madagascar et Air Madagascar espèrent une modification du contrat, suite à la décision de la Commission européenne.
Actuellement, la perspective d'achat d'un nouvel avion n'est pas évoquée. « Si la compagnie possèdait 20 à 30 avions, l'achat d'un nouvel appareil serait intéressant. Pour le cas de Air Madagascar qui ne possède que 10 avions outre les deux Boeing, ce n'est pas indiqué », explique toujours le conseiller technique. Par ailleurs, avec les solutions actuelles, « les deux Boeing pourront encore être fonctionnels en Afrique ou en Asie, où la demande est plutôt importante. La sécurité ne sera pas du tout négligée », souligne le ministre du Transport, Benjamina Ramanantsoa Ramarcel. Ce dernier point ne semble pas du tout rassurer les passagers. « J'aurai du mal à monter dans ces avions. Si la Commission européenne a pris ces décisions, c'est qu'ils ne sont pas fiables. Surtout que c'est la sécurité qui est remise en cause », craint Li Xiahnu, un homme d'affaires chinois qui fait régulièrement Tana-Guangzhou et retour.

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