Wednesday, February 09, 2011

Se donner le beau rôle est un sale métier


Il ne faut pas confondre Antananarivo et Hollywood. Si fin de la « crise » il doit y avoir, il ne faut s’attendre ni à un « Happy End », ni à une sanglante apocalypse à grand spectacle.

Autrement dit, la fin de la « crise » risque de ne pas être très différente de la « crise » elle-même. Les deux camps protagonistes principaux de la crise se ressemblent sur tellement de points que la moindre différence entre eux s’en trouve obligatoirement exacerbée. Ils ne peuvent exister qu’en exagérant leurs différends et en mythifiant leur caractère prétendument unique. C’est aussi pour ces deux camps la meilleure manière de faire barrage à tout éventuel troisième larron qui pourrait avoir la tentation de tirer les marrons du feu.

Sauf que les choses en arrivent à prendre des proportions ridicules. L’hollywoodisation ces jours-ci des événements du 7 février 2009 nous a amené dans des abîmes. À trop vouloir se donner le beau rôle, nos amateurs d’Hollywood rédigent un scénario digne d’une fort mauvaise série Z et sont aussi crédibles comme interprètes qu’un enfant de 4 ans jouant Macbeth.

À en croire les uns, la montée vers le palais d’État d’Ambohitsorohitra aurait dû être une promenade de santé bon enfant, et ne présentait aucun risque. À en écouter d’autres, on en croirait presque que la garde présidentielle n’aurait pas tiré une seule balle et les manifestants se seraient tués ou blessés entre eux et que tout cela n’était qu’une manipulation. Les deux versions ne seraient que risibles s’il n’y avait pas des témoins, des photos, des enregistrements vidéo ou audio et des cadavres qui mettent en évidence qu’elles sont toutes les deux caricaturales.

Qu’un Norbert Lala Ratsirahonana ait pu tenir les propos « s’il est nécessaire de recommencer, alors on va tout recommencer » au sujet de sa participation dans le renversement du régime de Marc Ravalomanana et l’installation de Andry Rajoelina au pouvoir dépasse l’entendement. De tels propos qui font bien peu de cas de la vie humaine sont déplacés dans ce contexte. Même si Andry Rajoelina avait pu avoir, du moins avant le 26 janvier, la sympathie d’une partie de la population excédée des abus d’un Marc Ravalomanana, cela ne justifiait en rien la prise du pouvoir à n’importe quel prix dont le 7 février constituait une étape. Faut-il lire dans ces propos la frustration d’un homme qui se vengerait de n’avoir jamais pu accéder à un poste significatif par la voie des urnes ?

Mais inversement, qu’un Marc Ravalomanana ait été élu ne l’autorise pas à se faire le vecteur de certaines fables. Cela ne blanchit pas non plus son régime de toute responsabilité dans la conduite de la dispersion de cette manifestation

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