Monday, February 21, 2011

Ampopoha Ibity. La ruée vers l'or menace l'aire protégée


Un prétendu filon attire du monde du côté de la commune rurale d'Ibity. Les flancs de la montagne près d'une aire protégée commencent à être criblés de trous. Un projet de promotion touristique risque de tomber à l’eau.
Depuis les sept semaines où une famille d'éleveurs de boeufs a trouvé de l’or, près de 5 000 personnes sont actuellement venues à Ampopoha Ibity pour en chercher.
L'exploitation a commencé au pied de la montagne près du bord de la rivière Sahatany. Elle tend à présent à empiéter sur le périmètre de l'aire protégée. Ce qui risque d'endommager, voire détruire la flore caractéristique du lieu, dont le pachipodium, ainsi que les grottes. L'Office régional du tourisme du Vakinankaratra aura alors beau l'inclure dans son circuit, en vain.
C'est l'exode provisoire sur un rayon d'une quinzaine de kilomètres autour du chef-lieu de la commune rurale d’Ibity, dans le district d’Antsirabe II. Des gens arrivent avec bêches, barres à mines, et tamis, ainsi d'ustensiles de cuisine. Une fois installés, ils commencent à délimiter l’endroit où ils veulent travailler, en creusant un trou.
« La recherche d’or n’est pas du tout un travail de paresseux. Elle exige de la force, de la sincérité et de la patience », note Jean-Baptiste Rakotovahiny, un père de famille originaire de la commune rurale de Manandona. Il est venu à Ibity avec cinq autres hommes de son fokontany. En fait, ils se sont organisés de façon à optimiser et alléger la besogne de la chasse à l'or.
« Une seule personne ne peut pas effectuer efficacement les travaux », explique-t-il, tout en affirmant que son groupe a déjà obtenu 10 g d'or au bout d'une quinzaine de jours. Il compte en trouver encore, avec optimisme.
« Un d’entre nous s’occupe du creusement du trou qui peut atteindre 20 m. Deux autres remontent la terre, laquelle sera tamisée par au bord de la rivière Sahatany », précise Jean-Baptiste Rakotovahiny.
« Afin de bien répartir les tâches et de pouvoir partager équitablement le fruit de nos labeurs, nous effectuons une rotation des postes de travail respectifs », ajoute-t-il.
Des profiteurs
Le travail est dur et fatiguant, ils arrivent néanmoins à faire cinq allers-et-retours pendant la journée, pour pouvoir au bout du compte tamiser deux sacs de terre plus ou moins aurifère.
Outre les milliers d'orpailleurs, plus d’une centaine de personnes se sont installées autour et près du gisement pour monter leurs commerces.
Les collecteurs achètent le décigramme d'or à 6 000 ariary, et s'acquittent par jour de la somme d'Ar 200 en faveur du fokontany d'Ampopoha.
« Nous n’obtenons que 2 à 4 grammes de poudre d’or par jour et c’est rare que des gens nous vendent une pépite », témoigne Nina, venu exprès d’Ambositra pour collecter de l’or.
Si cette catégorie de personnes se plaint de ne pas gagner assez d'argent, d'autres sont satisfaits de leurs chiffres d'affaires, à l'instar des gargotiers.
« J'ai préparé de la nourriture pour Ar 50 000, et à cette heure, j'ai déjà 130 000 ariary en poche, soit près d'Ar 80 000 de bénéfice », se réjouit Julienne, une gargotière originaire d'Antsirabe.
Les marchands de produits de première nécessité, et d'autres marchandises comme les piles, les lampes de poche et autres briquets sont légion au bord de la Sahatany. Un bidonville commence à pousser inexorablement.
Comme les orpailleurs sont à la recherche de richesse, ces marchands en profitent pour augmenter leurs marges bénéficiaires. Ainsi, le kapoaka de riz est vendu à Ar 550, alors dans la commune d'Ibity il est écoulé à Ar 400.
De même, l'eau potable est indispensable et assez rare pour le site, il faut débourser Ar 100 pour étancher la soif avec une tasse d'eau.

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