Wednesday, January 05, 2011

Ravalomanana et les mercenaires

Marc Ravalomanana se trouve au pied du mur. Même l’Afrique du sud chez qui il a trouvé refuge depuis sa démission de mars 2009 et son court exil au Swaziland, le suspecte aujourd’hui d’avoir préparé quelque chose contre Madagascar.

D’après le magazine « Jeune Afrique », en effet, la Justice sud-africaine vient d’ouvrir une enquête sur le projet de recrutement de mercenaires par Marc Ravalomanana en 2009. Ce projet a été dévoilé le 6 décembre 2010 après que Wikileaks ait publié un télégramme de l’ambassade américaine à Paris en date de juin 2009 indiquant que l’ancien président malgache avait essayé de recruter des mercenaires en France, trois mois après sa fuite.

Aucun autre détail n’est rapporté par le site pour la simple et bonne raison que 9 pages ont été sciemment déchirées du document publié. La justice sud-africaine devra se résoudre à demander ces détails au gouvernement des Etats-Unis. Ce dernier sera-t-il coopératif ou se refugiera-t-il derrière le délai légal de 10 ans de respect du secret d’Etat ?

L’édition de Jeune Afrique de lundi qui annonce cette action sud-africaine, semble se pencher vers la seconde hypothèse en estimant notamment que s’il a toujours obtenu le soutien des Etats-Unis, Marc Ravalomanana n’est plus en odeur de sainteté auprès des Anglo-saxons. « Leur plan se rapproche désormais beaucoup de celui des Français » qui propose que les trois anciens présidents (MM. Zafy, Ratsiraka et Ravalomanana) ainsi que Andry Rajoelina ne se représentent pas à la prochaine élection présidentielle, libres à eux de briguer un mandat après le premier quinquennat de la IVème République.

D’après notre confrère, « même la communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et l’Afrique du sud, longtemps les plus rigides sur le cas Ravalomanana, sont d’accord » sur cette proposition.

En plus clair, « Jeune Afrique » semble laisser entendre que les Etats-Unis pourraient témoigner contre Marc Ravalomanana, devenu de plus en plus encombrant. Dans ce cas, M. Ravalomnana devra se résoudre à chercher un autre pays pour se réfugier car l’Afrique du sud ne badine pas que son territoire serve de base pour attaquer un pays voisin et surtout partenaire au sein d’une même organisation. Devant l’évolution de la situation sur le terrain, les autorités sud-africaines mais aussi l’ensemble de la communauté internationale se penchent de plus en plus sur la position à tenir : rester intransigeant sur les conditions de sortie de crise ou penser davantage à l’avenir proche au risque de se faire devancer par les autres puissances en matière d’exploitation des ressources de Madagascar ou tout simplement en termes d’influence ?

En tout cas, aucun pays au monde ne tolère plus qu’un exilé se serve de l’hospitalité du pays hôte pour organiser des violences contre un autre Etat. On se souvient qu’en juin 2002, Didier Ratsiraka était également accusé d’avoir recruté des mercenaires en France. Composé de 12 hommes, ce commando était conduit par un certain Garibaldi, ancien camarade du tristement célèbre Bob Dénard. Le Falcon 900 qui les transportait depuis l’aéroport du Bourget, fut retenu par les autorités tanzaniennes à Dar-es-salam et dut revenir en France pour atterir 48 heures plus tard à Lyon.

Le commando était recruté par l’entourage de l’Amiral Ratsiraka. A l’époque, RFI avait rapporté l’explication de l’ancien ambassadeur Malala Zo Raoilison, depuis décédé, que ces hommes étaient des spécialistes de la sécurisation de certains lieux publics. « Si cela pose des problèmes à des pays amis, et bien que l’avion fasse demi-tour ! On va se former par correspondance».

L’histoire n’est-elle effectivement qu’un éternel recommencement ? Toujours est-il que les révélations de Wikileaks ont suscité de vifs débats au sein des GTT (les partisans de Marc Ravalomanana en France) qui s’étonnent que leur « idole » s’est tourné vers l’Hexagone pour chercher une solution, sa francophobie étant. D’autres soulignent que c’est au sein même des GTT que la mission de recrutement a été confiée, en cherchant prioritairement des Malgaches qui ont fait la légion étrangère. L’opération ayant échoué mais M. Ravalomanana peut risquer gros si effectivement il y a eu tentative de recrutement de mercenaires. Il risque l’expulsion.

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