Tuesday, January 18, 2011

Le prix du riz demeure un problème cornélien

Les paysans risquent fort de voir se rééditer l’importante chute du prix du riz local pour la prochaine récolte, alors qu’ils ont beaucoup aidé l’économie du pays à ne pas sombrer dans l’abîme depuis 2009. « La source de ce problème ne sera rien d’autre que les mesures prises pour le riz importé dont le prix est fixé à 1 180 ariary/kg. Pour l’heure, ce produit est encore rare sur le marché, alors que l’arrivée des prochaines cargaisons coïncidera fort probablement avec celle de la première récolte de riz local. Et ce sera la catastrophe pour les paysans car ils devront suivre l’évolution des prix sur le marché s’ils veulent écouler leur production. Or, le coût de production ne cesse pas d’augmenter ». Cette explication est d’un spécialiste de la filière riz. Avec la parité fixe ariary/dollar fixée à 2 000 ariary pour 1 dollar et la réduction du frais de magasinage et de débarquement pour le riz importé, il craint fort que les paysans ne soient de nouveau les victimes d’un recul très important des prix du riz d’ici quelques semaines. Pour corser les choses, le pays dispose encore d’un stock de 136 000 tonnes de riz local. Ce stock a fait l’objet d’une rétention et de spéculation pendant plusieurs semaines. Mais au lieu de réguler le stock de riz local, l’Etat a pris la décision de « subventionner le riz importé » avec les mesures citées plus haut.

D’après notre interlocuteur, l’Etat risque ainsi de perdre sur plusieurs tableaux : il enregistrera des pertes avec la parité fixe ariary/dollar, une perte estimée à 2,5 milliards d’ariary ; les paysans qui ont sauvé l’économie au fort moment de la crise risquent de replonger dans une pauvreté accrue, le marché du riz pourrait être bouleversé au risque de conduire le pays dans une nouvelle crise du riz comme c’était le cas en 2004… Notre interlocuteur estime que si l’Etat veut subventionner les prix du riz, il ne devrait pas le faire en faveur des importateurs dont les activités sont loin de générer les mêmes avantages que les activités agricoles. Celles-ci créent des emplois avec à leur actif 73% des femmes et 74% des hommes de la population active selon les données officielles. Elles génèrent ainsi des revenus et contribuent à la redistribution des revenus sur une large base. Si elles bénéficient d’un appui plus fort de l’Etat, elles devraient aider le pays à sortir une bonne frange de la population de la pauvreté. Il fut un temps où l’Etat a décidé de subventionner les intrants via des Institutions de microfinance (IMF). Cette décision a hérissé les poils des bailleurs de fonds qui ne jurent que par le libéralisme effréné. Or, la pauvreté est essentiellement rurale et ne permet plus à la plupart des paysans de disposer des intrants nécessaires pour augmenter le rendement. Les grandes localités comme la capitale sont durement touchées par ce fléau non pas en permanence mais lors de crises politiques pendant lesquelles la pauvreté affecte de nouvelles franges de la population urbaine et plonge les plus pauvres dans la misère noire.

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