Saturday, January 15, 2011

Ranavalona III.


Née le 22 novembre 1861 à Amparibe (Antananarivo), la princesse RAZAFINDRAHETY est la fille de la princesse RAKETAKA et d’ANDRIANTSIMIANATRA (Ambohimanga).

Elle épousa le prince RATRIMOARIVONY (Ambatomanoina), troisième enfant du prince RAMAHATRARIVO (frère de la Reine RANAVALONA II) et adopté par la Reine.
La reine RANAVALONA II étant gravement malade et n’ayant pas de descendants directs, le premier Ministre RAINILAIARIVONY se devait de préparer sa succession : plusieurs prétendants (classés en fonction de leur caste d’appartenance dans la lignée royale) étaient pressentis pour prendre la couronne.
Il est à noter qu’à la mort du roi RADAMA II, le premier Ministre institua que les reines devaient devenir ses épouses (pour garantir l’unité du royaume). Ainsi, une grosse polémique tourne autour du choix de la succession de la Reine régnante :

- La princesse RAKALOBE, fille du prince RATSARARAY, lui-même fils du roi ANDRIANAMPOINIMERINA et de la princesse RAFOTSIRAHISATRA (appelée aussi RAHISATRA, fille du prince RAMISAMANJAKARIVO, frère du roi ANDRIAMBELOMASINA) aurait due succéder à la Reine RANAVALONA II. Mais elle refusa de monter sur le trône car elle devait se séparer de son époux, le prince RAMANANTSAHALA et de ses enfants.

- La princesse RAMPELASINORO, fille du prince RAMAHATRARIVO et adoptée par la Reine RANAVALONA II, fut pressentie pour monter sur le trône. Elle déclara : "Izaho tsy hanambady ny vadin’i Neny" (je ne veux pas épouser le mari de Mère).

La troisième prétendante au titre est la princesse RAZAFINDRAHETY. A la fin du règne de la Reine RANAVALONA II, la jeune princesse était mariée. Pour exécuter ces projets, RAINILAIARIVONY devait éliminer le jeune prince RATRIMOARIVONY.

Prétextant que le prince avait mauvaise mine, le premier ministre lui dit : « Tu es malade, rentre dans ta chambre, je vais t’envoyer un médecin ». Il y a été enfermé durant une semaine et retrouvé mort le 7 mai 1883 à seulement vingt et un ans, des soins du soi-disant médecin, délégué par RAINILAIARIVONY.
Véritable intrigue, un caveau fut construit par la Reine RANAVALONA II en l’espace de cinq jours. Terminé le 12 mai, le prince RATRIMOARIVONY y est enterré le dimanche 13 mai, à côté du tombeau ancestral, à Ambatomanoina.

La reine meurt le 30 juillet 1883 ; la princesse RAZAFINDRAHETY est couronnée reine le jour de son anniversaire, le 22 novembre 1883, à Mahamasina, sous le nom de RANAVALONA III. Elle n’a alors que 22 ans.

Conformément aux modèles établis, le premier ministre devient son époux officiel.

A son intronisation, le pays est sous le joug de l’impérialisme colonialiste, la jeune souveraine connaît alors un début de règne difficile et due faire face à une pression constante des autorités françaises.

Une guerre d’usure s’installe de 1883 à 1885, les habitants de l’île se dressèrent contre l’envahisseur. Le gouvernement se lance dans une modernisation rapide du pays afin de montrer que c’est un Etat civilisé et indépendant. Les français bombardent les ports du nord et de l’est, et s’empare de Tamatave.
Sans attendre, la fin des négociations sur la délimitation de la zone française, la marine s’empare de Diégo-Suarez et de ses environs.
En décembre 1885, le royaume tombe sous un régime de protectorat (démenti par la reine et le premier ministre) : la politique étrangère et les finances sont sous le contrôle de la France.
Ce traité fragile et aux termes obscures ne garantie nullement la paix et oblige Madagascar à payer une indemnité à la France.
Pour ce faire, le gouvernement malgache contracte un emprunt auprès du Comptoir Nationale d’Escompte de Paris (CNEP), les revenus douaniers de ses six principaux ports (Tamatave, Majunga, Fénérive, Vohémar, Vatomandry et Mananjary) y sont gagés.
Des immenses concessions sont cédées aux français : exploitation forestière, extraction de cuivre dans le pays Betsileo, concession aurifère dans le Boina.
Les revenus insuffisants des taxes douanières et les objectifs prévus des concessions accordées aux étrangers non atteints pour payer l’emprunt due au CNEP, obligent le gouvernement à multiplier les taxes et augmenter les corvées.
Luttant contre cette injustice, certains refusent d’exécuter les tâches, d’autres pillent et attaquent les villes.

Un lourd sentiment d’insécurité plane dans le pays et les tentatives du gouvernement de desserrer l’étau français sont vaines et n’aboutissent qu’à la crise de 1894, puis à l’invasion coloniale de 1895.
En effet, profitant de cette situation, le parlement français propose un réel projet de protectorat aux instances malgaches.
Essuyant un refus, les élus français votent à la majorité la guerre. L’invasion commence en 1894 sous le commandement du général Duchesne. L’armée française met en déroute les troupes régulières de la reine, et s’empare de la capitale le 30 septembre 1895.


Ainsi, un traité de protectorat a été signé le 1er octobre 1895.

Le 15 octobre, le premier ministre RAINILAIARIVONY fut destitué de ses fonctions par les généraux français, et assigné à résidence surveillée. Il est remplacé par RAININTSIMBAZAFY.

Face à la déroute de la capitale, les ruraux se mobilisent pour défendre leur terre.
Le soulèvement d’Amboanana qui éclate le jour du Fandroana en Novembre 1895 (anniversaire de la Reine et fête nationale à l’époque), marque le début de la résistance populaire à la conquête française et est mené par les "Menalamba" (littéralement les toges rouges, car ces rebelles coloraient leurs vêtements avec la terre rouge du pays pour se fondre dans le paysage et ne pas être vu de loin).

Malheureusement, ce mouvement de résistance déchante à cause d’une très sévère répression menée par des détachements de l’armée d’occupation et d’un manque de coordination entre les différents mouvements d’insurrection dispersés dans le pays.

Le nouveau gouverneur, Hippolyte Laroche oblige la Reine à signer un traité de "prise de possession", le 18 janvier 1896.

Le premier Ministre RAINILAIARIVONY est exilé hors de l’île, mais la Reine conserve symboliquement ses pouvoirs (fictifs).
Madagascar est déclaré colonie française à compter du 6 août 1896 par l’Assemblée nationale française.
La nuit du 28 février 1897, la Reine et sa famille proche sont arrêtés par surprise par le général Gallieni, gouverneur général, et envoyés en exil à l’île de la Réunion, puis en Algérie.

A titre anecdotique, la Reine entreprit quelques visites de la métropole française. Bien qu’exilée, la Reine demeura un chef d’Etat respectée, voire acclamée : ces visites dans la ville d’Arcachon en témoignent, la foule en liesse criait : "Vive la Reine" ; et de belles résidences sont mises à sa disposition, notamment celle de Fontainebleau (Seine-et-Marne dans la région parisienne).

Discour de la Reine RanavalonaIII à Andohalo avant sa déportation à Alger. Le départ de la Reine RANAVALONA III met officiellement fin à la monarchie merina, remplacée par un régime colonial.

Pour prévenir toute révolte, les autorités coloniales procèdent à une fouille de la capitale et ses environs afin de trouver tout Andriana (nobles) de la lignée royale susceptible de reprendre la lutte contre les colons.

La reine RANAVALONA III est décédée le 23 mai 1917 à Alger (en Algérie).
Ses cendres ne furent rapatriées que le 10 octobre 1938 et reposent maintenant auprès des siens au Palais de la Reine, à Antananarivo.
Elle fut la dernière Reine de Madagascar.Le camp militaire de Mahamasina

Mahamasina après démantèlement du camp militaire.
Ranavalona III à Mahazoarivo
15 mai 1883 : bombardement et occupation temporaire de Majunga par l’Amiral Pierre.
11 juin 1883 : occupation de Tamatave par l’Amiral Pierre - Révolte Tanosy
1884 : Rénovation du Fokonolona.
17 décembre 1885 : traité de pseudo-protectorat français de Madagascar
Janvier 1890 : prise de Soalary par le prince RAMAHATRA
5 août 1890 : accord franco-anglais sur le partage de Madagascar et de Zanzibar.
1894-1895 : seconde guerre franco-malgache
12 décembre 1894 : prise de Tamatave par le commandant Bienaimé.
14 janvier 1895 : prise de Majunga par le commandant Bienaimé
28 juin 1895 : le général Rainianjalahy livre la bataille de Tsarasaotra
27 août 1895 : bataille d’Andriba
30 septembre 1995 : capitulation d’Antananarivo
Fin 1895 : insurrection de Rainizafivoavy
Mars 1896 : insurrection de Rabozaka, Rabezavana et Rainibetsimisaraka
Juillet 1896 : insurrection de Rataizambahoaka
6 août 1896 : annexion de Madagascar au territoire français


Antaninarenina 1962

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