Tuesday, November 02, 2010

Randonnée à Ambohitrabiby












Ambohidrabiby

Ambohidrabiby fait partie des 12 collines sacrées de l'Imerina et était le chef-lieu des Mandiavato et la capitale du royaume de Ralambo 1575 1610 qui partit d'Alasora.

La naissance miraculeuse de Ralambo

Pour imposer son autorité, Ralambo disposa de la réputation que lui procura une naissance inespérée et quasi miraculeuse. Fille du roi d’Ambohidrabiby, sa mère, Ramaitsoanala, “Dame verte/noire en forêt”, était aussi bien l’héroïne d’un mythe. Dans celui-ci, Imaitsoanala est la célestielle fille d’une divinité marine, dame Oiseau ou Ivorombe.
Après de multiples épreuves dues aux deux épouses terrestres du Prince et contre la volonté mais avec l’aide de sa mère oiseau, elle défit ses rivales et devient la seule épouse d’Andriambahoaka, “Prince du peuple des embouchures”, qui l’aimait, et donna naissance à un garçon, également appelé Andriambahoaka. Elle sera donc à l’origine d’une nouvelle dynastie ressourcée en mer et dans sa célestialité, tandis que ses deux rivales avaient prouvé leur terrestre stérilité.
Auréolée d’une telle histoire, Ramaitsoanala, dès lors appelée Randapavola, ne pouvait donner naissance à un prince dans les conditions de la commune humanité. La procréation
fut d’ailleurs difficile. La naissance de Ralambo suivit six échecs (fausses couches et mort en bas âge) qui furent autant d’épreuves.
Pour sa septième grossesse le chiffre sept étant ici celui de la mort, il fallut un devin pour savoir où l’accouchement aurait lieu. Ce ne pouvait pas être sur la rive Sud de l’Ikopa où se situe Alasora, mais sur la rive Nord, là où se trouve idéalement la direction du pouvoir, sans pouvoir être non plus chez ses parents, à Ambohidrabiby, comme l’aurait voulu la coutume populaire.
Ce fut à Ambohibaoladina, non loin d’Ambohimalaza, qu’elle accouchera dans une maison en forme de bateau (kisambosambo) que ses suivants avaient édifiée et qui évoquait les bateaux
transocéaniques des origines. La délivrance eut lieu au premier jour du mois du bélier (Alahamady) et Randapavola devint Rasolobe, “Grande Princesse relique”, seule remplaçante
des anciennes reliques.
Un sanglier (lambo), dit la tradition populaire, vint traverser la maison et donna son nom au nouveau-né. Mais il semble bien qu’il s’agisse là d’une réinterprétation, et songeant, dans le contexte, à ses rapports avec le zébu, on ne peut que penser que le souvenir du Sud-Est asiatique était toujours vivace et que, dans ce cas, lambo signifie “bœuf”, comme dans la langue des origines.
Jean-Pierre Domenichini et Bakoly D. Ramiaramanana

Ralambo et l’Imerina ambaniandro

Mettant en évidence l’erreur de la pensée théorique dominante qui avait cru pouvoir poser que les sociétés de l’oralité n’avaient pas d’histoire ou, si elles en avaient une, que ce ne pouvait être qu’une histoire répétitive, illustrant de façon “cyclique” une servile soumission à une tradition que l’on croit figée, l’histoire des Hautes Terres centrales, au XVIe siècle, est marquée par l’émergence du Royaume Imerina. Après sa victoire sur les Manisolta d’Alasora, Andriamanelo, dit la tradition royale, déclara :
“Les Vazimba sont désormais partis, engagés sur le chemin de l’exil. L’usage des sagaies a permis de les vaincre et, immanquablement, deviendront miennes toutes ces terres soumises au jour, car seul peut dominer le soleil.”
C’est ce programme, moteur de la marche triomphale des andriana dès avant le temps d’Andrianerinerina, qu’il mit en œuvre et que Ralambo, soutenu par le peuple hova “également fidèle à la mémoire d’Andriamanelo”, se fit un devoir de poursuivre.


Portés par la force et le dynamisme de la tradition bien prise et comprise et, à l’évidence, bons connaisseurs de l’histoire des andriana depuis le point de dispersion de Maroantsetra, sur la côte Nord-Est de l’Ile, Andriamanelo et Ralambo furent avant tout des princes capables de se projeter vers le futur et d’innover, en malmenant au besoin les idées reçues.
Animés par une véritable volonté de puissance mais sans doute aussi conscients des avantages de l’union, en un temps où les Hautes Terres étaient déjà la cible des razzias nourrissant la traite des esclaves, ils surent mener la conquête des terres et de leurs habitants tant dans la guerre que dans la paix.
La violence n’est pas toujours, comme on le prétend, la principale accoucheuse de l’Histoire. La formation du territoire d’Imerina le prouve, qui fut surtout le résultat d’une politique d’alliances matrimoniales conçues par des Andriamanjaka sachant parfaitement, d’une part, se situer sur l’arbre généalogique commun pour profiter de l’idéal du fanjakana tsy afindra (tendant à conserver l’héritage du fanjakana dans la famille) et, d’autre part, jouer des diverses dispositions des règles ancestrales de succession.
Elle bénéficia aussi c’est le rôle du hasard en Histoire de ce que la durée cumulée des règnes d’Andriamanelo et Ralambo dépassa soixante ans, permettant le suivi de cette politique.

La quête d’héritages

Déjà, Andriamanelo, en demandant en mariage Ramaitsoanala, fille du roi d’Ambohidrabiby, savait que ce prince de Kaloy avait été appelé au fanjakana par le peuple d’Ankotrokotroka le futur Ambohidrabiby qui, par la même occasion, lui offrit d’épouser Ramaitsoakanjo, héritière des droits sur la terre non seulement en ce lieu, mais à Ambohimanga et en Andringitra.
Alors, venu faire sa demande à Rabiby, il y mit la condition d’être d’abord reconnu pour fils en parenté classificatoire avant d’être agréé comme gendre appelé à avoir surtout des obligations à l’égard de ses beaux-parents.
Reçu en fils, Andriamanelo, épousant Ramaitsoanala, faisait un mariage préférentiel ouvrant des droits : dans le futur, lui et son fils devaient hériter du fanjakana de leur père et grand-père. Et ce fils devait, de plus, recevoir de sa mère, Ramaitsoanala, les droits sur les terres qu’elle tenait de sa propre mère, Ramaitsoakanjo.
Dans cette politique d’ouverture de droits, le poids de la volonté d’Andriamanelo fut grand dans les alliances matrimoniales contractées par son fils Ralambo. Notamment en ce qui concerna les mariages avec Rabehavina et avec Ratsitohina qui, bien que les souverains, étant “d’essence divine”, soient au dessus de l’inceste Ny Andriamanjaka Isy manam-pady, se serait soumis au rituel de levée d’interdit pour servir d’exemple à la société humaine.
Ralambo épousa d’abord Rabehavina, “Dame aux grandes boucles d’oreille”, fille d’Andriamamilazabe, grand prince ayant hérité de la branche andriana de Vodivato, et de la sœur de Rabiby, laquelle possédait des droits sur Kaloy.
Vraie Princesse du Ciel (Andriambavilanitra), comme en atteste la couleur blanche incluse en son autre nom de Rafotsimarohavina, elle devait hériter et des droits sur la terre dont sa mère était titulaire et des droits à la seigneurie de son père, comme en témoigne son troisième nom de Ratompokoamandrainy, qui impliquait qu’elle fût servie à l’égal de son père.
De fait, épousant cette Dame, Ralambo épousait la cousine germaine croisée de Ramaitsoanala, autrement dit sa mère classificatoire. Et de cette union allaient naître une fille, Ravaomasina, et un fils, Andriantompokoindrindra.
Plus tard, selon ce qu’avait décidé son père après le meurtre d’Andriamananitany, Ralambo prit pour épouse Ratsitohina, qui était à la fois sa cousine germaine croisée puisque fille de Rafotsindrindramanjaka, la sœur de son père, et sa nièce, puisque fille d’Andrianamboninolona, son cousin germain parallèle, c’est-à-dire son frère classificatoire. Et de cette union allait naître le futur roi Andrianjaka.

La constitution du territoire

En revanche, rien n’est dit d’un autre mariage, si ce n’est que, quand la tradition cite le nom des enfants, elle nous apprend qu’ils naquirent d’une autre mère (hafa reny).
Mais on peut se demander, au vu de faits ultérieurs, si elle n’était pas une descendante d’Andrianakotrina, dont on aurait espéré, aussi important qu’une ouverture de droits sur la terre ou sur l’exercice du pouvoir, un partage de richesses, semences et techniques éprouvées de longues date en matière de riziculture.
Quoi qu’il en soit, “exécuteur testamentaire” d’Andriamanelo, Ralambo devait en priorité se soucier d’assurer, aussi étendues que possible, les bases territoriales de la royauté.

Les collines boisées

Ralambo régna à Ambohidrabiby au nord-est de Tana, et de là, murit la stratégie pour l'agrandissement du royaume. Il fit jouer son fils Andrianjaka encore jeune à Ambohimanga, une belle colline boisée où il n'y avait pas encore de roi, mais était habitée par des Vazimba, premiers occupants de l'Ile, de même que la colline d'Analamanga (future Antananarivo). Il chassa le célèbre roi vazimba"manipulateur de foudre" Andrianafovaratra de la colline Merinkasinina ( Imerinkasinina Merikasinina Imerikasinina ), entre Ambatomanga et Ambohimangakely..
Il fut, dit-on, le premier à avoir goûté à la viande de zébu (hen'omby, appelé encore jamoka par les Vazimba). Il institua la fête du bain royal lors de l'Alahamady, premier mois de l'année dans l'astrologie malgache. Il organisa la vie et l'emplacement géographique des castes d'Andriana (hiérarchie des nobles):
- Andriantompokoindrindra, son fils aîné qui accepta le leadership de son cadet Andrianjaka;
- Andriandranando, son oncle époux de la soeur de son père
- Andrianamboninolona, son cousin fils du frère de son père assassiné
Ceux-là l'aidèrent à développer le royaume naissant du nord et du sud de l'Imerina. Restait à "conquérir" la colline d'Analamanga sur les Vazimba", tâche que son fils Andrianjaka mènera à bien par la suite.

Rabiby, beau-pére de Ralambo était astronome (Habib en arabe) et avait donné son nom à la colline où il résidait (la colline de Rabiby) et qui s'appelait auparavant Ankotrokotroka.

Andrianampoinimerina installa ici Rasendrasoa sa première femme et qui fut ensevelie par la suite dans le grand tombeau à côté de celui de Rabiby.

On peut admirer ici également en plus de nombreux autres vestiges, une grande marmite en fer que Jean Laborde a utilisé à Ilafy pour la fabrication de poudre mais qui fut transféré ici par la suite en 1857.

Comme son père à Alasora, Ralambo prit soin d’affirmer son pouvoir en faisant d’Ambohidrabiby sa seconde capitale. Il en organisa l’occupation en tenant compte de son histoire et de ses habitants, tout en se référant au modèle d’organisation de l’espace social.
Au centre, au point le plus élevé, se trouvait, entourée d’une palée (rova), la grande maison (lapa) où il résidait, dominant à l’Est la place des discours (kianja) ; à l’entour étaient les agents de l’appareil d’État, ses parents et des représentants de son peuple.
A l’Est, normalement inoccupé dans les habitants nouvellement créées, résidaient les Zanakarivo, “Enfants du peuple”, qui, dans la position des ancêtres due à leur ancienneté dans le lieu, étaient ses serviteurs-courtisans.
Au Nord, ses conseillers politiques étaient les Zanadoria, “Enfants de la septième génération”, descendants d’Andriandoria, lui-même de la septième génération d’une lignée issue d’un souverain et sur le point de perdre les droits afférents.
Le Sud de soumission était aux Ambodifahitra, et l’Ouest de sujétion à ses enfants, les ZanadRalambo.


Dans cette capitale, comme dans les autres, seuls pouvaient avoir leur dernière demeure les anciens souverains et ceux dont les descendants pouvaient le devenir. Édifiés à l’Ouest du kianja selon le modèle d’orientation ancienne, les tombeaux, tels qu’on les présente aujourd’hui, avec Rabiby au centre et le fasan’andriana encore en usage du Nord, mais Ralambo et ses épouses au Sud, sont dans une disposition significative d’une période charnière. Quand Ralambo y résidait comme roi, Ambohidrabiby était une colline sacrée, puisque, avec le tombeau de Rabiby, elle abritait déjà les restes d’un ancêtre des souverains (razan’Andriana). Devenue, pour l’histoire, symbole du rassemblent, elle reçut le titre de “Puissance vertu de l’Imerina” (Hasin’Imerina).


Doté d’une capitale, Ralambo prit soin de constituer les bases territoriales de la dynastie en établissant ses enfants là où ils avaient des droits à la succession : Andriantompokoindrindra à Ambohimalaza, où lui-même avait auparavant résidé sur les terres de sa femme Rabehavina
Andrianjaka, d’abord à Ambalanirana et Ambohibato sur les terres relevant d’Alasora, puis à Ambohimanga et Andringitra, qui lui venaient de sa grand-mère. Quand à ses autres enfants, il installa sa fille,
Rambavy, à Masindray dans l’Atsimondrano, sur des terres dépendant d’Alasora, et ses fils au Sud et à l’Ouest d’Ambohidrabiby :
Andriampanarivomanga à Lazaina
Andriantompobe à Ambatofotsy
Andriamasoandro à Manandriana et
Andriampolofantsy à Antsomangy.
Cela dit, envisageant l’acquisition de nouveaux droits, sans doute veilla-t-il lui aussi aux mariages de ses enfants. On voit, par exemple, Andriantompobe épouser Ramangaseheno, une andriana de l’Imamo dont la famille, sous l’autorité de l’aîné Andriamaroary, se livrait au négoce de la soie.

A l'époque du roi Andriamasinavalona (1675-1710), qui rassembla l'Imerina 4 Toko, et Andriambahoakafovoanitany, roi de l'Imamo, ces deux illustres personnages scellèrent un accord d'alliance et de bon voisinage par l'envoi dans leurs fiefs respectifs des membres de leur famille pour y habiter et tisser des liens de solidarité.

Andriamasinavalona y envoya les ancêtres d'ANDRIAMAROARY (duquel est issu RAINIDRAOTO et ses descendants), dont 4 noms ont été retenus pour la postérité aux environs de 1680:
1- Andriantsehenoarivo
2- Ralambohitatsihafoy
3- Andriamanarivofenoavoampy
4- Andriamiaranjakamasoandro

Ralambohitatsihafoy engendra Andrianjakatodiana et ses 2 frères..
Andrianjakatodiana engendra Ralambozafy, et ce dernier engendra 5 enfants, qui sont:

1- ANDRIAMAROARY
2- Andrianakabe
3- Ramangaseheno (femme)
4- Andrianorampotsy
5- Ratarokafarasoa (femme)


Ainsi donc, Ralambo, poursuivant l’œuvre d’Andriamanelo en consacrant ses efforts à rassembler lettres et seigneuries (namory tany sy fanjakana), avait déjà pacifiquement agrandi son territoire, même si, par le jeu des successions, les terres contrôlées par un fanjakana, comprenant des parties enclavées dans des territoires soumis à d’autres princes, ne formaient pas un ensemble d’un seul tenant.
Mais il ne suffisait pas d’avoir des droits, encore fallait-il les faire reconnaître. Dans cette période où l’insécurité s’était accrue et où il fallait se défendre contre les incursions aussi bien sakalava à l’Ouest que sihanaka et bezanozano à l’Est, Ralambo, par le commerce avec la côte, se procura jusqu’à cinquante fusils et trois barils de poudre.
C’est avec l’aide de guerriers réputés qu’il organisa la défense : avec son oncle Andriandranando, qui avait déjà aidé son père et fut le premier à posséder un fusil en Imerina, et avec Andrianandrintany, qui l’aida contre Andrianafovaratra d’Imerinkasinina lequel prétendait commander magiquement au feu, mais fut chassé par l’incendie.
Ayant chassé les derniers Manendy des alentours de sa capitale, et joint aux terres d’Alasora, au Sud du fleuve, celles d’Ambohidrabiby au Nord, il mit au jour l’Imerina roa toko, l’Imerina aux deux provinces et aux deux capitales.

Qui était Rapeto ?
D'après les traditions merina, Rapeto est le fondateur du royaume de l'Imamo, situé dans la partie occidentale de l'Imerina, au centre de Madagascar. Rapeto qui résidait dans la région du lac Itasy aurait étendu son autorité sur l'ensemble du pays d'Émyrne. Il serait ainsi mort à Amoronkay, à la lizière de la forêt orientale et une localité des environs de Tananarive porte encore le nom d'Ambohidrapeto, la « ville de Rapeto ».

Étant donné l'époque réculée où il semble avoir vécu (vraisemblablement, vers le XIIe siècle), les récits concernant la vie de Rapeto se confondent avec la légende, faisant par exemple du personnage un géant à la force herculéenne, capable de traverser tout le pays Merina en quelques instants par de grandes enjambées.
Deux empreintes de Rapeto...selon les légendes évidemment....

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