Tuesday, April 13, 2010

Rencontre Ravalomanana Rajoelina le 24 avril

Le temps est au rapprochement. La démarche qui vise à organiser une rencontre entre le président de la Haute autorité de la transition Andry Rajoelina et l'ancien président Marc Ravalomanana est remise sur le tapis après une première tentative infructueuse.
La date du 24 avril est même avancée pour la tenue du rendez-vous, probablement en Afrique du Sud, selon une source au courant du dossier. Un proche de l'ancien président a confié «qu'un accord de principe est acquis». Mais rien n'est encore bouclé et il n'est pas exclu que la situation évolue dans les prochains jours.
Pour l'instant, les principaux concernés se gardent de se prononcer sur le sujet. L'ancien président Ravalomanana comptait intervenir par téléphone hier, au cours d'une conférence de presse. Mais il a changé d'avis, sans doute pour attendre la déclaration de Andry Rajoelina prévue ce soir.
Campagne d'explication
Si la rencontre s'effectue, Marc Ravalomanana devra trouver une parade afin d'expliquer son repositionnement. Dans un premier temps, il avait décliné une première invitation à un tête-à-tête entre Andry Rajoelina et lui le 2 avril. Il avait insisté sur la présence des deux autres chefs de file, à savoir Didier Ratsiraka et Albert Zafy, avant d'accepter la rencontre.
Toutefois, la campagne d'explication en faveur de la rencontre est déjà en marche pour préparer le terrain. «C'est une question pédagogique. Il n'est pas question d'exclure qui que ce soit. Il est plus aisé de discuter entre deux parties avant d'élargir le débat aux autres sensibilités», tente de faire comprendre Raharinaivo Andrianantoandro, porte-parole du Tiako i Madagasikara. D'autres lieutenants de l'ancien président mettent en avant la commodité de cette démarche qui va «au-delà de la question de l'origine des principaux protagonistes de la crise», selon l'un d'entre eux.
Depuis quelque temps, les contacts se sont établis dans les coulisses pour renouer le dialogue entre les mouvances. La discrète réunion qui s'est tenue entre Raharinaivo Andrianantoandro et Zazà Ramandimbiarison, directeur de cabinet de Andry Rajoelina samedi, devrait accélérer les choses. L'ébauche d'un projet d'accord a été ficelée au cours de l'entrevue. Celle-ci a été remise à l'homme fort de la transition et à son prédécesseur pour validation avant leur tête-à-tête.
Contacté, l'ancien président Albert Zafy affirme «ne pas être au courant de cette éventuelle rencontre». «D'habitude, le président Ravalomanana nous informe de l'évolution de la situation, mais jusqu'ici, nous n'avons pas encore reçu d'échos dans ce sens», rétorque
-t-il.
À entendre certains analystes, la prise de position des Forces armées n'est pas étrangère au développement de la situation. «La déclaration des militaires marque un tournant en ce sens qu'un ultimatum est donné au pouvoir et que l'on s'achemine vers une sortie de crise. Elle présente l'avantage de débloquer la situation, figée depuis plusieurs mois et récemment devenue potentiellement explosive», observe Lydie Boka, manager de StrategiCo. C'est une entreprise privée basée à Lille et spécialisée dans l'analyse et la prévision financière, économique et politique dans les pays émergents et en voie de développement.


Hier 14 avril changement de ton:

« Il n’y a pas de problème sans solution. Je crois que, ensemble, nous pouvons sortir le pays de la crise ». Ce fut les premières phrases qui ont étéprononcées par le Président de la Haute autorité de la Transition lors du débat télévisé qu’il a eu hier soir avec deux journalistes, Annick Raherimanana (Radio Antsiva) et Johary Ravoajanahary (Radio nationale). Un rendez - vous médiatique qui, durant un tour d’horloge, lui a permis de discuter, en profondeur, du cours des affaires nationales et au cours duquel il a pu lever les doutes qui ont enveloppé la majorité du Peuple quant à la situation vécue, ces derniers temps, dans le pays. D’emblée, la question du limogeage du ministre des Forces armées a été abordée par les deux journalistes. « La décision prise ne marque pas de volonté de mettre à l’écart un ministre. Dans tout Gouvernement, la question de discipline existe et elle est importante. Nous avons eu connaissance que le ministre des Forces armées a voulu faire une déclaration. Ses intentions étaient sans doute de trouver de réelles solutions à la crise. Néanmoins, il devrait respecter la discipline gouvernementale », a précisé le Président Rajoelina. Lui qui a également avancé hier que, « en aucun cas, le départ de l’ancien ministre des Forces armées ne peut fragiliser le régime ». « Certes, certains éléments au sein des Forces armées ont voulu prendre des positions dévoilant des prémices de coup d’Etat et des forces politiques ont également tenté de les soudoyer pour ce faire. Néanmoins, je n’accepte jamais à ce que l’on utilise la force pour prendre le pouvoir », a - t - il continué. D’ailleurs, il a levé hier un pan du voile attenant au cours des discussions qu’il a récemment eues avec les grands ténors des Forces armées. « Cette rencontre a été positive et a permis aux deux parties d’aplanir bon nombre de problèmes. En tout cas, je peux affirmer que, à ce jour, les Forces armées restent unies en dépit des tentations et autres tentatives pour les diviser ». Il a même révélé que ce qui a été qualifié d’ « ultimatum », indiqué être donné par les Forces armées, constituait un point de désaccord entre lui et ces grands manitous des hommes en treillis.
« Mais, quand les discussions ont évolué, les points de vue se sont convergés et, au finale, il a été adopté que, à la fin de ce mois d’avril, une seconde réunion entre les deux parties sera tenue pour prendre les décisions qui s’imposent ». En tout cas, Andry Rajoelina a indiqué hier que « nous ne sommes pas en Afrique où l’Armée est utilisée pour prendre le pouvoir ». Ce qui l’a amené à « exhorter les Forces armées malgaches à constituer la fierté nationale en cette veille de la célébration du Cinquantenaire de l’Indépendance et de leur création ». En tout cas, sans ciller, il a déclaré hier qu’il n’hésitera point à prendre les décisions, utiles et nécessaires, quand il constatera qu’il n’y a plus aucune solution pour la sortie de crise. Sans ambages, il a indiqué hier que « les Forces armées restent le dernier rempart de la Nation ».

« Je suis invité par Jacob Zuma »
Concernant la feuille de route devant permettre au pays de sortir de la crise, le Président Rajoelina a avancé hier que celle - ci a été déjà définie lors de l’Atelier national de concertation « Teny Ifampierana » d’Ivato. « La Convention nationale y afférente a défini un certain nombre de recommandations : mise en place de la Ceni, promulgation d’un nouveau Code électoral, formation du Gouvernement d’union nationale et, le plus important, la durée de la période transitoire qui ne doit pas dépasser le 31 décembre 2010 », a - t - il avancé. Et lui de continuer : « les deux premières étapes ont déjà été franchies ». Et il a notamment mis l’accent sur l’importance de la formation de la Ceni. « Une toute première durant les 50 années d’indépendance du pays et qui sera un héritage historique à léguer aux générations futures », a - t - il précisé. Et lui de poursuivre que « toutes les procédures ont été prises pour qu’elles puissent vraiment organiser des élections libres et transparentes ». Néanmoins, Andry Rajoelina a avoué que « c’est sur la formation du Gouvernement d’union nationale qu’un point d’achoppement subsiste ». Toutefois, il a révélé que « la feuille de route, présentée par le Secrétaire d’Etat français à la Coopération et à la Francophonie, épousant dans sa majeure partie les lignes de la Convention nationale d’Ivato, a également reçu ma bénédiction ». « Et j’ai déjà envoyé une lettre au Président français, Nicolas Sarkozy, et au Président Sud africain, Jacob Zuma, sur cette adhésion que j’ai prise », a - t - il continué. Là où Andry Rajoelina a indiqué, sans détours, que « la Médiation internationale est consciente qu’elle a une part de responsabilités dans l’échec des Accords politiques qu’on a signés tant à Maputo qu’à Addis - Abeba ». « C’est pour cette raison que la France, en accord avec l’Afrique du Sud et la Sadc, a décidé de proposer une autre feuille de route », a - t - il précisé hier. Andry Rajoelina qui a été formel et catégorique, à l’occasion : « ce nouveau plan de sortie de crise prévoit des élections dans les plus brefs délais. Et il est plus question ni de Maputo ni d’Addis - Abeba, car la principale préoccupation actuelle est la mise en place de ce Gouvernement d’union nationale ». « D’ailleurs, l’ancien Chef de l’Etat, Marc Ravalomanana, aurait également, à ma connaissance, déjà donné son accord de principe là - dessus », a - t - il révélé.
« En tout cas, si une signature est nécessaire pour mieux confirmer cette entrée dans le Gouvernement d’union nationale de la mouvance Ravalomanana, on peut y procéder », a affirmé le Président Andry Rajoelina pour évoquer l’éventualité de sa future rencontre avec Marc Ravalomanana à Johannesburg. Néanmoins, il a clairement indiqué hier que « c’est le Président Sud africain, Jacob Zuma, qui m’invite à venir à Johannesburg ». En ce qui concerne les deux autres mouvances, le Président de la Hat a affirmé hier qu’ « elles ne seront pas écartées du Gouvernement d’union nationale et que des personnalités de ces mouvances y siégeront, cela dans le cadre du respect de la Convention nationale d’Ivato, confortée par la feuille de route proposée par la France et l’Afrique du Sud ». « Nous devons clore la période transitoire ; nous devons progresser vers l’organisation des élections ; nous devons tirer les leçons d’une année de crise. Je crois que les Malgaches, et les chefs de ces deux mouvances, ont la sagesse nécessaire pour progresser vers la 4e République », a - t - il harangué hier. Par ailleurs, tout en appelant à la solidarité nationale, le Président Rajoelina a tenu à préciser hier, en réponse à la question des deux journalistes, « que le temps n’est pas encore venu pour que l’ancien Chef d’Etat, Marc Ravalomanana, puisse retourner à Madagascar ». Pour lui, il s’agit d’ « une question de justice ». « J’ai déjà dit que ma personne pourrait pardonner Marc Ravalomanana mais je ne peux, en aucun cas, trahir les familles déplorées qui ont eu les leurs décédés et blessés lors de la tuerie du 7 février 2009 », a - t - il expliqué. Quant à sa probable candidature à la prochaine élection présidentielle, Andry Rajoelina a précisé hier « que le moment n’est pas encore venu pour s’y prononcer ». Toutefois, il a précisé que « le dépôt de mon dossier de candidature à ce scrutin présidentiel veut dire pour moi que je vais gagner ». D’autant qu’il a avancé que « beaucoup reste encore à faire à Madagascar pour dégrafer les Malgaches de leurs malheurs ». Concernant les questions liées à la démocratie, le Président de la Haute autorité de la Transition a affirmé hier que « la liberté n’est plus un vain mot à Madagascar ». Il a ainsi rappelé que « l’opposition peut manifester et que des journaux ont vu le jour, 13 au total, durant la Transition ». Néanmoins, il a déploré les démarches qui ont été adoptées par les paramédicaux qui ont barbouillé de sang les murs d’un hôpital : « le sang est la vie, et un tel acte n’est point digne de la sagesse malgache. Ce fut un acte insensé et méprisable, étant entendu que ces paramédicaux sont faits pour donner la vie et non pour laisser les malades mourir ». Andry Rajoelina qui, tout en ayant précisé hier que « les paramédicaux ont pourtant déjà eu des réponses positives sur 90% de leurs revendications », a exhorté hier « toutes les corporations professionnelles à ne pas revendiquer l’impossible en cette période transitoire où tout le monde est conscient des difficultés financières endurées ». Dans sa conclusion, le Président de la Haute autorité de la Transition a lancé hier un appel vibrant au Peuple malgache : « nous devons avoir la force requise, car nous devons impérativement sortir le pays de cette crise. Si nous nous tenons la main ensemble, nous pouvons sauver notre chère Nation ».

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