Wednesday, February 18, 2009

Y-a-t-il y un président dans ce pays ?


Trois semaines après son déclenchement, la crise politique qui oppose les partisans d’une transition au pouvoir en place continue de perdurer. Il y a de quoi s’interroger sur l’absence de réaction du président.



Au lieu d’évoquer les questions brûlantes du moment et de prononcer officiellement ses intentions par rapport au mouvement de contestation dirigé contre lui, Marc Ravalomanana donne l’impression de ne pas vouloir voir la vérité en face et d’opter ainsi pour une politique de l’autruche.

Le président est-il en train de se remettre en question ? Soit, mais il est grand temps qu’il sorte du silence dans lequel il se terre. Ses apparitions sporadiques sur la scène médiatique où on le voit se livrer à de multiples audiences à Iavoloha, se contenter de délivrer des messages d’apaisement à la population et à louer les réalisations du régime, ou encore se borner à prôner la légalité du pouvoir en place restent dans de telles circonstances sans grand intérêt pour l’opinion publique qui attend du président qu’il prenne enfin le taureau par les cornes.



L’heure est grave

Ce n’est pas tellement faire preuve de leadership quand l’heure presse et qu’on laisse s’envenimer une situation qui menace l’intégrité de chaque citoyen et ses biens. Faut-il s’étonner du cynisme de l’opinion publique vis-à-vis d’un appareil gouvernemental convaincu de sa légalité mais qui semble minimiser les événements en manquant de réactions fondamentales face à une dégradation de la situation ? Les actions entreprises par le projet insurrectionnel sont en train de paralyser la machine administrative faute d’une contre-mesure des autorités.

Les supputations vont bon train. Les observateurs sont désorientés. Le peuple et les politiques demeurent dans le domaine des suppositions en attendant que le président veuille bien se prononcer sur ses véritables intentions.

Outre les conséquences socio-économiques de la crise, l’intensité de cette dernière risque de compromettre à court terme l’autorité des institutions en place avec comme corollaire la perte de la confiance que la population place en elle. A moins que le président ne nous réserve dans les jours qui viennent son « effet de surprise » qui ne manquera certainement pas d’être salué par la communauté internationale ainsi que par ses concitoyens.

En analysant la crise actuelle, les observateurs en situent la racine au début même du mandat de Marc Ravalomanana. Sa manière de gérer les affaires nationales et plus particulièrement son manque de volonté de répondre aux aspirations formulées par les forces vives de la nation sont pointés du doigt. En effet, son style de gouvernance inspirée de la logique entreprenariale a du mal à prendre auprès des institutions habituées à évoluer selon une orthodoxie administrative immuable. Parmi les priorités auxquelles le président est accusé de n’avoir pas su apporter une réponse adéquate, on cite pêle-mêle le non respect de la liberté d’expression, de l’équilibre régional dans la répartition des fonctions officielles, le népotisme, l’absence d’une politique de réconciliation nationale pour panser la crise post-électorale de 2002, l’opportunité du vote de la refonte de la loi sur les partis politiques et l’achat du Force One II.

Pour les politologues, il est clair que les conflits actuels entre les tenants d’une transition politique et les autorités en place auraient été évités si le président s’était doté d’une capacité d’écoute à la mesure des mécontentements et des préoccupations qui s’étaient élevées au sein de la population.

Avec cette crise persistante, l’éventualité de revenir à une situation normale semble illusoire.

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