Wednesday, November 14, 2007

Drogues et tourisme sexuel à Madagascar




Débutants, occasionnels ou pro du sexe ?
Nosy Be est le plus visible, mais le problème est plus présent qu’on ne le croit dans de nombreuses autres villes de Madagascar. La problématique du tourisme sexuel mettant en cause des enfants implique, en effet, non seulement les touristes étrangers, mais également les nationaux qui constituent, en fait, la majorité des « vahiny » (à associer avec le nom originaire de la localité) qui ont des relations sexuelles avec des enfants contre de l’argent ou autre rémunération en nature.

Ainsi, à titre d’exemple, un Malgache habitant Antananarivo qui part en vacances dans une autre région, et qui profite de son séjour pour avoir des relations sexuelles avec un mineur en échange d’une somme d’argent ou autre, sera un touriste sexuel au même titre que le « vazaha » qui se livrera aux mêmes activités sexuelles quelque part dans un lieu touristique malgache.

Inquiétant

Le tourisme sexuel est ainsi une réalité bel et bien présente à Madagascar et son développement est inquiétant, d’après la Plate-Forme de la Société Civile pour l’Enfance (PFSCE). En réunissant la presse, hier, la PFSCE dont plusieurs ONG oeuvrant dans le domaine de l’enfance (Groupe Développement, Terre des Hommes, Manaode, ATD Quart Monde…) a mis le doigt sur un problème longtemps resté tabou mais qui commence, cependant, à devenir une préoccupation sérieuse dans le pays.

Occasionnels

Sur une échelle plus globale, des études menées sur le tourisme sexuel au niveau mondial, révèlent dans des analyses communiquées par la PFSCE, que les touristes sexuels « occasionnels » sont les plus nombreux. Ces derniers passent à l’acte dans une situation spécifique et n’ont pas vraiment de préférences sexuelles pour les enfants. Ils n’organisent donc pas leur déplacement dans l’intention d’abuser d’un enfant. « Désinhibés, ils profitent des vacances ou d’un voyage d’affaires pour s’adonner à des relations sexuelles avec des enfants. Ce sont « monsieur et madame tout le monde » qui se laissent tenter et passent à l’acte. Ils sont majoritaires et 33% d’entre eux ont entre 40 et 50 ans. Ils viennent généralement des pays occidentaux, mais aussi du Japon, de la Corée, de l’île Maurice, de la Réunion, de l’Inde ou du Pakistan ». Les touristes ayant une déviance sexuelle telle la pédophilie sont minoritaires. Pour certains d’entre eux, la pratique de leur déviance est ponctuelle tandis que d’autres fréquentent régulièrement les pays où ils peuvent facilement trouver des enfants.

En pleine croissance

Madagascar, bien que peu touché par des trafics transnationaux, reste un lieu où la prostitution des enfants et leur exploitation sexuelle dans le tourisme sont en pleine croissance. « La quête du mariage avec un étranger est devenue dans les régions touristiques, la préoccupation principale des jeunes filles. Souvent peu informées et victimes d’un manque d’éducation, elles idéalisent l’étranger et leurs relations sexuelles dérivent progressivement vers une forme de prostitution », explique la PFSCE. Ici entre également en compte le rôle des parents qui, d’après les réalités constatées sur le terrain, « encouragent » leurs enfants à rechercher des relations sexuelles avec des touristes contre de l’argent. Pour toutes des catégories de personnes impliquées dans l’exploitation sexuelle des enfants dans le tourisme, des actions ont déjà été menées ou sont en cours d’étude en vue de leur prochaine concrétisation, par l’ONG Groupe Développement. Cellule d’écoute, centre d’accueil et de prise en charge des jeunes filles impliquées dans la prostitution, établissement d’une charte éthique pour des chauffeurs guides, etc… Au niveau national, l’Etat s’implique de plus en plus sérieusement dans l’éradication de cette forme d’exploitation des enfants. Tout récemment encore, le Président de la République a publiquement annoncé des mesures punissant sévèrement les touristes sexuels abusant des enfants malgaches.



Madagascar plaque tournante de la drogue

«Tout d’abord, il faut savoir qu’il existe deux sortes de drogues : la drogue licite et la drogue illicite. La culture, la production, la vente et la consommation du second type sont réprimées par la loi car, non seulement, elle détruit la santé mais, empoisonne aussi la société. Auparavant, l’alcool de fabrication artisanale se trouvait parmi les produits prohibés mais ces derniers temps, bien que la proposition de loi qui le dépénalise ne soit pas encore adoptée, certains producteurs et revendeurs disposent d’un certificat de consommabilité et paient régulièrement leur patente. Il nous est donc devenu difficile de les poursuivre», a expliqué le commissaire principal Jérémie Andrianaivo, chef de service central des stupéfiants et des substances psychotropes (SCSSP).




Trafics national, régional et international



Bien qu’à Madagascar, la production de cannabis ne soit pas encore d’une envergure imposante comme dans les grands pays producteurs comme la Colombie ou l’Afghanistan, elle s’est considérablement développée ces derniers temps. Et cela vient du fait que les accros trouvent un certain goût dans le cannabis cultivé à Madagascar, principalement la variété en provenance de la partie sud de l’île, la plus prisée et connue pour sa forte teneur en trétrahydrocannabinol. La demande ne cesse de s’accroître et les vazaha sont les plus attirés. Rien que pour le premier semestre de cette année, six ressortissants étrangers ont été interpellés par la brigade des stups.

«La surface cultivée n’est pas bien déterminée mais la plupart du temps, les plantations, comme partout ailleurs, se trouvent dans les endroits enclavés, difficiles d’accès et souvent en pleine forêt. Il n’y a pas si longtemps, les forces de l’ordre ont détruit 600.000 pieds à Analabe, une zone reculée de la Diana», a fait remarquer le commissaire Jérémie Andrianaivo.

La grande partie du cannabis produit à Madagascar est écoulée sur le «marché local». Le volume du trafic sur le plan régional ou international est donc encore infime. La drogue malgache s’exporte à La Réunion, à l’île Maurice et aux îles Comores et le trafic se fait le plus souvent par voie maritime. L’insuffisance des moyens de surveillance côtière favorise le commerce.

En ce qui concerne les autres types de drogue à haut risque comme l’héroïne et la cocaïne, toujours d’après le commissaire Jérémie, Madagascar n’est pour le moment qu’un pays de transit.


La drogue en chiffres



D’après les statistiques de ce service de police, 90% des consommateurs sont issus de la gent masculine, tandis que les dealers sont généralement composés de l’autre sexe, et le plus souvent de femmes divorcées. Un constat qui démontre que la vente de drogue à Madagascar est, en grande partie, un délit de misère.

La tranche d’âge des personnes mises en cause dans le trafic (culture, production, vente…) varie dans une fourchette de 31 à 50 ans. 43 personnes des 151 interpellées durant le premier semestre de cette année.


Un kilo d’héroïne saisi et neuf personnes interpellées



Le 23 juin, un véritable réseau de trafiquants, opérant sur l’axe Madagascar-Maurice et dans la région océan Indien, a été démantelé par le service central des stupéfiants et des substances psychotropes (SCSSP). Dans le sillage de l’affaire se trouvaient trois Malgaches, quatre Mauriciens et deux Kényans.

Cette opération a abouti après de longues semaines de surveillance et un échange d’informations entre la brigade antidrogue de Maurice et le SCSSP.

Ce jour-là, les policiers ont fait une descente dans une pension de famille et dans trois hôtels où les passeurs et leurs contacts locaux logeaient. Les limiers ont alors saisi au cours de cette opération un kilo d’héroïne, savamment caché dans un bloc de bois. Une somme de 2.900 dollars, provenant probablement de la transaction, y a également été trouvée.

Pour le cas de Madagascar, c’était la plus grande saisie jamais réalisée dans la lutte contre le trafic d’héroïne.


La drogue et le milieu scolaire



L’interpellation de 7 étudiants, durant le premier semestre de l’année, démontre la hausse comminatoire de la consommation de drogue dans le milieu scolaire. Comme on dit : «Toute chose interdite attire davantage la curiosité», bon nombre de jeunes, notamment les collégiens prennent de la drogue afin de connaître l’effet du produit.

«Plusieurs facteurs peuvent être envisagés quant à la raison qui les pousse à prendre ces produits mais l’on peut citer trois conditions déterminantes. Primo, il s’agit d’un phénomène plus ou moins naturel car en passant à l’âge de puberté, où des modifications morphologiques, physiologiques et psychologiques leur arrivent, les adolescents sont attirés par le désir d’expérimentation. Secundo, soit les parents sont séparés, soit l’enfant est séparé d’eux pour une raison quelconque. Privé d’encadrement, il est exposé au risque et happé facilement par toutes sortes de tentations. Tertio, la mauvaise fréquentation. Sur ce dernier point, cela coule de source, il n’y a vraiment pas grand-chose à expliquer», devait souligner le commissaire Jérémie Andrianaivo.






Lexique



Accoutumance : l’organisme s’habitue aux produits absorbés : il faut alors augmenter les doses pour avoir les mêmes effets

Accro : accroché, dépendant, celui qui ne peut plus se passer de drogue

Acide : autre nom du LSD

Amphés : amphétamines

Blanche : héroïne

Buvard : dose de LSD liquide déposée sur un buvard

Came (camelote) : drogue (en général)

Change-money : nom donné couramment au dealer

Cheval (Horse) : nom donné couramment à 1' héroïne

Coco : nom donné couramment à la cocaïne

Couper : rallonger la sauce, c’est-à-dire mélanger avec la dose de drogue des produits divers (plâtre, crottin, farine, lessive), voire même dangereux (lessives, strychnine (mort-aux-rats)), verre pilé, ... Cette pratique courante des dealers entraîne chaque année la mort de plusieurs centaines de toxicos

Cristal : nom donné couramment à la méthédrine

Deal : vente au détail de la drogue

Dealer : vendeur de drogue

Défoncé (être) : être sous l’effet d’une drogue, on dit aussi être éclaté, fait, stoned...

Descente : dissipation des effets d'une prise de drogue

Dose : drogue pour une prise

Downers : tranquillisants (barbituriques)

Flash : sensation violente de bien-être juste après l’injection d'une drogue

Joint (tarpé, cône,...) : cigarette de haschisch ou de marijuana composée de tabac et de drogue

Junkie : toxicomane qui consomme de la drogue avec une seringue par intraveineuse ou intramusculaire

Manque : troubles (nausées, diarrhées, bouffées de chaleur, perte de conscience) déclenchés par la privation de drogue chez un toxicomane

Méthédrine : nom d'une des plus fortes des amphétamines

Mike : unité de mesure (micro gramme) pour une capsule de LSD (en moyenne 500 à 600 mikes)

Neige : cocaïne Poussière d'étoile: Nom donné couramment aux amphétamines

Shilom : cône de terre cuite ou de carton servant à la prise fumée de drogue

Shoot : injection de drogue avec une shooteuse

Shooteuse (Seringue, pompe) : Seringue servant à l'injection d'une drogue

Smack : Héroïne Sniffer : Absorber de la drogue par voix nasale

Space Cakes : petits gâteaux (type petit four, gâteaux secs ou autres) dans lesquels de l’héroïne, du Lsd ou de la marijurana ont été introduits

Surdose : (overdose) : prise d’une trop forte dose de drogue ayant entraîné la mort par arrêt cardiaque, infarctus, coma

Trip : voyage ou expérience hallucinogène

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