Sunday, May 27, 2007

Un mort et deux blessés graves pour un banal vol d’essence


Mort, vendredi, sur une route de la Creuse, l'adjudant-chef Michel Joachim, 42 ans, marié et père de deux enfants, était fan de moto. Hier soir, les circonstances de sa mort restaient floues.

Il avait créé son propre club de moto tout-terrain avec des amis. Chaque mois d'août, il organisait un petit cross près de chez lui dans la Creuse. La moto était sa grande passion.

Michel Joachim, 42 ans, avait même décidé d'en faire son métier. C'est malheureusement sur son deux-roues qu'il a trouvé la mort vendredi en fin d'après-midi. Après une formation de motocycliste, Michel entre le 1 e r octobre 1984 dans la gendarmerie. Petit à petit, il gravit les échelons. « Comme il était sérieux, il a réussi à devenir adjudant-chef à Bourganeuf », confie un de ses anciens collègues. Avec sa femme, qui travaille auprès des personnes âgées à Guéret, et leurs deux garçons de 18 ans et 20 ans, ils vivent paisiblement à Genouillac. « Lorsqu'il rentrait dans le village, il avait l'habitude de klaxonner pour me saluer, se rappelle Paul Mory, ami d'enfance et voisin du gendarme. Il était adorable, très avenant et respecté de tous. En un mot : un voisin parfait. »


Le village de 780 habitants était encore sous le choc hier. Le décès brutal d'un des habitants les plus connus de la commune hante tous les esprits. Les circonstances de la mort du gendarme restent plus floues que les premières déclarations de ses collègues qui avaient affirmé que l'automobiliste avait « enclenché la marche arrière » et renversé « volontairement » les motards. Acte délibéré ou panique ayant entraîné une morte accidentelle ? Le procureur de la République de Guéret, Hervé Poinot, restait hier soir très prudent. Il a simplement admis qu'« il y a eu choc ». Vendredi, un automobiliste au volant d'une Peugeot 207 grise, un véhicule de location volé, immatriculé en Seine-Maritime, part sans payer d'une station-service. Le propriétaire du magasin le prend en chasse. Dans le même temps, ses employés avertissent la gendarmerie. Mis au courant, Michel Joachim se lance à sa poursuite. Le fuyard arrive à semer l'adjudant-chef et pense pouvoir s'en sortir. Mais sur son chemin, à Pontarion (Creuse), deux autres gendarmes motorisés l'attendent. L'étau semble se resserrer, mais le chauffard prend une nouvelle décision inconsciente : il va tout tenter pour échapper aux forces de l'ordre, jusqu'à mettre leur vie en danger. En quelques secondes, il freine, fait marche arrière et réalise un demi-tour. La course-poursuite reprend avec cette fois-ci deux brigadiers à ses trousses . Selon les informations de la gendarmerie, le chauffard prend tous les risques en slalomant dangereusement. C'est à ce moment, en face de lui, qu'un autre gendarme arrive à toute allure : il s'agit de Michel Joachim. Il ne peut éviter le choc. L'enquête dira si la Peugeot du fuyard était directement en cause ou si - hypothèse également retenue - les trois motards se sont accrochés. L'adjudant-chef succombera à ses blessures, deux heures après l' accident. L'un des brigadiers était hier dans un état sérieux, « polytraumatisé » selon l'hôpital de Limoges (Haute-Vienne). Le troisième, sorti de l'hôpital hier matin, déclarait : « J'ai sauté de ma moto. C'est ce qui m'a sauvé la vie. » L'automobiliste, après avoir pris la fuite une nouvelle fois, s'est immobilisé dans un champ à 5 km de Pontarion. Il a été interpellé sans résister. En raison de son état de santé, il se trouve en garde à vue à l'hôpital. Agé de 43 ans, ce Parisien, demeurant en banlieue, est connu des services de police pour des actes de violence et pour usage de stupéfiants. Avant de se mettre au volant, vendredi, il avait pris son traitement de Subutex, un produit de substitution à l'héroïne.

Les obsèques de l'adjudant-chef Joachim auront lieu mardi. A l'issue d'une cérémonie, à 14 h 30, à la caserne de Guéret, il sera inhumé au cimetière de Genouillac.

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