Wednesday, May 16, 2007

Sankaraha le western à la malgache

Durant le mois d’avril, les attaques à main armée sont devenues monnaie courante à Sakaraha, une localité située sur la RN7 dans la province de Toliara. Les forces de l’ordre ne maîtrisent plus la situation et le fokonolona ne sait plus où donner de la tête.




«La population de Sakaraha est déroutée devant la quasi-impuissance des forces de l’ordre à maîtriser la situation, les bandits sont mieux armés qu’elles». C’est ainsi que s’est exprimé un habitant de Sakaraha qui se dit être un président de fokontany, de passage récemment dans la capitale. Même si les informations sont donc à prendre avec des pincettes, ses révélations concordent toutefois avec celles entendues sur certaines ondes de radios privées.

Ainsi, les bandits seraient armés de Kalachnikov, un pour chaque homme, et les armes sont utilisées sans hésitation en cas de résistance de leurs victimes. Les attaques avaient une fréquence quasi quotidienne au mois d’avril. La plupart du temps, ce sont les opérateurs en pierres précieuses, notamment les Sri Lankais qui sont victimes, mais les bandits s’attaquent également aux taxis-brousse venant de la capitale, du moment que parmi les voyageurs, il y a quelqu’un de riche à dévaliser.

Rien d’étonnant donc à ce qu’un restaurant situé juste en face du bureau du commissariat local fût attaqué le jour où il avait comme hôte un investisseur, plus précisément un opérateur asiatique venu pour acheter des pierres. L’attaque se serait déroulée… en plein jour, sous le nez des policiers qui n’auraient rien pu faire. Pire, un poste avancé de la gendarmerie est situé à moins de 100 mètres du commissariat, et les forces de l’ordre auraient pu réunir leurs éléments pour intervenir, mais ce n’était pas le cas, malheureusement.

Enfonçant encore plus le clou, notre interlocuteur d’affirmer la récente attaque en pleine nuit d’une mosquée, alors que les forces de l’ordre et le comité de vigilance du fokonolona veillaient au grain. À souligner au passage l’existence des «Kalony», «Jado» et autre «Dina» à Sakaraha, des systèmes utilisés d’un commun accord avec les forces de l’ordre, et consistant en l’application de peines sévères, pour ne pas dire capitales, aux malfaiteurs appréhendés. Jusqu’ici, l’occasion ne s’est pas encore présentée de les mettre en pratique, du moins pour ces bandits de grands chemins, puisque aucun d’entre eux n’a été arrêté.

À propos d’arrestation, le «président de fokontany» soupçonne des éléments des forces de l’ordre, que ce soit des policiers, des gendarmes ou des militaires, d’être de connivence avec les bandits. L’attaque du restaurant en face du commissariat est, pour lui, une preuve tangible de son assertion. Néanmoins, il n’a pas insisté sur la question et s’est proposé d’avancer des solutions qui, si elles sont appliquées, pourraient fort bien retourner la situation.

Le concept proposé consiste à ce que des rotations (des affectations) s'opèrent au niveau des forces de l’ordre. Si tel est le cas, les nouveaux venus n’hésiteraient pas à faire face aux bandits, lesquels seraient alors privés de leur soutien au sein des agents chargés de la sécurité… Mais ce ne sont là que des idées. En attendant de trouver la solution idoine, Sakaraha reste le grand oublié de toutes les localités malgré ses pierres précieuses…

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