Thursday, September 21, 2006

L'ancien PDG d'Euralair mis en examen pour des malversations dont aurait profité Mme Chirac



Une information judiciaire a été ouverte, mercredi 20 septembre, dans l'affaire de malversations présumées au sein de la compagnie aérienne Euralair, et son ancien PDG, Alexandre Couvelaire, a été mis en examen, a-t-on appris jeudi de source judiciaire. L'enquête a été confiée au juge spécialisé dans les affaires financières Philippe Courroye et à sa collègue Xavière Simeoni, du pôle financier du palais de justice de Paris.

Dans cette affaire, les malversations présumées auraient bénéficié, entre autres, à Bernadette Chirac, par l'octroi à l'épouse du chef de l'Etat de billets d'avion gratuits. M. Couvelaire, considéré comme proche de Jacques Chirac, a été présenté au juge Courroye mercredi soir après quarante-huit heures de garde à vue à la brigade financière. Le magistrat l'a mis en examen pour une douzaine de chefs, dont "abus de biens sociaux, présentation de faux bilan, banqueroute par détournements d'actifs, trafic d'influence" pour une période allant de 1995 à 2003. Il a été placé sous contrôle judiciaire et devra s'acquitter d'une caution de 200 000 euros.

VOLS GRATUITS

Le parquet de Paris a ouvert l'information après environ trois années d'une enquête préliminaire qui avait débuté à la suite d'une plainte d'un ancien salarié de la compagnie déposée fin 2003, visant des délits présumés d'"abus de biens sociaux" et de "banqueroute frauduleuse". En octobre 2004, en raison de la complexité du dossier, le parquet de Paris avait repris l'enquête préliminaire commencée en janvier 2004 au parquet de Bobigny.

La société Euralair a cessé son activité en 2003 et a été vendue à l'homme d'affaires franco-égyptien Raymond Lakah. Elle a été liquidée en décembre 2005. La société présentait une dette de 27,5 millions d'euros. Dès 1998, elle avait été placée sous observation par le tribunal de commerce de Bobigny. Malgré ces graves difficultés financières, M. Couvelaire aurait permis à Mme Chirac de bénéficier de six vols gratuits (de juin 1998 à avril 1999), pour un total de 41 121 euros.

L'essentiel de l'activité de la compagnie privée consistait dans la location de jets au profit d'hommes d'affaires et de personnalités, politiques et autres. Mais des prestations non payées offertes à des proches de l'Elysée auraient contribué à la faillite de la compagnie.

OMELETTE AUX CÈPES ET TOUR DE FRANCE

Selon un listing remis aux policiers en 2004 – intitulé "Vols 1998 en attente de facturation" –, l'épouse du chef de l'Etat se serait ainsi rendue à Brive, le 8 juillet 1998, à bord d'un jet privé de la compagnie, afin d'assister à la confection de la plus grande omelette aux cèpes du monde. Le 10 juillet suivant, elle a à nouveau utilisé un appareil d'Euralair à l'occasion du passage du Tour de France à Brive. Le 17 avril 1999, Mme Chirac, accompagnée cette fois de Jean-Louis Debré, actuel président de l'Assemblée nationale, et de son l'épouse, gagnait Brive dans un Falcon de la compagnie Dassault Service affrété par Euralair. Elle devait participer à un meeting de soutien à la liste RPR-DL pour les élections européennes.

La fille du président, Claude Chirac, aurait également bénéficié gratuitement d'un avion Cessna en 1992, pour son voyage de noces à Venise. A la même époque, la famille du chef de l'Etat aurait utilisé un appareil d'Euralair pour partir en vacances à l'île Maurice. D'anciens responsables d'Euralair auraient enfin affirmé que deux Boeing avaient été affrétés, en 1995, lors de la précédente campagne présidentielle, pour transporter des journalistes chargés de couvrir la campagne de M. Chirac. D'autres noms de bénéficiaires présumés de largesses d'Euralair ont été cités dans la presse au cours de l'enquête préliminaire, dont celui d'Ernest-Antoine Seillière.

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