Tuesday, June 06, 2006

De Betsizaraina à l’association Rainimangalahy



Petit village situé au Nord Est de la capital, Betsizaraina était connu pour la culture du tapia, arbres aux fruits sucrés très appréciés des vers à soie qui produisent le landy be, destiné à la fabrication de la soie.

Le tapia fut introduit au village de Betsizaraina par le pasteur Rainimangalahy, une des figures marquante du village.

Au retour d’une visite à sa soeur aînée Ramiarandraisoa mariée au prince Ramahatra à Imamo

( Anivorano), il ramena du Tapia qu’il planta dans son champs. Et au bout de quelques années, tous les champs du village et de ses allentours furent couverts de forêt de tapia.

La production de landy grossissait, le tissage artisanal fit son apparition à la grande joie de la population, car cela signifiait rentrée d’argent.

A la mort de la princesse Ramiarandraisoa, le prince Ramahatra a ordonné à ce que le corps de celle-ci soit mis dans un cercueil en or, en forme de pirogue et enterré dans une tombe près de celle de son père à Ambohimailala. Ce qui fut fait. Et à ce jour, cette tombe est toujours visible au lieu indiqué, et fait travailler l’imagination de quelques personnes en mal de sensations.

Outre son titre de pasteur, Rainimangalahy était aussi un grand voyageur, et un excellent commerçant très apprécié dans tout le pays. En particulier à Mahanoro, où il avait fondé un magasin de vente dans un petit village qu’il avait donné le nom de Betsizaraina, à l’image de son village natal.

Un fort fut bâti par les Merina après la capitulation des chefs locaux qui régnaient sur le faritany de Mahanoro Ayant eu vent de cette opportunité, Rainimangalahy fit le déplacement avec quelques notables et trouva chaussures à ses pieds. Une histoire d’amour est née avec la fille d’un chef de la région et il décida de négocier l’acquisition d’un terrain, qui plus tard deviendra le Betsizaraina de Mahanoro. Habile commerçant, ses affaires prospéraient et en son absence, il confie la gestion de celle-ci à sa maîtresse, il parait même qu’il a eu deux enfants de cette « union ».

Aux premiers temps du protectorat français, les tribus Andramakivy (région de la haute Masora) se révoltèrent et la plupart des concessions et villages de la région furent détruits. Dépité, et usé par l’âge, Rainimangalahy abandonna Mahanoro ainsi que tout ce qu’il posséda. Le gouverneur de la région en profita pour « donner » aux colons, ces terres abandonnées. C’est ainsi, qu’après le départ de Rainimangalahy, c’est le Comte Deville Sardelys qui s’appropria d’une manière officielle, toute la région de Betsizaraina et en particulier le terrain d’Ampetika avec plus de 300ha de superficie.

Les habitants de Betsizaraina portèrent alors une pétition :

PETITION DES HABITANTS DE BETSIZARAINA, LE 19 JANVIER 1897, AU GENERAL GALLIENI :

Monsieur, nous sommes tristes, nous, habitants de Betsizaraina, parce qu'un vazaha venant de Tananarive est arrivé chez nous, a convoqué tous les habitants de Betsizaraina, grands et petits, et nous a tenu ce langage : «le ter­rain d'Ampetika, au nord du Mariera, m'est acquis, je le tiens du Fanjakana, et je le porte à votre connaissance. Si vous avez des plaintes à faire, dites-le ». Nous lui répondîmes : «Nous ne vous faisons pas d'opposition, monsieur, puis-que vous le tenez du Fanjakana qui est notre père et notre mère, mais comme vous nous invitez à formuler nos plaintes, voici les paroles de tous les habitants de Betsizaraina : ce terrain d'Ampetika est celui d'où nous tirons notre nourri­ture, nos moyens de vivre et de servir le Fanjakana, c'est lui qui nous permet de payer l'impôt du riz tous les ans. Car nous n'allons pas dans la forêt brûler le bois pour y planter le riz, nous n'avons que ce terrain d'Ampetika pour faire nos plantations de riz, de canne à sucre, de manioc, de patates, de bananiers, de haricots... aussi, ni nos ancêtres, ni nos pères et nous leurs descendants, nous n'avons jamais voulu vendre ce terrain. Lorsque les gouverneurs installés à Mahanoro ou d'autres grands personnages venant d'une autre province deman­daient à acheter ce terrain d 'Ampetika, ils ne pouvaient pas l'obtenir parce que nous les propriétaires nous ne voulions pas le vendre ; et comme ils cherchaient à acheter des pâturages pour leurs bœufs, nous leur donnions d'autres terrains ailleurs »

En entendant toutes ces paroles, le vazaha répliqua : «Allez chercher d'autres terrains pour votre subsistance ; ce terrain d'Ampetika m'est acquis et vous ne pouvez pas vous y opposer». Ils nous ordonne, monsieur, de chercher d'autres terrains pour notre subsistance, mais nous ne pouvons pas en trouver, parce que personne ne voudra nous donner son terrain pour notre subsistance, et comme nous ne pouvons plus disposer de notre patrimoine d'Ampetika, nous venons porter plainte à vous, gouvernement, car vous êtes le père et la mère ; nous mourrons certainement si nous ne pouvons plus disposer de notre patrimoine d 'Ampetika.

Rainimangalahy était loin de ces tourments, il avait d’autres responsabilités à assumer entre autre les mariages de ses filles.

Betsizaraina était aussi réputé abriter, une croisée de races sélectionnées. La gente féminine n’est pas en reste, Melle Josette Razafinome. fut la première miss de Madagascar en 1958, Elle était sans nulle doute une des fiertés de cette village.

Lignée directe de la plupart des rois et de la noblesse de l’époque monarchique merina, on les appelait les Andridranando, dont 70 furent à l’origine de la création du village de Betsizaraina et de ses alentours.

Talentueux et doués, ils fabriquèrent les premiers savons, les peignes en corne de zébu, l’ongasikara, crème miraculeuse parfumé, pour soigner les plaies d’origines différentes, l’huile mangilohilo, à base de plante pour soigner et revitaliser les cheveux, la pommade fanasoavana, à base de camphre était très efficace pour guérir l’asthme et les rhumatismes,

mais aussi beaucoup d’autres choses.

Outre la beauté des filles, Betsizaraina était devenu un véritable creusé de célébrités qui en fait jusqu’à nos jours, la fierté du village. ( Ecrivains, artistes, généraux, professeurs d’université, hommes de loi, ambassadeurs, ministre, hommes d’affaires, pasteurs, sportifs, grand commis d’état etc…)

Les natifs de Betsizaraina sont des fervents croyants.

Et en 1863, ils achevèrent la construction de leur temple, qui fut inauguré par la Reine Ranavalona III en personne la même année, entourée des missionnaires J. Buffis, CTH Stagg, WE Cousins, des dignitaires du palais comme Tatrimo, Ratiaray, ainsi que des personnalité du royaume, et de toute la population du village.

En 2003, le temple, devenu FJKM Betsizaraina fêtait son 140ème anniversaire.

Mais les événements ne sont pas toujours aussi réjouissants car des problèmes divers viennent assombrirent le tableau.

Litige foncier - La Seimad expulsé de Betsizaraina


Cette déclaration est de Harimamy Rajaonarison, directeur général de la Seimad. Des propos fermes qui annoncent la manière dont la Seimad entend résoudre les problèmes l’opposant régulièrement avec des habitants qui occupent illégalement ses propriétés dans plusieurs localités. Celle de Betsizaraina arrive en premier lieu. La procédure est déjà lancée et une demande officielle déposée à la mairie de Betsizaraina pour l’obtention d’un permis de construire. “Ce projet a reçu l’aval du conseil d’administration”, affirme le directeur général.


La Seimad projette depuis l’année dernière de construire une cité dans cette commune, située à 15 kilomètres à l’est de la capitale. Mais la société a dû suspendre le

projet. Le terrain, propriété de la Seimad sur lequel on

compte construire la cité, est déjà occupé par plusieurs familles. Depuis, un bras de fer a opposé la société aux autorités locales et surtout aux occupants. “Nous habitons ici depuis des années et ce terrain appartient à l’Etat”, argumente le occupants du lieu.

“Les gens confondent souvent l’Etat et la Seimad”, explique Harimamy Rajaonarison. La Seimad est une société semi-privée où l’Etat est actionnaire majoritaire à près de 75%. Elle possède plusieurs terrains, titrés et bornés, éparpillés dans tout Madagascar et estimé à près de 2000 hectares. “Effectivement, nous procédons de temps en temps à des ventes de terrain non bâtis, mais ce sont les terrains qui ne nous sont plus utiles comme à Fianarantsoa”, poursuit-t-il.

Cette affaire est, pour l’instant, loin d’être résolue. D’autant que la Seimad vise avec 250 maisons à construire, dont à Betsizaraina.

Litige foncier avec Rakotondrainibe Jean Désiré

Un certain Rakotondainibe Jean Désiré déposa en 2005 une prescription acquisitive en vu de s’approprier légalement de la totalité de ce qui reste de Betsizaraina.

La réaction des héritiers ne se fit pas attendre. En Octobre 2005, l’association Rainimangalahy Ratsiverinoro fut créée en vue, dans un premier temps, de porter l’affaire en justice. L’association a travaillé jours et nuits pour collecter le maximum de documents, de contacter les géomètres et surtout d’obtenir un bon avocat. Ce fut chose faite car une première audience a eu lieu le 29 Mai 2006 à la salle 01 à Anosy.

Qui sont les membres de cette courageuse association Rainimangalahy ?

La présidente : Annick Ramantsoa

- Gaby Rasata Manantena

- Célestin Ravonison

- Annick Randrianjafy

- Harivola Andriatsimisetra

- Charlot Ramanitra

- Yves Randriantsoa

- Alain Razanamaholy

- Georges Ramanantsoa

- Patrick Ravelomanantsoa

- Haingotiana Rasoarimalala

- Jhonny Rajemison

- Marguerite Razafindrasoa

- Etienne Ratsimba

- Ainsi que d’autres nombreux sympathisants…

A toutes et à tous , bon courage et bonne chance !!!!


PLAN DE L'EMPLACEMENT DE BETSIZARAINA DE MAHANORO

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