Tuesday, May 09, 2006

L'ariary plombé par la morosité de l'économie et l'approche de l'élection présidentielle du 3 décembre 2006



La monnaie nationale continue sa descente aux enfers.

L’ariary continue de perdre de la valeur. Hier, la monnaie nationale s'est échangée à 2.741 ariary pour un euro sur le Marché interbancaire de devises (Mid), tandis que le dollar stagne autour de 2.160 ariary. L’explication la plus simple réside dans l’insuffisance de l’offre par rapport à l’achat sur le Mid. Une situation due surtout au déséquilibre de la balance commerciale. L'exportation ne couvre à l'heure actuelle que près de 25 % de l'importation. Le problème est également aggravé par la flambée du cours mondial du pétrole, alors que les compagnies pétrolières doivent payer en devises leurs produits, achetés à des prix de plus en plus chers.
“La baisse de l'exportation, en termes de valeur, est également un facteur non négligeable. De même, vous savez qu'il reste beaucoup d'impayés pour la dernière campagne de litchis. Je pense que la situation va encore empirer pour les deux mois à venir”, explique un haut technicien, proche du milieu des exportateurs. “On constate une véritable morosité de l'environnement économique aujourd'hui. Ce n'est pas uniquement à Madagascar mais au niveau mondial. Dans de tel contexte, l'économie fragile des pays comme le nôtre ne peut qu'en subir les conséquences”, souligne-t-il.
Catastrophique
La couche moyenne de la population, en l'occurrence les fonctionnaires et les employés d'entreprises, subit de plein fouet les impacts de cette situation. Elle voit leur pouvoir d'achat s'effriter de jour en jour. Les sociétés ne disposent pas suffisamment de moyens pour augmenter les salaires selon l'évolution du coût de la vie. La hausse du prix des carburants en constitue l'indicateur le plus simple. En moins de cinq mois, ils ont augmenté de près de 500 ariary en moyenne. Réaction en chaîne, le frais de transport a également été révisé à la hausse. Celui des taxis-be, par exemple, vient de subir une augmentation de 50 %.
“Je ne sais comment le gouvernement va réagir. Dans le court terme, la situation s'annonce catastrophique. Le licenciement de personnel est une possibilité à ne pas écarter”, affirme Mamy Rabenanahary, directeur gérant de la société Magilux, spécialisée dans la peinture. Sa société importe jusqu'à 90 % de ses matières premières. “Les prix augmentent presque chaque semaine au niveau de nos fournisseurs, alors que les entreprises ne disposent pas suffisamment de marge de manoeuvre pour rajuster leur prix en conséquence car le pouvoir d'achat des consommateurs ne le permet pas”, explique-t-il encore.
Sans parler des autres facteurs comme l'énergie et les taxes, la dépréciation de la monnaie nationale entraîne une hausse du coût de production pour les entreprises. Les derniers chiffres fournis par un centre de recherche spécialisé, il y a un mois, estiment la dépréciation de la monnaie, depuis le premier trimestre de cette année, à 0,98 % par mois face à l’euro et à 0,56 % par rapport au dollar. Par ailleurs, la valeur de l'exportation des produits textiles est passé de 293 millions de dollars en 2004, à 210 millions de dollars en 2005. Autrement dit, une baisse de plus de 80 millions de dollars.



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