Thursday, May 11, 2006

La pilule masculine s’annonce dure à avaler



La contraception masculine n’est pas encore tout à fait au point, ni commercialisée, mais les derniers résultats sont si probants que les laboratoires pharmaceutiques l’annoncent déjà sur le marché pour les prochaines années à venir. Une revanche pour les hommes, qui pourront ainsi éviter plus facilement les pièges d’une paternité non désirée.

Aujourd’hui, c’est Madame qui sort de la pharmacie avec sa boîte de pilules contraceptives dans le sac. Mais demain, c’est peut-être Monsieur qui sortira de l’officine avec ses gélules plantées dans son attaché case ou son patch contraceptif collé aux fesses. La chose paraît inconcevable ? Et pourtant, d’après la revue médicale The Lancet, parue il y a quelques jours, les recherches avancent à pas de géant et d’ici quelques années, des produits contraceptifs pourraient être proposés aux hommes à travers le monde.

EFFICACE ET RÉVERSIBLE

Au terme de quinze années d’études réalisées sur le plan international, les chercheurs de l’hebdomadaire viennent en effet de mettre au point plusieurs combinaisons d’hormones contenant de la testostérone et capables de diminuer ou de supprimer la production de spermatozoïdes. À moins de 3 millions de spermatozoïdes par millilitre de sperme, la fécondation devient tout simplement impossible et à la suite d’une série de tests sur 1549 hommes volontaires, ces méthodes contraceptives ont révélé un taux d’efficacité variant entre 97 et 100%. Sans la réversibilité de la méthode, elle n’aurait pas été envisageable dans la pratique. Et bien que plusieurs facteurs aient influencé la vitesse de récupération des participants à l’étude (l’âge, l’origine ethnique, la durée de traitement hormonal, la concentration initiale de spermatozoïdes...), le retour à la fertilité s’est effectué sur quatre ou cinq mois après l’arrêt du traitement. À en croire les chercheurs, ces produits seraient sans danger pour les progénitures à venir et les effets secondaires seraient également rares. Seul bémol (et il est de taille !) : durant le traitement, les testicules auraient tendance à diminuer de volume. Que ces messieurs se rassurent, toutefois : ils reprennent leur forme initiale, dès l’arrêt des produits. Une bonne nouvelle qui risque bien de ne pas peser lourd dans la balance, qui plus est sur une île où les hommes se montrent plutôt frileux lorsqu’il est question de sujets aussi sensibles que le sexe (surtout quand ça les concerne) ou susceptibles de porter atteinte à leur virilité. Difficile, en effet, d’admettre l’idée de se rendre volontairement stérile, même de manière temporaire.

PIÈGES DE LA PATERNITÉ

“Le contraceptif masculin peut apporter beaucoup à la société, mais il faut voir si les hommes sont prêts à y mettre du leur, soupire une pharmacienne derrière le comptoir d’une officine de la rue piétonne à Saint-Denis. Au début, nous avons eu énormément de mal à faire accepter le préservatif à la Réunion. Je pense qu’avec le contraceptif masculin, ce sera pareil. Pour permettre au produit d’entrer dans les mœurs, il faudrait proposer régulièrement des campagnes d’informations, comme ça a été le cas pour le préservatif, justement. Les jeunes étant plus ouverts qu’auparavant, peut-être que ce sera plus facile de leur faire accepter l’idée d’un tel traitement. Mais pour l’instant, même si les médias en parlent, les clients - hommes ou femmes - ne nous posent guère de questions sur le sujet”. Et pourtant, la contraception masculine pourrait bien révolutionner la vie sexuelle et affective de ces Messieurs. Non seulement cette méthode leur permettrait de soulager leurs compagnes, lorsque celles-ci ne supportent pas les traitements hormonaux, mais elle leur permettrait également d’avoir une emprise sur le choix et le moment de leur paternité. Combien d’hommes se sont en effet retrouvés piégés dans une relation à cause d’une paternité non désirée ? Ce traitement, toutefois, peut être à double tranchant : ainsi rassurés, ces messieurs pourraient bien être tentés d’écarter le préservatif au profit des contraceptifs. Or, jusqu’ici on n’a encore rien inventé de plus efficace que la capote pour éviter le sida et autres MST. À l’instar de leurs compagnes, ils devront donc apprendre à allier intelligemment les deux. Après tout, si les femmes y sont parvenues, il n’y a pas de raison pour qu’il en soit autrement avec le sexe fort. Autrement, ces dames se feront sûrement un plaisir de leur donner des leçons.

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