Wednesday, May 24, 2006

Divers : Rova et Amnesty International

Le Rova sera reconstruite en 26 mois.

Le projet se dévoile. Cinq mois après le début effectif des travaux de reconstruction du Rova, les portes du chantier ont été ouvertes à la presse, hier. L'équipe de Colas, assistée par les membres du Conseil national du patrimoine (CNP) ont procédé à de véritables explications techniques sur la teneur de l'opération suivies d'une visite guidée en haut de ce qui reste de l'édifice, incendié il y a plus de dix ans.
D'emblée, une précision a été donnée : le Rova, une fois reconstruit, n'aura plus la même structure qu’avant la catastrophe. Il s'agit surtout de lui redonner son aspect original. Un délai de 26 mois a été accordé à l'entreprise pour reconstruire toutes les structures de base. La finition fera l'objet d'un autre appel d'offre.
Mais au fur et à mesure ou les travaux avancent, de plus en plus de questions attendent de plus en plus de réponses. Si l'option d'une démolition totale est écartée, le nombre exact de pierres qui doivent être remplacées, par exemple, reste inconnu.
Colas a fait appel à la compétence de la meilleure entreprise française dans la reconstruction de patrimoine. Il s'agit de la société SMBR, filiale du groupe Kelain, le numéro un français dans ce domaine. Deux de leur technicien sont dépêchés spécialement à Madagascar pour donner des formations aux 80 techniciens et ouvriers travaillant sur le chantier. “Nous n'avons jamais été amenés à faire de tels travaux. C'est une première pour tout le monde et c'est un challenge véritable”, affirme le directeur général de Colas à Madagascar. “Nous avons répondu présent à l'appel lancé par le CNP parce que nous savions qu'il y avaient des spécialistes auxquels nous pouvons faire appel”, a-t-il souligné.
Les travaux sont divisés en quatre tranches. les deux premières sont confiées à Colas à l'heure actuelle “ suite à un appel d'offres lancé au mois de septembre de l'année dernière”, selon Mejamirado Razafimihary, président du CNP. La première tranche est surtout une phase préparatoire et de formations avec la dépose de pierres et le diagnostic de leur état. Parallèlement, il y a également les travaux de fondation et la construction d'une superstructure en béton, destinée à supporter l'ossature en bois de l'édifice.
La deuxième tranche consiste à réhabiliter la maçonnerie de pierres : remplacer celles qui sont hors d'usage avec des pierres neuves, repose sans remplacement, repose des pierres réhabilitées et ceinture et arrimage avec la superstructure en béton. Et les deux dernières tranches sont la restauration de la structure en bois et l'aménagement. Ces derniers travaux feront encore l'objet d'un nouvel appel d'offres dès que Colas aura terminé les deux premières.

Magagascar « Clean » d’apres Amnesty International

Le régime a de quoi être fier : Amnesty International n’a rien à lui reprocher en matière de respect des droits humains. Dans son rapport annuel 2006 qui a été publié hier, Madagascar ne figure pas, en effet, sur la liste des 150 pays où cette organisation internationale a recensé des atteintes aux droits de l’homme. Marc Ravalomanana sera d’autant plus fier car de grands pays auxquels il semble se référer en matière de gouvernance sont épinglés par Amnesty International.

Le régime a de quoi être fier : Amnesty International n’a rien à lui reprocher en matière de respect des droits humains. Dans son rapport annuel 2006 qui a été publié hier, Madagascar ne figure pas, en effet, sur la liste des 150 pays où cette organisation internationale a recensé des atteintes aux droits de l’homme. Marc Ravalomanana sera d’autant plus fier car de grands pays auxquels il semble se référer en matière de gouvernance sont épinglés par Amnesty International.


Il y a inévitablement les Etats-Unis qui sont critiqués pour la crise en Irak et en Afghanistan, et la lutte contre le terrorisme en général au nom de laquelle le pays de l’Oncle Sam détient des milliers de prisonniers sans inculpation. L’exécution de condamnations à mort constitue par ailleurs l’un des griefs contre l’administration de George W. Bush.

La même critique est adressée contre le Japon où 78 condamnés à mort attendent leur exécution. En Allemagne comme en France, le droit des réfugiés et les agressions à caractère raciste sont, entre autres, relevés. Et dans les pays nordiques, réputés pour leur niveau de développement social, la Finlande fait exception à cause des violences contre la gent féminine et l’arrestation d’objecteurs de conscience qui ont refusé d’effectuer le service civil de remplacement.

En fait, cela fait deux ans qu’Amnesty International ne publie plus aucun rapport sur Madagascar. Il est cependant difficile de dire qu’il n’y a effectivement rien à reprocher au gouvernement malgache en matière de droits humains. Car même si différents organismes indépendants ou d’Etat publient chacun ce genre de rapport, on remarque souvent une certaine similitude sinon une constance certaine entre les différentes conclusions.

Ainsi, les Etats-Unis ont publié en mars dernier leur rapport annuel sur le respect des droits de l’homme à Madagascar. Il est expressément souligné que, « en général, le gouvernement a respecté les droits de l’homme de ses citoyens et a poursuivi ses efforts pour combattre la traite de personnes et de restreindre la corruption des responsables; toutefois, de graves problèmes relatifs aux droits de l’homme – dont certains étaient exacerbés par la pauvreté étendue – ont persisté, notamment:

- L’’utilisation excessive de la force par les forces de l’ordre, ayant causé des décès et des blessures ;

- difficulté des conditions carcérales, ayant causé des décès

- arrestation arbitraire de manifestants et de politiciens de l’opposition

- longue période de détention préventive

- restrictions à l’encontre de la liberté d’expression et de la presse

- utilisation de la force pour disperser des manifestants, ayant causé des blessures

- restrictions à l’encontre de la liberté de religion

- corruption des responsables

- discrimination sociétale et violence contre les femmes

- traite de femmes et de jeunes filles

- travail des enfants, y compris les travaux forcés »

Certains de ces points ont été déjà évoqués par Amnesty International dans son rapport 2004, qui analyse la situation de 2003. « . Bien que le gouvernement se soit engagé à respecter les droits humains, les procédures judiciaires entamées contre les personnes liées au gouvernement précédent, notamment celles soupçonnées d’avoir commis des atteintes aux droits humains lors de la crise de 2002, ont souvent été inéquitables. La détention provisoire prolongée, conjuguée à de mauvaises conditions carcérales, a en outre porté atteinte aux droits des détenus. Dans certains cas, les autorités ont restreint la liberté d’expression et de réunion », résume notamment le document sur le cas de Madagascar qui soulignait entre autres « que les droits économiques et sociaux restaient un sujet de préoccupation majeur, malgré la mise en place par les autorités d’un programme de lutte contre la pauvreté ».

Bref, les similitudes entre le rapport 2004 d’Amnesty International et celui de 2006 des Etats-Unis permettent de conclure que la situation des droits de l’homme n’a que peu ou prou évolué à Madagascar.

Aussi se demande-t-on à juste titre si c’est à escient qu’Amnesty International n’ait pas jugé utile de faire un rapport sur la Grande Ile.

On rappelle que les relations entre cette ONG internationale et le gouvernement malgache n’était pas vraiment au beau fixe. Au début de 2003, Amnesty International avait demandé au nouveau régime les cas d’exactions commises contre les partisans de l’Amiral Ratsiraka, notamment la mort de Ravolomaso. « En mars (de la même année), le gouvernement a publié un document dans lequel il accusait Amnesty International de parti pris politique; il rejetait en outre les conclusions de l’organisation selon lesquelles des atteintes aux droits humains avaient été commises par les deux camps lors du conflit politique de 2002.

Le gouvernement n’a pas répondu sur le fond aux cas évoqués par Amnesty International ».

Quelles que soient les raisons de l’absence de Madagascar sur la liste d’Amnesty International, la crise 2002 sera certainement remise sur le tapis lundi prochain au palais d’Etat d’Iavoloha. Et les séquelles doivent être levées définitivement au cours de cette tentative de réconciliation nationale sans laquelle aucun Malgache ne peut être fier de son identité. Et de ses leaders politiques.

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