Friday, April 28, 2006

Quand les femmes proposent le droit de misintaka pour les hommes

Madagascar dispose d’un arsenal juridique censé garantir l’égalité entre les hommes et les femmes. Mais dans le quotidien, les disparités subsistent dans le couple. Une réforme s’impose et elle peut être même en faveur de l’homme.



Messieurs, on demande pour vous le droit du misintaka, c’est-à-dire de quitter le domicile conjugal en cas d’incompatibilité. Une pratique traditionnellement laissée aux femmes, mais qui pourrait bien être accordée aux hommes si l’on se réfère aux propositions de réformes sur les droits de la famille. Des propositions déposées auprès du ministère de la justice par les associations et organismes oeuvrant pour les droits de la femme, les membres du Parlement, représentants de la société civile ainsi que des juristes. Ces propositions de réforme visent à rétablir l’égalité des genres, explique Vololona Ramanandraibe, du Women’s Légal Right, organisme chargé de réaliser les consultations publiques nécessaires à l’élaboration de ce nouveau texte. Alors pourquoi refuser aux hommes l’exercice d’un droit que l’on accorde aux femmes ?

Une petite révolution, sans doute, en matière de mariage. Madagascar dispose d’un arsenal juridique qui promeut en théorie l’égalité des sexes dans le couple. Malheureusement, la loi reste silencieuse et floue dans certaines situations et particulièrement dans celles qui relèvent des us et coutumes, avance Noro Ravaozanany, sociologue. Le ‘fisintahana’ par exemple reste problématique tant que la loi ne régit pas encore le ‘fampodiana’, c’est-à-dire la réintégration du domicile conjugal. Dans beaucoup de cas, cette pratique est abusive et se retourne contre la femme.

Mais la législation malgache n’est pas que floue et abstraite sur les droits de la femme. Elle comporte aussi des contradictions et des distorsions. C’est le cas de la gestion du compte bancaire, explique Vololona Ramanandraibe. En effet, si la femme ouvre un compte ou une épargne à son nom, la loi actuelle veut que ce soit le mari qui le gère. Et ce, parce qu’elle considère que l’homme a la charge de protéger la famille et de pourvoir à ses besoins.

Mais plus encore, la législation actuelle peut amputer la nationalité malgache aux femmes mariées à des étrangers et par la même occasion leur refuser certaines prérogatives comme l’achat de terrain. Les propositions de réformes prévoient pour cela la possibilité pour ces femmes de conserver leur nationalité quel que soit le lieu du premier domicile du couple marié, selon toujours Vololona Ramanandraibe.

Ces propositions de réformes ont été collectées tout au long d’ateliers réalisés à Taolagnaro, Antsiranana, Toamasina, Fianarantsoa, Mahajanga et Antananarivo. Elles devraient passer devant le Parlement à la prochaine session parlementaire.

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