Friday, March 17, 2006

Quand je suis tout de glace d'où vous vient cette flamme ?



ANGERS (AFP) - jeudi 16 mars 2006 - Les corps congelés d'un couple depuis leur décès dans l'espoir d'un retour à la vie ont finalement été incinérés par leur fils après une panne des caissons réfrigérés et au terme d'un combat de 22 ans qui a échoué à faire légaliser ce mode de sépulture.

Rémy Martinot avait promis à son père de se battre jusqu'au bout pour conserver les corps de ses parents dans des caissons à -65°C depuis leurs décès respectifs en 1984 et 2002.

Mais, après une série de revers devant les tribunaux, Rémy Martinot a annoncé qu'il avait dû jeter l'éponge à cause d'une panne des caissons de congélation, abrités dans une crypte du château familial de Nueil-sur-Layon (Maine-et-Loire).

"On s'est aperçu en février qu'à la suite d'un incident technique, la température était remontée aux alentours de -20°C, probablement depuis plusieurs jours. Le système d'alerte n'a pas fonctionné et j'ai dès lors considéré qu'il n'était plus raisonnable de continuer", a déclaré à l'AFP Rémy Martinot, confirmant une information révélée jeudi par Le Courrier de l'Ouest.

Les corps ont été incinérés le 3 mars au crématorium de Montreuil-Juigné, près d'Angers.


Depuis le refus de la préfecture du Maine-et-Loire en février 2002 d'autoriser la congélation du corps de son père, qui venait de décéder, Rémy Martinot était engagé dans un combat judiciaire acharné pour exaucer la volonté paternelle.

Mais les revers se sont succédés, du tribunal administratif de Nantes au Conseil d'Etat qui, le 6 janvier, a refusé de reconnaître la légalité de ce mode de sépulture. Seules l'inhumation et la crémation sont en effet reconnues en France.

Rémy Martinot avait alors fait savoir qu'il saisirait la Cour européenne des droits de l'homme de Strasbourg.

Docteur en médecine et ancien chargé de cours à la Faculté de médecine de Paris, Raymond Martinot croyait que la cryobiologie permettrait un jour de redonner vie aux défunts. Il avait fait construire sur mesure dans les années 70 un congélateur pour accueillir son corps à sa mort. Mais c'est son épouse, Monique, décédée prématurément en février 1984 qui, avec son consentement, y prit place avant lui.

"Je n'ai pas plus de peine aujourd'hui qu'aux moments des décès de mes parents. Le travail de deuil a été accompli. Mais je suis amer de ne pas avoir pu respecter la volonté de mon père", a confié Rémy Martinot.

Dès mars 2002, la justice avait autorisé le préfet du Maine-et-Loire à pénétrer dans l'enceinte du château pour sortir les corps des caissons et procéder à leur inhumation. Mais, par souci d'apaisement dans cette affaire médiatisée, le représentant de l'Etat avait choisi d'attendre la fin de la procédure juridique.

"Peut-être que l'avenir montrera que mon père avait raison et qu'il était un pionnier", estime Rémy Martinot, qui se dit agnostique. Débarrassé de ce lourd héritage, il a indiqué qu'il souhaitait désormais prendre du recul.



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