Friday, January 20, 2006

Andriantsolo et Andramasina






A quelques kilomètres seulement d'Andramasina, surplombant Ankorona, se trouve Ambohimanana, le site actuellement connu comme le plus ancien des Hautes terres. Trouvés à quatre mètres de profondeur dans un premier fossé et datés au Carbone 14, des restes de charbon d'Ambohimanana donnent la date du IXe - Xe siècle. Les fouilles d'Ambohimanana ont fourni la preuve que, dés l'époque "vazimba", les Malgaches élevaient le zébu et en consommaient la viande. Que, dés cette époque aussi, ils connaissaient la métallurgie du fer.

Créée à l'époque la plus ancienne de l'occupation des Hautes terres, Andramasina reste le modèle type de I'ancienne cité princière idéale. Son ancienneté, son prestige et sans doute aussi la sage politique de tous ses princes lui ont permis de conserver sa forêt. Rappelons qu'autrefois, quand un prince était vaincu, ses sujets étaient souvent contraints de déguerpir et sa forêt réduite en bois de chauffe pour les vainqueurs.

 Ces forêts princières ne pouvaient être l'objet d'une appropriation personnelle : elles ne faisaient pas partie du patrimoine personnel des seigneurs et les héritiers de ceux-ci ne pouvaient se la partager. Alan-dapa, c'était un bien attaché au fanjakana, tout comme l'étaient certaines rizières et terres de culture appelées tanin-dapa. Elle constituait une sorte de pharmacie traditionnelle, fournissant au seigneur les moyens d'assurer la santé de sa parentèle et de ses sujets. Il se devait d'ailleurs de l'entretenir et de maintenir la plénitude de ce rôle de pharmacie.

 On se souvient que, très récemment encore, chaque année du Vendredi (taon-joma) qui était aussi l'année de la circoncision, et accompagné de douze personnes de sa seigneurie, douze étant le signe de la divine souveraineté célestielle, le Prince d'Andramasina partait dans la forêt de l'Est chercher les sauvageons à rapporter et replanter dans la forêt du lapa pour l'enrichir ou remplacer les espèces en voie de disparition.

C'est alors que le mpanjaka de la dynastie zafirambo de Vohitrarivo, prés de Tsinjoarivo sur I'Onive, que son nom donne pour Prince de I'Univers Andrianonindanitramantany signifiant à la fois "Prince des fleuves du ciel et de la terre" et "Prince du fleuve dans le ciel et sur la terre", donna sa fille en mariage à Andriamasinavalona, roi de I'Imerina aux quatre provinces (Imerina efa toko), qui avait déjà posé le programme que reprit plus tard Andrianampoinimerina: "Ny riaka no valam-parihiko", seule la mer était la limite de sa rizière. 

Les négociations auxquelles se livrèrent les deux Princes, reconnurent que, selon l'usage, les deux premiers enfants de Ralaniboahangy "Dame Ciel de Perles de Corail" appartiendraient à la famille de leur mère et que le (ou la) premier(ère) né(e) hériterait du fanjakana d'Andrianonindanitramantany.

Situé à 8 km au sud est d'Ambatolampy : RN 7 route du sud 65 km d'Antananarivo se trouve Tsinjoarivo jadis appelait Andrangalisa Région connue en tant que trait d'union reliant la partie orientale comme Marolambo à la partie centrale de Madagascar Site de montagne, autrefois recouvert de forêt, entouré d'escarpements au pied desquels coule la rivière Onive très beau site naturel, embelli par deux chutes d'eau de l'Onive .C'était le fief de deux seigneurs, Andrianaivoravelo et Ramanjaka lorsque Ranavalona Ière y construisit un Rova (enceinte royale) qu'elle fit occuper par 30 hommes d'Iharanandriana, 30 hommes d'Antsimondrano, et par des Betsimisaraka d'Anosibe. Le Rova de Tsinjoarivo se composait de cinq bâtiments dont le plus grand et le plus beau, dit Tranofahasivy, était la résidence royale. 

Aux environs du Rova, se trouvent plusieurs sites pittoresques, dont la fameuse cascade appelée Andriamamovoka, en contrebas à l'ouest, et à 400 m. de là, Ambavaloza, une autre chute d'eau où l'Onive s'engouffre entre deux roches en forme de gueule de fauve, d'où son nom. Une large route bien entretenue conduisait, à l'époque, du Rova au bord d'Andriamamovoka.
C'est à cet endroit, où l'on avait aménagé une petite plate-forme, que Ranavalona Ière assistait à un jeu auquel elle se plaisait beaucoup: on y amenait une vache volavita qu'on précipitait dans la cascade; en quelques instants, l'animal glissait, roulait, puis était englouti par le torrent, poussant des beuglements formidables, tandis que crépitaient les applaudissements de la reine et des spectateurs.
Ranavalo Ière se rendit à Tsinjoarivo par trois fois; Ranavalona II, une seule fois, pour un séjour de convalescence vers la fin de 1882; et Ranavalona III par deux fois: en août 1889 et en octobre 1890.

L'histoire d'Andramasina et de sa région est encore à faire pour les siècles les plus anciens, néanmoins, l'on sait déjà de façon sûre qu’au XVe XVI e siècle, les princes de Milangana, qui domine toute la région au nord-est, s'étaient procurés, comme d'autres princes d'Imerina, de beaux vases en céladon de fabrication chinoise dont on a retrouvé des fragments lors d'une reconnaissance archéologique. Et la tradition orale, conservée par les mpitantara manendy qui étaient au service des Princes, nous fournit son histoire depuis le XVIII e siècle.

Regrettant l'Ambohimanjaka de la région de l'Oniva qu'elle abandonnait pour s'installer à Andramasina, Ralaniboahangy obtint de son mari la création d'un nouvel Ambohimanjaka surplombant Andramasina au nord. Affirmant son autorité souveraine et celle de son épouse sur la région, Andriamasinavalona rabaissa au rang roturier les havan'Andriana de la région qui, appelés pour y ériger le lapa Mandovahasina de Ralaniboahangy, avaient apporté,
suprême injure, des fagots d'ambiaty au lieu du bois nécessaire à la trano kotona de Ralaniboahangy.

Ralaniboahangy n'eut pas d'enfant, mais selon le principe général Ny Andriana tsy maty momba, aucun Andriana ne pouvait mourir sans descendance. Ralaniboahangy adopta donc les deux premiers nés de sa soeur et du prince d'Antongona qui, par convention, devaient revenir à leur famille maternelle. Ce furent Andriantsolo et sa soeur Ratsiavanga : le premier fut installe à Andramasina et Ambohimanjaka, la seconde à Anosibe.

Sans doute est ce par anachronisme descendant, qu'une tradition orale accorde à Andriantsolo d'avoir établi Andramasina en défrichant la forêt. En revanche, un des aménagements importants que conduisit Andriantsolo fut la création du lac sépulture qui, dominant Andramasina, est à l'ouest d'Ambohimanjaka. Il hérita bien du fanjakana de son grand-père Andrianonindanitramantany et de sa mère Ralaniboahangy. A la fin du XVIII e siècle, en toute indépendance à l'égard d'Antananarivo, son autorité de mpanjaka s'étendait d'Andramasina jusqu'aux limites d'Ambohimanga du Sud, Vohitrarivo sur l'Onive restant une des capitales de son royaume : c'est notamment là qu'il fit circoncire son fils et héritier Ramanjaka. Quand Andrianampoinimerina commença à réaliser l'unité de l'Imerina, il apporta son royaume au Prince d'Ambohimanga et Antananarivo et devint Zazamarolahy et vadintany dans la nouvelle formation politique. Les premiers vadintany d’Andrianampoinimerina n'étaient pas encore ces sortes d'huissiers que devinrent les tenants du titre à la fin du XIX e siècle. Ils étaient, notamment dans leurs anciens royaumes et principautés, les grands juges qui réglaient les conflits qui ne manquent pas d'intervenir dans la vie de toute société. Ce furent eux qui, par la suite, furent les premiers à porter le titre d'Andriambaventy
Andriantsolo, dont on se souvient encore que sous Radama I°, il créa a Ambohimanjaka la première école de la région, mourut en 1837 et, comme il y était de tradition pour les princes qui avaient exerce le pouvoir souverain, son corps fut éviscère et embaume avant d'être "cache" dans le tombeau construit au sommet d'Andramasina, là où ses descendants andriamasinavalona peuvent encore aujourd'hui trouver leur dernière demeure.
Le fils d'Andriantsolo, Ramanjaka qui avait épousé Ranoro, la veuve de Ramananolona, un cousin de Radama 1° exécute sur ordres de Ranavalona 1° en 1828 à Fort Dauphin Faradifay disait on alors hérita de la principauté. Un peu en amont de Vohitrarivo, il en a distrait, pour les donner à Ranavalona, les chutes d'Andriamamovoka sur I'Onive et les terres qui l'entourent. C'est là que la Reine fit édifier le Rova de Tsinjoarivo. Aux neveux de celle-ci, il donna deux files de I'Onive : l’une à Ramahatrarivo, l’autre à Ramonja. Ce sont aujourd'hui Anosin-dRamahatra et Anosin-dRamonja, un peu en amont d'Anosimasina qu'il conserva. La maison d'Andramasina entretenait, notamment par les alliances matrimoniales, d'excellentes relations avec les souverains. Cela ne l'empêchait pas de rester sur son quant à soi. Quand Ranavalona 1° se rendit à Tsinjoarivo, elle passa par Andramasina, mais comme par hasard et à la satisfaction de Ramanjaka, les devins du lieu lui déconseillèrent d'aller à Antampon'Andramasina .Cela permettait d'éviter d'autres demandes de la Reine auxquelles il n'aurait pas été possible de se soustraire.
Les bonnes relations n'arrangeaient pas tout. Ramanjaka ayant pris une anguille de très grande taille dans ses fefin'amalona de Vohitrarivo, la fit porter à Ranavalona I lors de la préparation de ce mets de choix, les cuisiniers du Rova trouvèrent le crâne d'un chat dans le corps de l'anguille.
 La Reine pensa que Ramanjaka voulait l'ensorceler et dépêcha des Tsiarondahy pour 1'executer. L'on informa ensuite la Reine que ce chat pouvait être simplement une des proies de l'anguille. Elle dépêcha alors d'autres Tsiarondahy pour annuler son premier ordre, mais ils arrivèrent trop tard, le mal était fait. En compensation, la Reine accorda à Ramanjaka de grandes funérailles. Son tombeau fut établi au nord de celui de son père, et il fut décidé qu'après le décès de sa femme qui y serait également "cachée", le tombeau, comme celui de tous les rois, ne serait plus ouvert. C'est pourquoi ce que l'on appelle "tombeau d’ Andriantsolo" comporte en fait deux tombeaux dans le même monument.
Celui ci jusqu’à la colonisation, était donc surmonté de deux trano manara. Rasoamanjaka, la fille de Ramanjaka, puis Rafondriaka, le fils de cette dernière, furent les derniers seigneurs d'Andramasina. Par la suite, le pouvoir seigneurial devait revenir à Rangory, fille de Rasoamanjaka ou a un homme ou une femme de sa descendance. La conquête française fit disparaître ces institutions, mais c'est dans la région où s'étaient réfugiés les zélateurs de Rakelimalaza condamne à l'autodafé par Ranavalona II, que, devant le reste de la Cour dans le combat centre 1'envahisseur, les Menalamba élirent un nouveau roi.
Andramasina conservait son prestige et son ancienne autorité et restait une des sources d'inspiration du pouvoir selon la tradition ancestrale. Le pouvoir colonial n'y fut pas insensible puisque, dans la nouvelle administration, il lui conserva son rang de chef-lieu, ce rang que la cite conserve jusqu'a ce jour comme centre et capitale du Fivondronana d'Andramasina.

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